24e Festival européen de musique d’Alger : Quand la quête de la perfection devient une œuvre vivante d’art

03/07/2024 mis à jour: 14:16
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Le danseur Rafael Ramirez - Photo : D. R.

La musique traditionnelle espagnole a dialogué avec les mélodies arabes, lundi 1er juillet au soir, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi à Alger (TNA) où se déroule, depuis le 27 juin, le 24e Festival européen de musique.

Le danseur et chorégraphe Rafael Ramirez Vilchez a occupé toute la scène du TNA passant de zones d’ombre aux cercles de lumières, accompagné à la guitare par Alejandro Peralta de la Herran et aux percussions et à l’oud par le Soudanais El Wafir Shaikheldin Gibril. Avec souplesse et grande maîtrise, Rafael Ramirez Vilchez passe entre les notes de musique comme s’il voulait les saisir.

Sa performance est servie par les chants gorgés de mélancolie de Rosario Conejero Linero et de Fabiola Santiago Castillo. Dans des moments qui ressemblent à de la tragédie, les deux chanteuses et al bailaor ont une discussion bruyante. L’échange est vif avec des mots qui sortent comme une petite rafale de vent.

Le danseur se «venge» en explosant avec une gestuelle colérique alors que la voix des deux chanteuses de flamenco monte comme pour défier l’antagoniste masculin.El Wafir Shaikheldin Gibril fait des percées dans le spectacle avec des sonorités orientales. Il reprend avec sa voix apaisée la douce ballade «Bent chalabia» de Fairouz avant que Rafael Ramirez Vilchez revienne pour terminer «un discours» chorégraphique intense. «Lo preciso» (Précision) est le nom donné à ce spectacle.

«La culture espagnole n’est pas loin de celle de l’Afrique du nord»

«J’ai choisi ce nom d’une manière spontanée. Il est nécessaire d’avoir de l’harmonie entre la musique et la danse. Tout doit être précis pour atteindre une certaine perfection. Il est vrai que le flamenco accepte parfois l’improvisation. Mais cette improvisation doit également être bien étudiée», a souligné Rafael Ramirez Vilchez.

Dans ses chorégraphies, l’artiste reste fidèle à la tradition de la danse flamenco mais sans  castagnettes et sans cajón. Rafael Ramirez Vilchez est très précis dans ses danses. Il en est de même pour Fabiola, Rosario et Alejandro. Le public algérien nous a bien accueillis. Un public qui a un goût raffiné. La culture espagnole n’est pas loin de celle de l’Afrique du Nord. J’ai interprété «Bent chalabia» accompagné par les deux chanteuses espagnoles, c’est justement pour renforcer ce lien.

Et vous avons remarqué comment le public a bien adhéré au spectacle», a relevé El Wafir Shaikheldin Gibril. Il a expliqué que Rafael Ramirez Vilchez a constitué le groupe pour mêler la danse au chant et à la musique vivante. «A l’origine, le flamenco et la musique d’Andalousie ont un rapport avec l’Algérie.

D’où le choix d’ajouter de la musique arabe», a précisé l’artiste Wafir Shaikheldin Gibril. En première partie de soirée, le groupe slovène Diaspora Collective Harmelogic a présenté le spectacle «La place» où les corps, les rythmes et les voix étaient harmonieusement mélangés. Les danseuses Maša Kagao Knez, Irene Akweley Yebuah Tiran et Dalanda Diallo ont déployé de grands efforts avec des expressions bien synchronisées pour évoquer l’amour, la joie, la tristesse, l’amitié, la solidarité, bref, la vie dans toute sa splendeur.

Les artistes, accompagnés de notes de pianos et de percussions, ont voulu célébrer, à leur manière, la diversité, le vivre-ensemble et la compréhension entre les cultures et les peuples. Elles sont convaincues que l’art transcende les divergences, dépasse les frontières et rassemble les gens. Une belle leçon d’art et de sagesse en ces temps incertains. Hicham Farès


 

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