Village Capritour de Boukhlifa (Béjaïa) : Les copropriétaires montent au créneau

29/10/2024 mis à jour: 07:27
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Le cadre de vie du village Capritour s'est fortement dégradé au grand dam des résidents - Photo : El Watan

Une balade à travers les dédales de Capritour laisse voir un village abandonné où l’on ne se sent pas du tout en sécurité.

La façade du village Capritour, dans la commune de Boukhlifa, à 20 km à l’est de Bejaïa, jadis lieu de villégiature par excellence, tombe en lambeau. Pour y accéder, il faut prouver que l’on connaît un résident ou une sorte de gardien de villas louant le bien de son employeur, avant de passer une grande porte métallique rouillée, à l’aspect rébarbatif.

Ce qui n’est un secret pour le commun des mortels, c’est que le village Capritour est devenu depuis quelques années un lieu de débauche où se réunissent tous les vices, notamment la prostitution, la drogue et le banditisme. Eté comme hiver, il ne se passe pas un laps de temps sans que l’on ne signale un vol, une rixe, ou une saisie de stupéfiants par les services de sécurité.

Le 25 juillet dernier, la Gendarmerie nationale de Tichy a opéré une descente spectaculaire dans le village qui s’est soldée par l’arrestation de 14 individus «pour participation à une bagarre avec usage d’armes blanches», et ce, dans le cadre d’une opération de maintien de la sécurité et de l’ordre publics, de la préservation de la quiétude et de la tranquillité des citoyens et de la lutte contre tout type de crime. Les habitants s’interrogent, quant à eux, sur le rôle du «gérant d’empêcher l’accès aux buveurs d’alcool, à la prostitution et aux délinquants».

Une balade à travers les dédales de Capritour laisse voir un village abandonné où l’on ne se sent pas du tout en sécurité. Des eaux usées nauséabondes s’infiltrant de partout inondent les nids de poules jonchant la chaussée. L’eau et l’air sont impropres à la vie dans cette enceinte. Des poubelles pleines et retournées sont le bonheur des chats, des chiens errants et des rongeurs. En plus des pieux d’éclairage défaillants, des bâtisses ont poussé, en un temps record, sur les espaces verts d’ornement qui permettaient à l'infrastructure «de s’aérer».

Élection d’un comité de village

Cependant, cette situation qui pénalise les «villageois» risque de perdurer à l’ombre d’un conflit larvé opposant les résidents au promoteur, la compagnie de promotion immobilière. La crise a repris récemment de plus belle.

La discorde est provoquée cette fois par l’affichage d’une note par le gestionnaire des lieux, non reconnu par la majorité des 1000 copropriétaires, enjoignant  les habitants de quitter le village pour «fermeture en raison d’engagement des travaux de réfection et de rénovation».

Dans son communiqué, le gérant Noureddine Lakelak profite pour s’adresser «essentiellement», écrit-il, à ceux qu’il surnomme «les habitués de la rente par la location clandestine de biens». Mais les propriétaires ne l’entendent pas de cette oreille. Ces derniers sont montés au créneau pour dénoncer «la mauvaise gestion du gérant autoproclamé, qui n’a été désigné par aucun des copropriétaires du village», selon l’une des habitantes.

Cette dernière qui incombe la responsabilité du désordre régnant derrière les murs du village au gérant (nous n’avons malheureusement pas pu le rencontrer sur les lieux, ndlr).  «Depuis quelque temps, ce monsieur nous interdit fermement d’accéder à nos biens, exigeant de nous le paiement des charges s’élevant à plus 140 000 DA, pour des prestations non fournies.»

Les copropriétaires ont soulevé dans une requête envoyée le 15 octobre 2024 au wali de Bejaïa, Kamel Eddine Karbouche, au chef de daïra de Tichy ainsi qu’au P/APC de Boukhlifa de graves accusations à l’encontre du promoteur, et dont les autorités ont en pris connaissance à travers le courrier de l’assemblée des copropriétaires.

Pour ce faire, les copropriétaires du village Jasmin ont convoqué une assemblée générale dans le but d’élire un représentant des résidants et la constitution d’un «comité du village» pour défendre les intérêts moraux et matériels des habitants.

Selon Zakia Benmsahel, la rencontre se tiendra à la salle de conférences de l’hôtel Alloui de Tichy. «Nous avons convié à cette assemblée les copropriétaires, les services de sécurité, le chef de daïra et le président de l’APC de Boukhlifa, puisqu’ils sont au courant de notre  détresse et concernés par la sécurité des personnes et des biens de ce village», précise-t-elle. 

 

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