En Algérie, une décision présidentielle, annoncée le 27 décembre 2017, fait de Yennayer un jour chômé et payé et fêté pour la première fois officiellement le 12 janvier 2018. Dans certaines régions, Yennayer est précédé par imensi n yennayer (littéralement «le dîner de Yennayer») qui a lieu la veille du Nouvel an amazigh. Les participants se réunissent et attendent, à travers différentes manifestations, la venue de la nouvelle année. Selon diverses acceptions, Yennayer correspond au premier jour du calendrier agraire utilisé par les Berbères depuis plusieurs siècles. L’Académie berbère s’est basée sur le fait que les Berbères avaient coutume de célébrer Yennayer chaque année, pour le décréter comme «nouvel an amazigh» et été mis en avant un calendrier berbère, en 1980, fondé sur un événement marquant dans l’histoire du peuple amazigh, un fait historique incontestable pour en faire le point zéro du calendrier. Le choix s’est porté sur l’an 950 avant Jésus-Christ qui correspond à la date où le roi berbère Sheshonq Ier (orthographié également Chichnaq ou Chichneq) fut intronisé pharaon d’Égypte et fonda la XXIIe dynastie qui régna sur l’Égypte jusqu’à l’an 715 av. J.-C. Ce roi berbère avait réussi à unifier l’Égypte pour ensuite envahir le Royaume d’Israël. Yennayer est une fête très répandue, à travers toutes les régions d’Algérie où elle est considérée comme une célébration nationale. Cette fête est aussi fêtée parmi les autres communautés nord-africaines, comme au Maroc. Le repas, préparé pour la circonstance, est assez copieux et différent du quotidien. Pour la préparation de «imensi n yennayer», les Kabyles utilisent la viande de la bête sacrifiée (asfel), souvent de la volaille, mélangée parfois à la viande séchée (acedluh) pour agrémenter le couscous, élément fondamental de l’art culinaire berbère. «Imensi n yennayer» se poursuit tard dans la nuit et la satiété est de rigueur. C’est même désobligeant pour la maîtresse de la maison (tamghart n wexxam) de ne pas se rassasier. C’est aussi un repas de communion. Il se prend en famille. On dispose autour du plat commun des cuillères pour signaler leur présence. Pour les Kabyles, «amenzu n yennayer» détermine la fin des labours et marque le milieu du cycle humide. Les aliments utilisés durant ce mois sont les mêmes que ceux de la période des labours. La nourriture prise est bouillie, cuite à la vapeur ou levée. Les aliments augmentant de volume à la cuisson sont de bon augure. La récolte présagée sera d’une grande quantité. Les différentes sortes de couscous, de crêpes, de bouillies, etc., et les légumes secs les agrémentant apparaissent. Les desserts servis seront les fruits secs (figues sèches, abricots secs, noix, etc.) de la récolte passée, amassés dans de grandes et grosses cruches en terre pourvues d’un nombril servant à retirer le contenu (ikufan). «Imensi n yennayer» nécessite des préparatifs préalables. Dans les Aures et en Kabylie, la veille, la maison est méticuleusement nettoyée et embaumée à l’aide de diverses herbes et branches d’arbres (pin, autres). En période du mois de Yennayer, les enfants en Kabylie et dans l’Oranie se déguisaient (chacun confectionne son propre masque) et parcouraient les ruelles du village. Passant de maison en maison, ils quémandaient des beignets sfendj ou des feuilletés de semoule cuits lemsemmen pour qui les gens s’obligent de donner. Par ce geste d’offrande, le Berbère de Kabylie tisse, avec les forces invisibles, un contrat d’alliance qui place la nouvelle année sous d’heureux auspices. Ce rite, comme celui de la première coupe de cheveux du nouveau-né, est transposé à l’Achoura et repris lors de la période des labours. Le paysan distribue d’humbles offrandes aux passants croisés sur son chemin et dépose de petites quantités de nourritures dans des lieux saints, en se rendant dans ses champs. Amenzu n yennayer marqua toutes les régions berbérophones par des jeux liés aux morts de retour sur Terre : carnaval de Tlemcen, jeux de taγisit (os) des femmes de Ghadamès…