81e édition de la Mostra de Venise : Singapour fait ses débuts en compétition avec un thriller

07/09/2024 mis à jour: 07:34
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Le réalisateur Yeo Siew Hua lors d’un photocall pour son film Stranger Eyes à la 81e Mostra de Venise.

Stranger Eyes est le premier film singapourien présenté en compétition à la Mostra de Venise, un thriller policier signé Yeo Siew Hua proposant une réflexion complexe sur le voyeurisme, les caméras de surveillance et la vie de famille. 


Le film, présenté jeudi soir, débute avec la disparition d’une fillette dans un parc de la ville de Singapour. Ses parents, un jeune couple, la recherchent désespérément avec l’aide de la grand-mère qui vit avec eux, sans succès. Un jour, ils commencent à recevoir des enregistrements de leurs conversations dans leur propre appartement. Et même si la police identifie rapidement celui qui les espionnait, la vérité est plus complexe qu’il n’y paraît. «Ce film comporte plusieurs niveaux et tous sont liés au fait de regarder et d’être regardé. (...) De nos jours, nous sommes habitués à simplement glisser notre doigt (sur un écran), au lieu de regarder quelqu’un de près, avec sincérité, alors que c’est ce que nous devrions faire», a déclaré Yeo Siew Hua lors de la conférence de presse de présentation du film. Yeo Siew Hua a remporté le prix du meilleur film au festival de Locarno en 2018 avec un autre thriller sur les conditions de travail des immigrés à Singapour, A land imagined.   Stranger Eyes est interprété par deux acteurs taïwanais, Anicca Panna et Wu Chien-Ho. Ils parcourent tous les deux les rues du quartier pour tenter de trouver des indices sur leur fille mais ils se rendent vite compte qu’ils ont un allié qui est aussi un piège redoutable : les caméras de surveillance omniprésentes. «Je suppose que je m’inspire de ma vie quotidienne à Singapour, qui est une ville assez dense. Comme dans le film, nous vivons dans ces gratte-ciel remplis d’appartements, tous côte à côte. Quand j’ouvre la fenêtre, je vois mes voisins: je connais leurs routines et je suppose qu’ils connaissent les miennes», a expliqué le réalisateur.  «Et en même temps, il y a beaucoup de surveillance. Il suffit de marcher quinze minutes et vous commencez à détecter les caméras. C’est comme si quelqu’un me regardait en regardant quelqu’un d’autre», a-t-il ajouté. Et le film aborde aussi la difficile cohabitation entre générations, avec ses parents ou grands-parents, dans un même appartement. 


Particulièrement en Asie (...), «nous vivons tous ensemble dans de très petits appartements et pourtant, étrangement, nous sommes très séparés les uns des autres. Et je pense qu’une grande partie de ce qui se passe dans ce film provient de ce drame», a observé le réalisateur.
 

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