Sous le titre Un seul héros le peuple – La contre-insurrection mise en échec par les soulèvements algériens de 1960, Mathieu Rigouste vient de faire paraître une nouvelle édition de son ouvrage, préfacé par Kaoutar Harchi avec une postface d’Elsa Dorlin. Mathieu Rigouste, né en 1981 à Gennevilliers, est sociologue, essayiste, chercheur indépendant en sciences sociales.
L’éditeur Premiers matins de novembre (Pmnéditions) écrit que «cette étude historique inédite et d’ampleur sur le sujet, nourrie d’archives militaires, administratives, journalistiques, mais aussi d’entretiens, nous plonge au cœur d’une lutte de Libération et retrace l’histoire d’une victoire populaire sur la contre-insurrection. En décembre 1960, des manifestations gigantesques surgissent depuis les quartiers les plus ségrégués des villes algériennes.
Durant plusieurs semaines, des cortèges organisés d’ouvriers en guenilles, de paysans déracinés, de maquisards blessés, de prisonniers à peine libérés, certains composés de femmes et d’enfants, affrontent les forces de l’ordre et repoussent les frontières de l’ordre colonial.
La répression sera impitoyable, mais cet événement marque un tournant de la Révolution algérienne». Ce livre n’est qu’une partie de l’immense travail qu’il a accompli sur le tournant historique des manifestations anticoloniales de décembre 1960. Il avait notamment signé un documentaire qu’El Watan avait chroniqué en son temps. Il a aussi mis à disposition le résultat de ses recherches sur le site internet unseulheroslepeuple.org, nourri par les témoignages que chacun veut y apporter.
«Comment la contre-insurrection a été mise en échec ?»
Dans la revue Contretemps, disponible en ligne, l’auteur disait : «C’est une enquête qui parle donc de la Révolution algérienne, tout en rappelant qu’il s’agit d’une révolution anticoloniale et que la révolution sociale qui l’accompagnait a été arrêtée entre 1962 et 1965 à travers la transformation du proto-État algérien en État.
Mais ce n’est pas l’objet premier de cette enquête. Il s’agissait de comprendre comment la contre-insurrection a été mise en échec et cela m’a conduit vers la multiplicité des formes prises par l’engagement des classes populaires colonisées tout au long de la colonisation, précisément dans les soulèvements de décembre 1960 et plus largement dans la mise en échec du pouvoir impérial.
Ce livre termine d’une certaine manière un cycle de recherches entamé avec L’ennemi intérieur sur les origines coloniales et militaires de l’ordre sécuritaire dans la société française et continué avec La domination policière (Ndlr : Editions La Fabrique 2021) à propos des réagencements intérieurs de la contre-insurrection pour la reproduction du socio-apartheid.
Entre ces livres, il y a aussi eu La bande à Bauer qui montrait notamment la place des réseaux d’ «experts» en contre-insurrection dans la genèse de l’idéologie sécuritaire. Le théorème de la hogra essaie de résumer ces travaux à travers une sorte de conte historique écorché. »