Dans ses déclarations au journal électronique Esseha.dz, le professeur Rachid Belhadj, chef de service de médecine légale au CHU Mustapha Pacha d'Alger et directeur des activités médicales et paramédicales au sein du même établissement, a dressé un état des lieux détaillé de la situation sanitaire et sociale durant ce mois de Ramadhan, soulignant une diminution notable des cas de violence par rapport à l’année précédente, tout en mettant en exergue les violences sociétales, accidents de la route et les complications chez les patients atteints de maladies chroniques.
Selon lui, «126 cas de violence ont été enregistrés durant la première moitié du Ramadhan, touchant principalement des hommes, auxquels s’ajoutent 46 femmes victimes de coups». Bien que ces chiffres traduisent une baisse par rapport à l’année passée, ils demeurent révélateurs d’une problématique persistante au sein de la société.
Cette situation reflète une crise du vivre-ensemble, où les liens sociaux, censés se renforcer en ce mois de spiritualité, sont mis à mal par l’individualisme et l’incapacité à gérer les tensions. Il a précisé que ces incidents «se concentrent majoritairement dans les marchés, sur les routes et dans les quartiers où se déroulent des activités commerciales illégales, avec une recrudescence notable juste avant l’heure de la rupture du jeûne».
Ce timing n’est pas anodin. Les heures précédant l’iftar sont marquées par une tension psychologique et nerveuse, liée à la fatigue du jeûne, à l’affluence dans les marchés et à la pression pour finaliser les préparatifs du repas. Cette combinaison de facteurs crée un terrain propice aux conflits, qu’ils soient d’ordre sociétal, familial ou entre voisins.
Le professeur a également noté que «certaines de ces agressions impliquent l’usage d’armes blanches», ce qui aggrave la situation et appelle une intervention urgente des autorités pour enrayer ce phénomène. Il a cité aussi que certains cas de violence sont «liés à la consommation de psychotropes», même si aucun cas d’overdose n’a été signalé depuis le début du mois, la consommation de cannabis et produits hallucinogènes s’est poursuivie dans les milieux urbains.
Outre les violences, le professeur Belhadj a attiré l’attention sur une augmentation significative des accidents de la route, en particulier ceux impliquant des motocyclettes. Il a attribué cette hausse au «non-respect du code de la route, notamment l’absence du port du casque, une infraction fréquente qui accroît les risques de blessures graves et de décès».
Ces accidents surviennent particulièrement lors des heures précédant la rupture du jeûne, lorsque beaucoup se précipitent pour rentrer chez eux. Cette imprudence pourrait aussi être liée à l’épuisement physique et mental dû au jeûne. Avec l’utilisation croissante des motos comme moyen de transport, il devient impératif de renforcer les campagnes de sensibilisation et de durcir les contrôles pour faire respecter les règles de circulation. Il a également abordé la situation des patients atteints de maladies chroniques, comme les diabétiques, ainsi que les femmes enceintes.
Durant le Ramadhan, ces groupes font face à des défis supplémentaires en raison des changements dans leurs habitudes alimentaires et thérapeutiques. Kamel Benelkadi