Yannick Gallien. Président de l'UNAT Provence-Alpes-Côte d’Azur : «Une carte à jouer pour un tourisme de rencontre»

27/11/2024 mis à jour: 18:01
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Yannick Gallien

Yannick Gallien, président de l’Union nationale associations de tourisme  (UNAT) Provence-Alpes-Côte d’Azur, a visité récemment Ghardaia et Timimoun. Il nous éclaire sur ce sujet.  

 

 

Entretien réalisé par Kamel Benelkadi

 

Vous venez de participer à un éductour (caravane d’Algérie) organisé par les agences Med Voyage à Marseille et Alger et Gourari Events à Ghardaia et Timimoun. Quels sont vos impressions et les enseignements à retenir ? 

Cet éductour m’a permis une connaissance des atouts culturels, historiques et environnementaux des sites visités, les rencontres avec les personnes ont été extrêmement  importantes  et riches en matière de rayonnement  des actions menées par les divers acteurs et le potentiel insoupçonné de l’histoire de ce pays ! Je pense que les lieux visités et l’Algérie en général méritent une découverte touristique basée sur la rencontre et les échanges. Cependant, il paraît compliqué de pouvoir développer un tourisme important pour des raisons d’infrastructures et de facilité de circulation pour diverses raisons.Il conviendrait de se limiter à une destination à découvrir en étoile plutôt qu’un circuit Alger-Ghardaia-Timimoun-Alger.


A travers votre immersion dans le Sud algérien, quels sont, selon vous, les atouts de cette destination ? L’Algérie a-t-elle une carte à jouer dans ce segment du marché ? 

Les atouts de cette destination du Sud sont ceux de l’authenticité, de la beauté des paysages même dans la «monotonie» du désert et la richesse d’une culture méconnue et d’une  civilisation rayonnante ! L’artisanat, la musique sont de vrais joyaux, l’Algérie possède une carte à jouer pour un tourisme de rencontre, de découverte et d’aventure «raisonnée», l’aspect social et solidaire doit être mis en avant par des opérateurs touristiques étrangers qui doivent travailler avec les acteurs et réceptifs locaux dans une démarche  de tourisme solidaire.


Votre cheval de bataille est le développement du tourisme associatif et social. Est-ce une tendance lourde dans le monde ?

Le tourisme associatif et social est une chance pour le futur, car il véhicule et intègre les logiques de durabilité, c’est un tourisme protecteur, non prédateur et encore moins colonisateur, car il respecte les identités locales et valorise les modes de vie en évitant l’acculturation. Malheureusement,  ce tourisme a du mal à exister et à se démultiplier face aux intérêts des grands groupes et des investisseurs pour qui le seul souci est celui de leur rentabilité et de la redistribution des dividendes à leurs actionnaires. Donc, philosophiquement, c’est une démarche porteuse et plutôt bien reconnue, mais économiquement c’est une autre histoire.


Comment travaillez-vous avec les communautés locales pour promouvoir un tourisme respectueux et bénéfique pour tous ?

La démarche doit être la suivante : les acteurs étrangers (associations, tour opérateur…) d’un tourisme solidaire sont les  organisateurs de séjours  au départ de leur pays, ils ont vendu un produit touristique à leurs clients et ce produit doit être élaboré avec les  communautés locales et leurs acteurs ; ceux-ci doivent en retirer les bénéfices autrement qu’en recevant une somme de dédommagement pouvant donner bonne conscience. Il faut permettre aux acteurs locaux ou aux collectivités locales d’être les hébergeurs en facilitant la création des structures d’hébergement, les communautés locales doivent, après des formation/adaptation courtes, pouvoir accueillir et faire vivre le meilleur des séjours aux touristes-voyageurs. Les guides, accompagnateurs, animateurs doivent être les référents d’une découverte et d’une rencontre riches de sens, la valorisation de la culture sous toutes ses formes, la sensibilisation au respect des modes de vie et à l’environnement doivent être le fil conducteur de ces professionnels rémunérés par les acteurs du tourisme solidaire venant de l’étranger. Il ne peut s’agir que d’une démarche concertée, partagée et construite ensemble. 


Les touristes actuels fuyant le surtourisme sont plutôt favorables à des échanges authentiques avec les populations locales, créant des liens humains enrichissants. Partagez-vous cette vision ?  

Oui, cependant il ne faudrait pas recréer du surtourisme dans des lieux authentiques  et vivant de façon ancestrale. Le surtourisme à Barcelone, Venise ou dans les calanques méditerranéennes se compte par milliers !


A partir de combien de touristes recherchant l’authenticité dans les oasis près de Timimoun atteignons-nous le surtourisme ? 


Notre expérience  d’éductour dans l’oasis préservée près de Timimoun a démontré que même à 15 personnes respectueuses du lieu et se comportant discrètement, nous avons perturbé le travail des ruraux et fait fuir ou cacher les femmes avec leurs enfants. Même à ce niveau réduit de personnes, nous sommes devenus perturbateurs par notre seule présence. Nous devons réfléchir à un mode de rencontre non organisé sur les lieux de vie ou dans le cadre de valorisation des populations locales : par exemple démonstration de fabrication d’objets artisanaux, expositions diverses et concerts de musique locale. 

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