Lundi dernier, 14 mars, quelle ne fut la stupéfaction des Oranais lorsqu’ils ont vu, en fin de matinée, le climat de leur ville, en général humide et doucereux, se transformer en paysage orangâtre, donnant à la cité des allures «apocalyptiques».
Les journées d’hier et d’avant-hier, un violent siroco, venant des wilayas du Sud, a en effet balayé le paysage urbain oranais pour lui donner des couleurs ocre. Il faut savoir que pas plus tard que l’année dernière, soit le vendredi 5 février 2021, la même tempête de sable s’était déplacée du Sahara pour faire escale dans les wilayas du nord-ouest du pays, notamment Oran, avant de poursuivre son chemin vers l’autre rive de la Méditerranée. Plus surprenant encore, il y a onze ans de cela, soit le lundi 14 mars 2011, Oran a connu exactement la même ambiance apocalyptique, avec un ciel orangé à souhait.
Si ce «décor de fin du monde» a le mérite de faire amuser la galerie ou d’inciter les photographes invétérés à aller prendre de belles prises, force est d’admettre, hélas, qu’il fait voir aux asthmatiques de toutes les couleurs (sans mauvais jeu de mots) et à ce propos, plusieurs voix se sont élevées, lundi dernier, sur les réseaux sociaux, pour inviter tout un chacun à rester de préférence à la maison, avec portes et fenêtres fermées, ou tout au moins, ne pas se risquer à sortir sans porter un masque, si possible FFP2. «Quelle ironie, diront certains, en ces temps où la pandémie recule, où on n’est plus très regardants sur les gestes barrières, que d’être obligés de porter quand même le masque dehors, non tant à cause du virus, mais pour contrer les caprices de Dame-Nature !».
D’ailleurs, avant-hier matin, beaucoup avaient reconnu avoir mal dormi la nuit du lundi à mardi, les violents vents de sable qui s’abattaient au-dehors, et qui s’étaient incrustés dans les maisons par les interstices des fenêtres et des portes, leur ayant occasionné des petites gênes respiratoires. Hier, via un communiqué parvenu à notre rédaction, la SDO a relevé plusieurs perturbations de distributions en électricité, notamment dans les communes Est de la wilaya, comme Gdyel, Krishtel, Hassi Ben Okba ou encore Arzew. La protection civile, pour sa part, a posté une alerte sur les réseaux-sociaux, sommant les automobilistes à la plus grande vigilance, à ne pas s’adonner à des vélocités sur les routes, et à prendre soin d’allumer les phares pour optimiser au maximum leur champ visuel. Enfin, pareillement à l’année dernière, le siroco, cette année, dans son tourbillon chargé de particules de sables, est allé jusqu’aux rives européennes pour donner, hier matin, certaines villes espagnoles et françaises un coloris saharien.
Des dégâts matériels signalés à Mostaganem
Les rafales de vent qui se sont abattues dans la nuit de lundi à mardi, et qui se sont poursuivies toutes la journée de mardi sur la wilaya de Mostaganem, n’ont pas été sans conséquences : des dégâts matériels ont été signalés dans de nombreuses régions, en plus des coupures intempestives du courant électrique, des toitures qui ont été arrachées et des devantures de magasins ont cédé sous les rafales. Cette situation a aussi été catastrophique pour les agriculteurs car des dizaines de serres en plastique, servant à la culture, ont été sérieusement endommagées (structures métalliques et plasticulture sérieusement détériorées), plus particulièrement dans le Dahra Est, connue pour la pratique intensive de la plasticulture, a-t-on appris auprès de sources locales. Des aviculteurs ont aussi subi des dommages. On fait état de la destruction de nombreux poulaillers.
Des rafales, ayant atteint par moment 50 km/h, selon des sources concordantes. Ces vents violents, chargés de sable et de poussières de couleur ocre, limitent considérablement la visibilité des conducteurs sur les différents axes routiers de la wilaya. Notons que les différents services des urgences médicales dans la wilaya de Mostaganem on soulagé de nombreux cas souffrant de détresse respiratoire, comme les asthmatiques et les personnes atteintes d’allergies respiratoires. Au moment où nous mettons sous presse, la wilaya de Mostaganem continue d’enregistrer les fortes rafales de vent.
Akram El Kébir et Lakhdar Hagani