4e femme candidate à la candidature pour la présidentielle : Saïda Neghza, la femme d’affaires qui veut diriger l’Algérie

11/06/2024 mis à jour: 00:21
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Photo : D. R.

Contrairement aux trois candidates à la candidature au scrutin présidentiel, Zoubida Assoul,  présidente de l’UCP (Union pour le changement et le progrès), Louisa Hanoune,  secrétaire générale du PT (Parti des travailleurs), et Fatma Zohra Zerouati,  présidente du parti Taj (Tadjamou Amel El Djazair),  la femme d’affaires Saïda Neghza n’est adossée, officiellement, à aucun parti politique.

Elle se présente en tant que femme entrepreneur, à la tête de la CGOA (Confédération générale des entreprises algériennes) et du groupe Soralcof Algérie, et risque donc de ne pas pouvoir réussir la plus importante étape du scrutin, à savoir la collecte de 50 000 signatures de citoyens, ou celles de 600 élus à travers 29 wilayas du pays.  Un exercice qui a mis out de nombreux candidats à la candidature, durant les précédents scrutins.

Connue comme étant une femme battante, entrée dans le monde de l’économie privée au début des années 1990, à travers la torréfaction du café, un produit de large consommation en rupture dans le marché, à cette époque, Neghza s’est lancée, dès le début des années 2000 dans le BTPH, alors en plein essor avec l’arrivée du défunt président déchu, Abdelaziz Bouteflika et les grands projets de logements. Sa société Errep décroche un plan de charge juteux, qui lui a permis de se faire connaître dans le secteur et de voir plus grand, en créant le groupe Soralcof (de travaux publics et hydrauliques).

Confrontée à d’énormes problèmes avec ses travailleurs et ses vis-à-vis et de lourdes pressions qui ont terrassé sa santé, la femme d’affaires a dû vendre tous ses biens personnels pour payer son personnel et pour faire redémarrer ses chantiers, elle a dû intervenir auprès de l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia.

Ses affaires vont reprendre, avec l’acquisition de trois sablières et une marbrière, qui ont fait remonter la valeur de son capital. Elle intègre la CGEA, grâce à Mahfoud Megatli, alors secrétaire général, avant de présider le bureau d’Alger et d’être hissée à la tête de l’organisation en tant que vice-présidente.

Quelque temps plus tard, elle va représenter la CGEA, au sein d’une association patronale (dont l’organisation est membre fondatrice), BusinessMed, à laquelle sont associés 19 pays des deux rives de la Méditerranée, qui vont l’élire en tant que vice- présidente, en 2014, puis comme présidente de sa section femme entrepreneure.

Guerre médiatique entre le FCE et la femme d’affaires

Le tremplin va lui permettre de se faire connaître en dehors de cette Algérie, marquée par la montée de l’oligarchie affairiste qui gravitait autour du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. En 2015, Neghza occupe la Une de la presse nationale, en dénonçant publiquement Ali Haddad, alors patron du FCE (Forum des chefs d’entreprise), un syndicat patronal, mis au service du frère du défunt président. Pour une seconde fois, elle dénonce les «menaces» dont elle fait l’objet et exhorte la justice à s’autosaisir.

Lors d’une conférence de presse animée conjointement avec le défunt président de la CGEA, Habib Yousfi, en présence des représentants d’une quarantaine de bureaux de l’organisation, elle dénonce encore une fois Ali Haddad et quelques-uns de ses proches collaborateurs qui, selon elle, l’ont  «menacée de mort, elle et ses enfants», ajoutant : «C’est un membre du FCE qui a pris part à cette réunion qui m’en a informé».

Pour cette femme entrepreneure qui venait d’être classée 12e femme la plus influente, sur les 110 issues de la région MENA,  «Haddad veut s’imposer comme interlocuteur unique des pouvoirs publics et comme représentant unique du patronat, y compris à l’étranger». En février 2016, elle succède à Yousfi à la tête de l’organisation, et trois ans après, elle prend la direction de BusinessAfrica. Les graves problèmes de santé l’éloignent des affaires durant un bout de temps avant de refaire parler d’elle.

C’était l’automne 2022, lorsqu’elle a été sacrée, à Genève sous le patronage de l’ONU,  présidente du club des meilleures femmes d’affaires d’Afrique, puis, en février 2023. Un succès suivi d’un autre, une année plus tard, en étant classée par Forbes Afrique parmi les cinquante femmes les plus influentes du continent.

Forte de ces distinctions, elle saisie le président Tebboune,  par une lettre, mise en ligne sur les réseaux sociaux pour dénoncer les montants astronomiques, d’amendes infligées à des hommes d’affaires,  qui dépassent souvent la valeur de leurs actifs sans qu’ils aient le droit de prendre connaissance des griefs reprochés pour se défendre. Exilée à l’étranger, elle revient au pays, il y a quelques mois seulement, avant d’annoncer sa candidature hier.

Une annonce qui a surpris bon nombre de ceux qui la connaissent de près. Certains estiment qu’elle n'a pas les garanties qui lui permettent de passer le premier test d’une élection présidentielle. Il est certain que Saïda Neghza a décidé de se joindre à «l’aventure électorale», avec des appuis mais aussi avec un but bien précis. Lequel ? Le temps nous le dira. 

 

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