Le premier tour de l’élection présidentielle, largement remportée par le candidat nationaliste Calin Georgescu, a été annulé vendredi sous fond de suspicion d’interférence russe.
Ce dimanche, plus d'une centaine de Roumains se sont rendus symboliquement aux urnes pour protester contre l'annulation du second tour de l'élection présidentielle, une décision inédite de la Cour constitutionnelle. Ce scrutin devait opposer Calin Georgescu, candidat nationaliste accusé de sympathies prorusses, à Elena Lasconi, sa rivale pro-européenne.
Vendredi, la Cour a invalidé l’ensemble du processus électoral, invoquant des irrégularités majeures et des suspicions d’interférences russes. Calin Georgescu, arrivé en tête du premier tour, a dénoncé un « coup d’État » visant à empêcher sa victoire. Il a déclaré avoir saisi la justice roumaine et la Cour européenne des droits de l’Homme pour contester cette décision.
Devant une école de Mogosoaia, près de Bucarest, où il aurait dû voter, Calin Georgescu a critiqué les autorités, les accusant de craindre sa victoire. Sans appeler ses partisans à manifester, il a affirmé agir « au nom de la démocratie ». Dans la petite foule rassemblée, certains dénonçaient une atteinte à la souveraineté nationale et une manipulation politique, qualifiant le candidat de patriote injustement stigmatisé.
Ce report de l’élection suscite des inquiétudes à Bruxelles et Washington. Une victoire de Calin Georgescu, connu pour ses positions nationalistes et son opposition à l’aide à l’Ukraine, pourrait entraîner un réalignement stratégique de la Roumanie, pays membre de l’UE et pilier de l’Otan. Les services de renseignement roumains ont relevé des indices d’ingérence russe, notamment via des campagnes sur TikTok, et ont identifié des financements douteux, notamment un transfert de 381 000 dollars pour promouvoir la candidature du nationaliste.
En réponse à cette annulation, George Simion, autre figure de l’extrême droite, a appelé à allumer des bougies devant les bureaux de vote pour symboliser leur attachement à la démocratie. Les tensions restent vives dans le pays, confronté à une crise politique sans précédent depuis la fin du régime communiste en 1989.