Dans son rapport explosif sur l’action policière à Marseille, notamment en matière de lutte contre le trafic de drogue, les magistrats de la Cour des comptes ont tenté de dresser une grille salariale propre aux réseaux très structurés de la cité phocéenne.
Un récent rapport de la Cour des comptes française met en lumière les pratiques salariales des réseaux de trafic de drogue à Marseille, révélant une hiérarchie bien structurée avec des rémunérations variables selon les rôles. Les « petites mains » des trafiquants, comme les coursiers ou les guetteurs, sont payées entre 30 et 60 euros par jour, tandis que les vendeurs peuvent toucher jusqu'à 150 euros par jour, et les nourrices, qui cachent la drogue, environ 1500 euros par mois. Les postes plus élevés, tels que les gérants des points de deal, perçoivent entre 4000 et 5000 euros par mois.
Les salaires à Marseille sont souvent plus élevés que dans d'autres régions, notamment à Paris, en raison des risques accrus liés à la violence et aux descentes de police, incitant les gérants à offrir davantage pour attirer des travailleurs. Cependant, ces revenus ne garantissent pas une sécurité financière à long terme. Les jeunes, souvent mineurs et en rupture sociale, sont parfois contraints de travailler pour ces réseaux à travers des dettes fictives ou des manipulations, les piégeant dans une spirale de violence et de précarité.
Le vice-président du tribunal de Marseille, Éric Mangin, dénonce ces pratiques comme une forme d'esclavage moderne, où des adolescents sont piégés par des dettes ou des manipulations pour travailler pour les trafiquants. En 2023, 62% des auteurs de meurtres ou de tentatives de meurtre liés au trafic de drogue avaient moins de 21 ans, soulignant l'implication tragique de la jeunesse marseillaise dans cette violence.