30e commémoration de l’assassinat de Mohamed Boudiaf à Annaba : Seule une poignée de fidèles...

30/06/2022 mis à jour: 07:00
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Photo : D. R.

Seul le même groupe, amoindri encore cette année après plusieurs disparitions, était, hier, sur le lieu de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf pour lui rendre hommage, à l’appel de la fondation qui porte son nom.

Ils étaient là, femmes et hommes, sous un soleil caniculaire, formant la traditionnelle poignée des humbles qui, annuellement, se donnaient rendez-vous devant la stèle de Si Tayeb El Watani, érigée au centre du Palais de la culture de Annaba.

Parmi eux, des avocats, des journalistes et même des curieux venus également prendre part à cette action relevant de la mémoire nationale et surtout de l’histoire contemporaine de l’Algérie. Ils se sont recueillis, à la même heure, 11h42, où l’ex-président de l’Etat algérien Mohamed Boudiaf avait été lâchement assassiné, 30 ans auparavant. Ce qui n’est pas le cas pour les officiels qui, malgré la naissance de la nouvelle Algérie, demeurent encore coincés dans les dogmes de l’ancien système.

Même les représentants du peuple, élus communaux, de wilaya ou encore les députés et les sénateurs n’étaient pas à la «cérémonie» de celui qui avait tout abandonné pour eux. Ce grand homme, Mohamed Boudiaf, est l’un des révolutionnaires de la première heure pour l’indépendance de l’Algérie et ex-président du Haut Conseil de l’Etat (HCE).

Absent pour des raisons de santé, Me Hechaichia Boubaker, dit Hemaïda, membre fondateur de la Fondation Mohamed Boudiaf, a insisté au téléphone pour prendre part à l’événement via les réseaux sociaux. Trente années après, les Algériens sont encore dans l’attente de la vérité sur cet assassinat qui représente un secret de polichinelle.

C’est toujours avec cette même interrogation à l’esprit que les fidèles à la mémoire de Si Tayeb El Watani cherchent à comprendre le comportement des officiels envers celui qui a donné sa vie pour l’Algérie.

Pour mémoire, à la même heure et au même lieu, Mohamed Boudiaf était abattu, le 29 juin 1992. Ses discours, ses déclarations politiques et son jusqu’au-boutisme à ouvrir des dossiers de la mafia politico-financière et sa détermination à traduire devant la justice les auteurs avaient laissé espérer en une Algérie meilleure. Sa visite de travail à Annaba avait été annoncée pour le 29 juin 1992.

Le Palais de la culture, où Mohamed Boudiaf devait se rendre dès son arrivée, était pavoisé par ses portraits et des centaines d’emblèmes nationaux. Imperméable, le lieu était quadrillé par plusieurs rangs de policiers en uniforme où il était pratiquement impossible à quiconque d’accéder au Palais de la culture, hormis des invités badgés.

A 11h35, Mohamed Boudiaf entamait son discours. 11h40, un léger bruit interrompit le discours de Mohamed Boudiaf qui a fait tourner son regard. 11h41, une soudaine explosion précéda l’irruption de celui qui allait l’assassiner une minute après. C’était son bourreau, le lieutenant Boumarafi en uniforme bleu. Imperturbablement, il tira à bout portant.

Plusieurs balles se logèrent dans la tête de Mohamed Boudiaf, avant qu’il ne vide son chargeur dans le décor. Mohamed Boudiaf venait d’être assassiné. Sa tête sanguinolente gisait sur la scène même où il s’interrogeait, quelques moments avant, «Où va l’Algérie ?» 

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