L’Algérie est actuellement en tête des priorités africaines de la nouvelle administration américaine. La toute première convention en matière de défense sur le continent a été signée avec Alger, et c’est cette dernière qui a reçu le premier appel du secrétaire d’État américain, Marco Rubio. Cependant, la politique protectionniste du président Donald Trump n’épargne personne dans sa guerre commerciale mondiale. L’Algérie figure parmi plus de 180 pays touchés par une hausse significative des droits de douane.
Cette politique assumée de protectionnisme américain impacte même les partenaires stratégiques des États-Unis, modifiant en profondeur les équilibres économiques mondiaux avec des répercussions imprévisibles. Cinquième fournisseur africain des États-Unis, l’Algérie est l’un des pays les plus affectés. Depuis le mercredi 2 avril, la taxe sur les produits algériens est passée de 18,9% à 30%.
Cette augmentation substantielle aura un impact direct sur les revenus en devises du pays, obligeant Alger à explorer de nouveaux marchés pour compenser ces pertes. De son côté, Donald Trump a qualifié cette initiative de "déclaration d’indépendance économique" (Liberation Day), vantant les bénéfices des nouveaux tarifs douaniers. Pour certains pays, la hausse dépasse largement le minimum de 10%, comme la Libye (31%) et la Tunisie (28%), tandis que le Maroc s’en tire mieux avec une augmentation limitée à 10%. Parmi les nations du Maghreb, seule la Libye est plus pénalisée que l’Algérie.
L’impact de cette hausse de 11,1 points de pourcentage sera significatif, compte tenu du rôle des États-Unis dans le commerce extérieur algérien. Donald Trump justifie ces tarifs "réciproques" par son ambition de "rendre l’Amérique riche à nouveau", mais les conséquences pour les partenaires étrangers restent incertaines. En 2024, les échanges commerciaux entre l’Algérie et les États-Unis ont atteint 3,5 milliards de dollars. Si les exportations américaines vers Alger ont diminué de 15,5%, celles de l’Algérie vers les États-Unis ont subi une baisse encore plus marquée, avec un recul de 18,7%. La conjugaison de ces nouveaux tarifs douaniers et de la baisse des volumes exportés risque d’aggraver la situation.
Selon l’Office National des Statistiques (ONS), les États-Unis étaient en 2023 le deuxième importateur de produits algériens hors hydrocarbures, avec un volume de 581 millions de dollars, juste derrière la France. Avec cette forte augmentation des droits de douane, les produits algériens perdront en compétitivité sur le marché américain. Pour faire face à ce défi, Alger devra accélérer la diversification de ses marchés et de ses exportations.
Les marchés asiatiques, notamment la Chine, ainsi que les marchés africains, deviendront des axes stratégiques essentiels pour les exportateurs algériens. L’Algérie a déjà amorcé un tournant vers l’Afrique, en enregistrant des avancées notables dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Par ailleurs, renforcer les positions sur le marché européen sera également une nécessité, d’autant plus que les États-Unis y ont renforcé leur influence, notamment dans le secteur du gaz, en dépit des tensions commerciales avec l’UE.