A la demande des autorités de Niamey : Les Etats-Unis acceptent de retirer leurs troupes du Niger

21/04/2024 mis à jour: 04:19
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Les Américains ont décidé de retirer leurs troupes du Niger

Les Etats-Unis ont finalement accepté vendredi de retirer leur millier de soldats du Niger à la demande du régime de Niamey issu du coup d’Etat de juillet, a rapporté hier l’AFP. Le numéro deux de la diplomatie américaine, Kurt Campbell, a accepté la demande des autorités nigériennes lors d’une rencontre à Washington avec le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine, ont affirmé plusieurs responsables américains  sous le couvert de l’anonymat. 

L’accord prévoit l’envoi d’une délégation américaine au Niger dans les prochains jours pour s’accorder sur les détails du retrait des troupes engagées dans la lutte antidjihadiste. Le département d’Etat américain n’a pas immédiatement réagi de manière officielle. Le calendrier du retrait n’a pas été précisé. Après le coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l’ex-puissance coloniale française et s’est notamment rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, eux aussi gouvernés par des militaires. 

Les derniers soldats français ont quitté le pays fin décembre. Puis, en mars, le pouvoir a dénoncé l’accord de coopération militaire signé en 2012 avec les Etats-Unis, estimant que celui-ci a été «imposé unilatéralement» par Washington et que la présence américaine est désormais «illégale». Dans un premier temps, Washington a dit attendre une confirmation des autorités, même si les responsables américains se préparaient depuis des mois à un départ. Les plus de 1000 soldats américains présents au Niger sont engagés dans la lutte antidjihadiste au Sahel et disposent d’une importante base de drones à Agadez (nord), construite pour environ 100 millions de dollars. Récemment, la sécurité de ces soldats est devenue une priorité pour Washington. 


«Un langage clair et sans tabou»

Samedi dernier, des milliers de personnes ont manifesté à Niamey pour exiger leur départ sans délai, à l’initiative, notamment, d’un regroupement d’une dizaine d’associations soutenant le régime. Le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine est arrivé mardi à Washington. Sur place, il a, «dans un langage clair et sans tabou, réitéré la décision souveraine du Niger de demander le départ de toutes les forces étrangères, américaines comprises», selon la télévision publique nigérienne. Moins d’une semaine plus tôt, le 10 avril, des instructeurs russes sont arrivés à Niamey, tandis que les autorités du pays réceptionnaient leur première livraison de matériel militaire russe dans le cadre de la nouvelle coopération sécuritaire avec Moscou. Deux jours plus tard, vendredi, Africa Corps, perçu comme le successeur  de la société paramilitaire Wagner en Afrique, a confirmé son arrivée dans le pays. La Fédération de Russie va «doter» le Niger et «installer un système de défense antiaérien» capable «d’assurer le contrôle total de notre espace aérien», a affirmé la télévision nigérienne. Début décembre, Niamey a annoncé mettre fin à deux missions, civile et militaire, de l’Union européenne (UE). Le même mois, une délégation russe, conduite par le vice-ministre russe de la Défense, le colonel-général Yunus-Bek Yevkurov, a effectué une visite au Niger, où elle a été reçue par le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani.  

A l’issue de cette rencontre, les deux parties ont procédé «à la signature de documents dans le cadre du renforcement de la coopération militaire» entre le Niger et la Russie, selon Niamey. Fin mars, le général Tiani  s’est entretenu au téléphone avec le président russe, Vladimir Poutine, pour discuter notamment du «renforcement» de leur coopération sécuritaire, «pour faire face aux menaces actuelles», selon un communiqué officiel nigérien. Le Niger, comme le Burkina et le Mali voisins, est confronté à des violences djihadistes récurrentes et meurtrières depuis des années, perpétrées par des groupes djihadistes affiliés à Al Qaïda et au groupe Etat islamique (EI). Dans ces trois pays, les gouvernements civils ont été renversés par des coups d’Etat militaires successifs depuis 2020. En décembre, un général américain a fait savoir que les Etats-Unis étaient en discussion pour baser leurs drones dans d’autres pays de la région. 

Après le Mali l’an dernier, le Niger et le Burkina ont annoncé en début décembre leur départ de l’organisation antidjihadiste G5 Sahel, neuf ans après la création de l’organisation dont les membres restants sont la Mauritanie et le Tchad. Dans un communiqué conjoint rendu public en la circonstance, Niamey et Ouagadougou ont déclaré que «l’organisation peine à atteindre ses objectifs». «Pire, les ambitions légitimes de nos Etats à faire de l’espace du G5 Sahel une zone de sécurité et de développement sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de nous convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité, sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés, est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle», poursuivent-ils. 

Ils affirment avoir pris une responsabilité historique en quittant une organisation qui servirait «les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel, encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit au nom d’un partenariat dévoyé et infantilisant qui nie le droit à la souveraineté de nos peuples et de nos Etats». 

 Les trois pays sahéliens les plus touchés par le terrorisme ont créé en septembre l’Alliance des Etats du Sahel (AES), pour renforcer leur coopération. 

Les chefs de la diplomatie des trois pays ont pour propos la création d’une confédération avec pour ambition de parvenir à terme à une fédération. Les trois ministres ont insisté sur la diplomatie, la défense et le développement «pour consolider l’intégration politique et économique» entre les trois pays. 
 

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