Cette opération, qui avait suscité de vives inquiétudes lorsqu’elle avait été annoncée en octobre, entrera en vigueur «au plus tôt au deuxième trimestre» 2025.
Le groupe pharmaceutique français Sanofi et le fonds américain CD&R ont annoncé mercredi avoir signé un accord pour l'acquisition de la moitié du capital d'Opella, une entité qui commercialise le Doliprane et réalise un chiffre d'affaires de 5,2 milliards d'euros, soit environ 12% des ventes de Sanofi. Cet accord prendra effet au plus tôt au deuxième trimestre 2025.
Les deux entreprises ont annoncé dans un communiqué que suite à la finalisation du processus d'information et de consultation des instances représentatives du personnel concernées, Sanofi et CD&R ont signé l'accord d'achat d'actions qui permettra à CD&R d'acquérir une participation de contrôle de 50% dans Opella. Les modalités de l'opération demeurent inchangées.
Le fonds d'investissement américain acquiert 50% d'Opella, une entité dédiée aux médicaments grand public de Sanofi, qui commercialise également le Maalox, la Lysopaïne ou l'Aspégic. Bpifrance, la banque publique d'investissement, devrait également participer en tant qu'actionnaire minoritaire à hauteur d'environ 2% du capital d'Opella, afin d'assurer un contrôle de l'État sur l'avenir de cette entreprise. Elle déboursera pour cela entre 100 et 150 millions d'euros, avait-elle annoncé en octobre dernier, et disposera d'un siège au conseil d'administration. Sanofi, de son côté, restera un actionnaire significatif.
L'annonce de la vente d'Opella à un fonds d'investissement américain avait suscité des inquiétudes dans le monde politique en octobre. Le Doliprane est un sujet sensible, même si sa molécule, le paracétamol, n'est pas complexe à produire et que d'autres acteurs, tels UPSA, le fabriquent également en France. Mais il était encore le médicament le plus consommé par les Français en 2024. Sa cession à un acteur américain était mal perçue, alors que les précédents gouvernements mettaient en avant leur attachement à la souveraineté sanitaire française.
En octobre, Sanofi, le fonds CD&R et l'État ont donc signé un accord tripartite pour éviter une éventuelle délocalisation de la production du Doliprane, actuellement fabriqué à Lisieux et à Compiègne dans des usines qui ont été récemment modernisées. Le fonds américain et Sanofi se sont engagés à maintenir un certain volume de production en France du Doliprane, mais également d'autres médicaments comme l'Aspégic, sous peine de lourdes sanctions. Tout licenciement économique contraint leur est par ailleurs interdit. Ils doivent enfin investir pour développer l'activité d'Opella et créer des emplois en France.
La vente de cette entité devrait rapporter près de 10 milliards d'euros à Sanofi, estime le laboratoire pharmaceutique. Ce dernier souhaite, comme la plupart de ses concurrents, se focaliser sur les médicaments innovants, plus risqués mais aussi plus rémunérateurs. Cette somme lui servira à investir dans sa recherche et développement, dans la commercialisation de ses nouveaux médicaments, ainsi qu'à réaliser des rachats d'actions - il a procédé à 5 milliards d'euros de rachats d'actions en ce début d'année, dont 3 milliards d'euros auprès de L'Oréal.