En théorie c’est simple, une smart TV ou un PC et une connexion internet, pour voir tous les films algériens que personne n’a vus, de chez soi ou sur son téléphone. Mais où sont les plateformes de streaming ?
D’abord la définition, le streaming est une technique de diffusion et de lecture en ligne et en continu de données multimédias qui évite le téléchargement et permet la diffusion en direct ou en léger différé. Ensuite son âge, il date en réalité des années 1920 où le scientifique George O. Squier (encore un militaire) dépose un brevet pour un système de transmission et de diffusion de signaux sur des lignes électriques, même si les plates-formes de streaming ont sérieusement commencé à apparaître dans les années 1990 avec l’amélioration des bandes passantes.
Justement, les débits de connexion, même s’ils restent relativement faibles par rapport aux pays modernes, ont été augmentés de manière significative en Algérie, ce qui aurait pu permettre l’émergence de plates-formes pour pouvoir enfin voir tous les films algériens que peu ont vus. Ce qui renvoie au problème de fond du cinéma algérien, des films sont produits, tournés et montés mais ils sont inexistants en salles, sur les nombreuses chaînes de télévision ou sur Internet.
Pourquoi les producteurs ne lancent-ils pas une plate-forme de streaming ? Il faudrait d’abord qu’ils s’entendent, ce qui n’est pas évident, ensuite régler la partie financière, car le problème se situe à un niveau plus haut, si les Algériens n’ont pas d’argent, ce qui explique que le PIB/par habitant est beaucoup plus bas que celui de l’Argentine, qui a été admise aux BRICS, c’est la diaspora qui en a, avide en plus de trouver des films algériens qu’ils ne trouvent pas dans le pays où ils vivent, mais il faudrait libérer les transactions bancaires par internet, aujourd’hui possibles pour quelques sites institutionnels, une carte Visa étant inutile.
En fait, il y a bien du streaming cinéma local, des sites et des applications légales en dehors des timides tentatives du CADC, Centre algérien de développement du cinéma, qui lance de temps en temps des films en streaming. Citons Yara de Ooredoo, autodénommée «première plateforme de streaming en Algérie» et lancée en 2020, qui propose des séries gratuites (comme Yemma ou El Khawa, financées par la publicité qui apparaît pendant le visionnage) et d’autres payantes (comme Babour Ellouh, 500 DA pour l’intégralité de la série).
Dzair play de Mobilis, qui présente en partenariat avec le CADC et le CNCA de la VOD avec du contenu 100% algérien, des films comme Ben Badis, Zabana ou Ben Boulaïd, stream plutôt orienté films sur la résistance. Chacha TV qui s’autodénomme aussi «première plateforme de streaming algérienne» et annonce «mettre en valeur les productions algériennes», mais qui pour l’instant n’offre pas un grand choix.
Enfin Isura, pour le coup réellement la première plate-forme de streaming vidéos en tamazight, dirigée par des spécialistes de doublage des films qui du coup propose surtout des films étrangers doublés en tamazight. Il existe donc bien des plateformes de streaming qui offrent du contenu algérien, mais pourquoi n’ont-elles pas rencontré le succès attendu ?
C’est que pour l’essentiel, il n’y a que des séries TV et peu ou pas de films cinéma, et les séries TV sont déjà directement uploadées sur Youtube par les producteurs eux-mêmes pour comptabiliser des vues. C’est tout, et en attendant, il reste Youtube, qui passe des films algériens, mais en mauvaise qualité, ou le streaming illégal, sauf que là, les films algériens sont très rares.