17e Conférence des parlements de l’OCI : La centralité de la question palestinienne

29/01/2023 mis à jour: 03:51
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Les travaux de la 17e conférence de l’Union des conseils des pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (UPCI) s’ouvrent aujourd’hui, à Alger, en présence de représentants de 35 Parlements de pays musulmans, dont 22 délégations représentées à un haut niveau par les présidents des institutions parlementaires. Placée sous le signe «Le monde islamique et les enjeux de la modernisation et du développement», cette édition peut paraître, quelque peu, décalée par rapport à l’actualité, marquée par l’escalade de la violence dans les Territoires palestiniens occupés avec le raid perpétré jeudi par l’armée israélienne contre les populations palestiniennes du camp de réfugiés de Jénine, en Cijordanie occupée, faisant 10 morts et des dizaines de blessés. Comme il fallait s’y attendre, la riposte n’a pas tardé à survenir du côté palestinien. Des attaques, sans nul doute en lien avec le carnage de Jénine, ont été menées, hier, par de jeunes Palestiniens contre des civils israéliens, tuant, dans deux assauts séparés, 8 personnes, selon les médias. Ceci pour dire que les parlementaires arabes ne peuvent pas faire l’économie d’un débat et de décisions fermes et urgentes sur les événements qui secouent en ce moment la Palestine, au risque de perdre leur âme, leur crédibilité et celle de leur institution parlementaire et, plus globalement, de l’Organisation de la coopération islamique. Celle-ci est interpellée pour réfléchir à des moyens d’action plus concrets, pour aider la cause palestinienne. La population du monde musulman, qui avoisine le 1,5 milliard de citoyens, peut peser lourdement dans le conflit israélo-palestinien, pour peu que leurs dirigeants sortent du rituel des condamnations qui laissent indifférent l’occupant israélien, pour s’orienter vers des formes de riposte plus productives dont, entre autres, le boycott des produits israéliens. Une arme redoutable à laquelle ne s’embarrasse pas de recourir la diplomatie internationale contre des Etats musulmans.

une riposte à la mesure des enjeux

Débattre «des enjeux de la modernisation et du développement» du monde islamique apparaît, certes, comme une nécessité vitale pour la communauté musulmane, au moment où l’on assiste à la résurgence des grands ensembles pour faire face aux défis de l’heure, comme on le voit avec les retombées géostratégiques du conflit russo-ukrainien. Sauf que les Etats musulmans, s’ils prient tous dans la même direction spirituelle, leurs chemins divergent, pour beaucoup d’entre eux, sur le sens à donner à la question de la sacralité, de la centralité de la cause palestinienne, réitérée avec force lors du dernier Sommet arabe, tenu en novembre 2022 à Alger. Les pays musulmans ayant normalisé leurs relations avec l’entité sioniste, à la faveur des accords d’Abraham et, auparavant, lors des processus dits «de paix» signés par des pays arabes, tels que l’Egypte, la Jordanie et autres, sont aujourd’hui bridés, aliénés dans leurs positions vis-à-vis de la question palestinienne. Le dernier sommet arabe d’Alger a montré l’étendue des efforts que la diplomatie algérienne a dû déployer pour sortir avec un consensus arabe sur la question de la centralité de la cause palestinienne et de la réunification des factions palestiniennes. A une échelle plus élargie de l’Organisation de la coopération islamique, le défi d’unification des rangs musulmans sera d’autant plus difficile encore à réaliser, compte tenu des influences géopolitiques et des partenariats stratégiques, économiques, militaires et autres, liant des Etats musulmans membres de l’OCI, à travers les différents continents, avec des puissances industrielles qui régentent l’économie mondiale. Pour ne prendre que l’exemple de la profanation de la mosquée d’Al Aqsa par les sionistes, et du Saint Coran, en Suède et aux Pays-Bas, en dehors des condamnations sporadiques de quelques Etats musulmans et de manifestations populaires, on n'a pas relevé, au niveau de l’Organisation de la coopération islamique, une réaction forte, des actions diplomatiques, à la mesure de la gravité de ces événements. L’Algérie a pris conscience des limites de l’action de l’OCI. Elle ambitionne, comme elle l’a fait avec la réunification des rangs arabes, d’œuvrer à impulser une dynamique nouvelle aux institutions de l’Organisation de la coopération islamique, à l’instar de l’Union des conseils des pays membres qui se réunit à Alger, en appelant à la mise en place de mécanismes opérationnels nouveaux pour prendre en charge, avec plus d’efficacité et de pertinence, les préoccupations du monde musulman. C’est ce qu’a déclaré, jeudi à Alger, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, lors de la réunion du comité exécutif préparatoire à la 17e Conférence de l’UPCI .

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