L’Europe de l’Ouest reste un étrange continent. Elle s’est rapidement réconciliée avec le pays qui l’a envahie et réduite en esclavage, l’Allemagne nazie, mais n’arrive toujours pas à le faire avec le pays qui l’a libérée de la même Allemagne nazie, la Russie, qui a perdu pour l’occasion 20 millions d’hommes, première à avoir infligé une défaite aux nazis dans une bataille, tout comme première à entrer à Berlin.
En cause évidemment, ce n’est pas l’Europe en elle-même, mais sa vassalité consentie par rapport à l’Amérique, qui depuis longtemps joue sur le partage boulimique du monde auquel l’Europe n’est pas invitée, du moins juste pour le café et les gâteaux. Depuis des décennies, l’hystérie antirusse, antichinoise, ou encore anti-musulmane se fait sur des considérations qui ne sont pas les siennes, hostilités pernicieuses sur une géostratégie empruntée.
L’Europe de l’Ouest s’étonne que peu aillent prendre les armes pour aller se battre pour l’Ukraine le torse bombé comme les Africains avaient été enrôlés pour combattre l’Indochine qui ne leur a rien fait, l’Algérie par Sénégalais interposés ou la même Allemagne pendant les deux Guerres mondiales avec des contingents importés de force.
L’Afrique ou l’Amérique du Sud soutiennent Poutine, pas parce que la Russie est un modèle, mais en rejet de l’Occident à cause de ses interventions militaires illégales, Yougoslavie dépecée ou monde arabe détruit, et ses interventions tout court, Françafrique structurée, Palestine oubliée avec son boycott BDS contre Israël interdit, sauf s’il s’agit de Russie.
L’Europe de l’Ouest consacre depuis longtemps le pouvoir à la force en rejetant l’ONU, et pour une fois que quelqu’un peut lui donner une petite leçon, pourquoi pas, avec nos excuses pour le peuple ukrainien. Rappelons juste que Volodymyr Zelensky de Kiev et Vladimir Poutine de Moscou ont le même prénom, ukrainisé pour le premier, russifié pour le second. Du point de vue sémantique, c’est une guerre civile. Une affaire donc interne.