C’est dans sa note de synthèse, publiée cette semaine, que l’OMS a émis de nouvelles consignes pour les pays en proie à une épidémie de Mpox. Il est notamment recommandé aux pays touchés par le variant de lancer des plans de vaccination dans les zones où des cas sont apparus, tout en privilégiant les personnes à risque d’infection élevé. Explications !
Il existe un lien temporel entre l’augmentation de l’incidence de la Mpox chez l’être humain au cours des dernières années et la baisse de l’immunité de la population contre les orthopoxvirus suite à l’arrêt de la vaccination antivariolique au niveau mondial». C’est ce qu’a indiqué la récente note de synthèse de l’OMS concernant sa position sur les vaccins contre la variole et la Mpox.
En effet, les données de surveillance recueillies en RDC ont montré, selon l’OMS, que parmi les personnes nées avant 1980, celles qui avaient été vaccinées contre la variole avec des vaccins de première génération contenant le virus de la vaccine présentaient un risque 5,2 fois plus faible de contracter la Mpox que les personnes non vaccinées. «Ce qui signifie que l’efficacité préexposition de ces vaccins contre la Mpox est de 80,7%», poursuit la note.
A savoir que tous les vaccins actuellement disponibles contre la variole et la Mpox sont préparés à partir d’un virus de la vaccine vivant (orthopoxvirus). Ces vaccins de première génération sont donc principalement préparés à partir de souches. Mais finalement, faut-il opter pour une vaccination préventive ou se limiter à une riposte aux flambées épidémiques ?
Si l’OMS ne recommande pas, pour le moment, de campagnes de vaccination de masse, en raison de la rareté des vaccins et de la nécessité de les réserver pour les cas les plus urgents, «une vaccination préventive contre la Mpox pourrait être envisagée à l’avenir», assure la note de l’OMS. Mais cela ne serait réalisable qu’à deux conditions.
La première : si l’on parvient à identifier et à définir plus clairement les zones géographiques et les populations à risque. Sachant que dans certains environnements, la possibilité d’identifier les populations à risque d’exposition est limitée par les données épidémiologiques disponibles et cela est particulièrement vrai pour les communautés concernées par une transmission zoonotique.
La seconde : si l’on parvient à mieux caractériser les performances des vaccins. Une primo-vaccination préventive reste toutefois recommandée, selon l’OMS, pour les agents de santé présentant un risque d’exposition répétée, les personnels de laboratoire travaillant avec des orthopoxvirus mais aussi pour le personnel de santé qui effectue des tests de diagnostic de la Mpox ou qui dispense des soins.
«Etant donné que la durée de la protection conférée par les vaccins contre la Mpox n’est pas entièrement établie, il convient d’envisager une revaccination périodique chez les personnes qui présentent un risque élevé d’exposition à des orthopoxvirus plus virulents», explique la note de synthèse. Précisons que cette revaccination peut avoir lieu aussi souvent que tous les 2-5 ans pour le personnel de laboratoire présentant le risque d’exposition le plus élevé.
D’ailleurs, cela est déjà pratiqué dans les deux centres collaborateurs de l’OMS qui sont des conservatoires autorisés du virus variolique à des fins de recherche. Les cas contacts de personnes atteintes de Mpox peuvent aussi faire l’objet d’une vaccination préventive. En effet, selon la note de l’OMS, il serait idéal que celle-ci se fasse dans les 4 jours suivant la première exposition.
Recommandant au passage de vacciner les personnes remplissant les conditions requises pour la vaccination. «Chez les personnes ayant précédemment été vaccinées contre la Mpox, il faut procéder à une évaluation individuelle du rapport bénéfices/risques», réitère la note.
Notez qu’il existe plusieurs contre-indications à l’utilisation des vaccins contre la variole et la Mpox. En effet, les vaccins à vecteur réplicatif et à capacité de réplication minimale ne doivent pas, selon l’OMS, être administrés pendant la grossesse, ni aux personnes présentant un déficit immunitaire avancé ou une immunosuppression sévère, ni aux personnes atteintes d’affections cutanées telles qu’une dermatite atopique. «Les vaccins réplicatifs ne doivent pas être utilisés chez les nourrissons», poursuit la note.
De plus, toute allergie aux composants d’un vaccin constitue une contre-indication à l’administration de ce vaccin. «La mise en œuvre et le renforcement des capacités de laboratoire et des efforts de surveillance de la Mpox permettraient de mieux suivre la charge de cette maladie, de riposter en temps utile aux flambées épidémiques et de mieux définir les populations nécessitant des mesures supplémentaires de lutte contre la maladie, y compris une vaccination préventive», affirme la note de synthèse.
Assurant qu’il est important de veiller à collecter systématiquement de données pendant le déploiement des vaccins afin d’évaluer l’efficacité, la sécurité et l’impact des stratégies de vaccination contre la Mpox.
Dans les régions d’endémie, les experts jugent urgent de mieux comprendre les modes de transmission de l’infection à MPXV, de déterminer son incidence, sa mortalité et la séroprévalence selon l’âge et de caractériser les facteurs de risque et la gravité de la maladie. Définir la durée de la protection conférée par les vaccins, en fonction de la voie d’administration et du nombre de doses reçues est tout aussi important.
Cela nous renseignera sur l’efficacité de la vaccination post-exposition et le moment opportun pour l’administrer. «Il est également important de déterminer l’efficacité des vaccins contre les différents clades (clade I, clade II et sous-clades)», fait savoir la synthèse.
Par ailleurs, la note a révélé aussi que les patients présentant une Mpox sévère doivent faire l’objet d’un dépistage actif du VIH, compte tenu de la forte association existant entre l’infection à VIH et les formes sévères de Mpox.
«Chez les personnes diagnostiquées positives au VIH, la mise en place d’un traitement antirétroviral nécessite de prêter attention aux interactions pharmacologiques, mais doit débuter dès que cela est cliniquement raisonnable pour permettre une restauration immunitaire à long terme et maximiser la mise en relation avec les services de soins», recommande la note de l’OMS.