Upwelling extrême : Des animaux marins meurent brutalement de froid… à cause du réchauffement climatique !

22/04/2024 mis à jour: 04:54
AFP
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Les épisodes de froid marin s’intensifieraient en raison de la hausse des températures

L’upwelling, un phénomène naturel bien connu des océanographes, est normalement source de vie : quand le vent pousse l’eau de surface des océans, l’eau froide qui remonte des profondeurs pour combler le vide apporte de précieux nutriments dont profitent le plancton et l’ensemble du réseau alimentaire. Mais en 2021 au large de la côte est de l’Afrique du Sud, quelque chose a changé… 

Le 2 mars, les carcasses de plus de 260 organismes marins appartenant à 81 espèces, telles que des requins, des raies manta et des carangues, se sont échouées le long du littoral sud-africain, sur une bande de 230 kilomètres entre la ville de Port Elizabeth et le nord de la côte

Or, un upwelling s’était justement produit la veille dans la zone, d’après les données satellitaires et les mesures de surface analysées par des chercheurs de l’université James Cook en Australie et leurs collègues internationaux (Nature Climate Change, 15 avril 2024). La température de l’eau avait chuté de 9,2 degrés Celsius en moins de 24 heures, et l’épisode de froid avait duré sept interminables jours.
 

Des épisodes de froid à la fois plus fréquents et plus intenses

Au-delà de ce cas emblématique, les auteurs de l’étude ont examiné d’autres upwellings s’étant produits à proximité du courant des Aiguilles, dans le sud de l’océan Indien… mais aussi de l’autre côté du globe, au niveau du courant est-australien – «l’autoroute sous-marine» rendue célèbre par le film d’animation Le Monde de Nemo (2003). 
 

Mauvaise nouvelle pour les animaux en quête d’un refuge climatique

Entre 1981 et 2022, ils ont constaté une tendance à l’augmentation à la fois de la fréquence et de l’intensité des événements froids.En fait, les épisodes de froid marin s’intensifieraient en raison… de la hausse des températures ! Un paradoxe qu’explique le Dr Lubitz, qui a dirigé les recherches : «Les océans se réchauffent globalement, mais le changement climatique peut simultanément modifier les courants marins et les vents pour produire des vagues de froid courtes mais intenses.»
 

Ces résultats représentent une très mauvaise nouvelle pour les espèces tropicales qui étendent leur aire de répartition vers les pôles à mesure que les océans se réchauffent, puisque ces animaux en quête d’un refuge climatique pourraient se voir confrontés à de nouveaux risques liés à des remontées d’eau froide intermittentes, mais extrêmes.
 

C’est le cas notamment du requin-bouledogue, classé «vulnérable» sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et dont les auteurs ont analysé les mouvements grâce à des techniques de marquage électronique. 

Dans les zones étudiées, ces animaux tentent de survivre en se rapprochant le plus possible de la surface, mais frôlent régulièrement la limite des températures les plus froides supportables par leur organisme. «Nos résultats suggèrent que l’intensification de l’upwelling induite par le changement climatique pourrait augmenter la fréquence à laquelle la mégafaune marine migratrice subit des événements froids meurtriers», prévient Dr Lubitz.
 

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