A la veille du 7 octobre, la Cisjordanie occupée soumise à un climat de guerre : 741 Palestiniens tués et 11 100 autres emprisonnés

06/10/2024 mis à jour: 07:17
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Photo : D. R.

La population de Cisjordanie occupée vit un climat de guerre, aggravé depuis le début du mois en cours, durant lequel plus de 25 Palestiniens ont été tués. Ce qui fait dire à la rapporteuse onusienne Francesca Albanese : «Ce qui se passe en Palestine est indescriptible, c’est plus qu’un génocide.»

Israël cherche à éliminer les Palestiniens par une escalade constante de la violence et des meurtres, et ce qui se passe en Palestine est indescriptible, c’est plus que du génocide.» C’est ce qu’a déclaré hier, à une chaîne de télévision palestinienne, la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme en Palestine, Francesca Albanese. Elle évoquait la situation à Ghaza mais aussi dans les Territoires occupés en Cisjordanie, y compris à Al Qods, où 741 Palestiniens, dont 163 enfants, ont été tués par les forces d’occupation israéliennes, 6250 autres blessés et 11 100 emprisonnés depuis le 7 octobre dernier.

Au mois de septembre de l’année en cours, 46 personnes ont été tuées, 166 autres blessées et 941 emprisonnées. Durant cette période, la Cisjordanie occupée, qui a fait l’objet de 8 opérations de bombardements, a enregistré 207 attaques de colons contre des Palestiniens, victimes de 201 actes de démolition de leurs maisons et 73 mesures de confiscation de leurs biens. 

Au fur et à mesure que la date du 7 octobre approche, l’armée sioniste durcit encore davantage sa politique répressive dans cette région, qui a vécu jeudi dernier à Tulkarrem, au nord de la Cisjordanie, une horreur inimaginable, après les frappes aériennes qui ont ciblé un camp de réfugiés au quartier d’Al Hamam, au centre-ville, tuant 18 Palestiniens, dont des femmes et des enfants. Un crime de guerre condamné par l’Onu, qui l'a qualifié de «frappe aérienne illégale» contre un camp de réfugiés. 

Des milliers de Palestiniens ont pris part à l’enterrement vendredi dernier des victimes, qui portent le nombre de Palestiniens tués dans cette ville à 170 depuis une année, durant laquelle elle a été la cible de plusieurs offensives militaires et de raides aériens, occasionnant la destruction généralisée de ses infrastructures de base et des maisons, poussant des dizaines de familles vers l’exode forcé. 

A Ramallah, des centaines de personnes ont pris part, hier, à une marche de protestation contre les crimes commis par Israël en Cisjordanie, mais aussi à Ghaza et au Liban. Les manifestants ont répondu à l’appel du mouvement associatif palestinien, de la société civile et des syndicats. Et alors que les manifestants battaient le pavé, de nombreux colons forçaient, au même moment, dans un village au nord-ouest de la ville de Ramallah, les agriculteurs palestiniens qui récoltaient les olives à quitter leurs terres. 

73 opérations de confiscation de biens 

Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, les colons agissaient sous la protection des forces militaires israéliennes, précisant que «la violence des colons israéliens contre les Palestiniens et leurs biens est courante en Cisjordanie et fait rarement l'objet de poursuites par les autorités israéliennes. Cela inclut des incendies de biens et de mosquées, des jets de pierres, le déracinement des cultures et des oliviers, des attaques contre des habitations vulnérables, entre autres». Ainsi, en violation du droit international, entre 500 000 et 600 000 Israéliens vivent dans des colonies uniquement juives à l’est d’Al Qods occupée et en Cisjordanie, où de nombreuses ONG internationales des droits de l’homme ont fait état d'«une hausse considérable» de la violence des colons à l'encontre de civils palestiniens ces dernières années. 

Toujours en Cisjordanie occupée et selon le Club des ex-prisonniers et la Commission des affaires des prisonniers et anciens détenus, 25 Palestiniens, dont d’ex-prisonniers, ont été arrêtés hier, alors qu’à Tubas, l'ex-détenu Ahmed Awaysa, âgé de 30 ans, a fait l’objet d’une exécution sommaire durant son arrestation devant sa maison par les forces d’occupation. 

Dans un communiqué commun publié hier, la Commission chargée aux affaires des prisonniers et ex-prisonniers et le Club des prisonniers ont affirmé que l’armée sioniste «procédait à des interrogatoires avec des dizaines de civils palestiniens dans la localité de Beit Ummar à Hébron», ajoutant : «Les arrestations et les enquêtes sur le terrain ont été accompagnées d’agressions et de menaces contre les détenus et leurs familles, de tirs directs avec l’intention de tuer, de sabotages et de destructions massives dans les maisons des citoyens.» Selon le même communiqué, «11 100 Palestiniens de Cisjordanie, y compris d’Al Qods, ont été arrêtés et maintenus en détention depuis le début de la guerre de génocide continue et de l’agression massive contre nos concitoyens».

Les deux signataires du communiqué ont rappelé, par ailleurs, que «ces campagnes d’arrestation constituent la politique la plus constante et la plus systématique utilisée par les forces d'occupation et est l’un des principaux outils de la politique de punition collective et l’un des moyens de cibler les citoyens, dans le contexte de l’agression massive contre notre peuple et du génocide continu à Ghaza». 

A Al Khalil, les forces d’occupation ont maintenu les portes d’entrée de la localité d’Ithna, à l’ouest de la ville, fermées, et ce, depuis 35 jours et renforcé les mesures militaires à travers des barrages et des contrôles sur tous les axes routiers, rapporte l’agence de presse palestinienne Wafa. La majorité des villes de Cisjordanie, Kalkalia, Naplouse, Al Khalil, Tulkarrem et Tubas vivent sous la pression des perquisitions, des arrestations et des opérations militaires de jour comme de nuit, créant un climat de guerre.

Dans l’entretien qu’elle a accordé, hier, à une chaîne de télévision palestinienne, la rapporteuse onusienne des droits de l’homme Francesca Albanese a insisté sur «la nécessité pour les Etats membres de l’Onu d’assumer leurs responsabilités envers les Palestiniens et d’arrêter le génocide commis à leur encontre», avant de mettre en garde contre «le risque d’aggravation» de la situation.

Elle a évoqué la question des prisonniers palestiniens qui, selon elle, «sont soumis à des violations systématiques et à des conditions difficiles indescriptibles, ce qui appelle», a-t-elle ajouté, «une réaction sérieuse de la part de la communauté internationale». Et de mettre en avant «l’importance de la protection du peuple palestinien et de la poursuite de sa lutte à l’intérieur et à l’extérieur contre le régime d’apartheid israélien, jusqu’à ce qu’il atteigne la liberté et l’indépendance, le droit au libre arbitre et la reconnaissance de l’Etat palestinien». 

 

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