Les étudiants pointent du doigt le manque d’enseignants, de matériel pédagogique, tout en réclamant des solutions à des problèmes qu’ils jugent récurrents et déjà soulevés à plusieurs reprises par le passé auprès de l’administration.
L’Institut de sciences et techniques appliquées (ISTA), de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira, traverse des perturbations paralysant son fonctionnement depuis le début de la rentrée universitaire. En effet, plusieurs cours n’ont pas été dispensés, et les étudiants, regroupés en collectifs, se sentent totalement abandonnés. Dès la rentrée, les dysfonctionnements de l’institut ont plongé les étudiants dans une grande inquiétude.
Les lacunes sont nombreuses. Ils dénoncent l’absence de l’administration, le manque d’enseignants et de matériel pédagogique, tout en réclamant des solutions à des problèmes qu’ils jugent récurrents et déjà soulevés à plusieurs reprises par le passé. «Nous sommes complètement laissés à nous-mêmes», déplore un membre du collectif, ajoutant que «cette situation dure depuis des mois et, selon les étudiants, elle résulte d’une série de manquements graves, à commencer par l’absence d'une administration active».
«La direction de notre institut, censée être notre interlocutrice, fonctionne au ralenti car il n’y a personne pour nous écouter, personne pour gérer les problèmes quotidiens», a-t-on témoigné. Les signataires d’une requête, dont une copie nous a été remise, pointent également du doigt le manque criant d'enseignants. Plusieurs cours essentiels n’ont toujours pas commencé faute de professeurs, et met en péril la qualité de leur formation. «Nous sommes censés être formés dans des disciplines techniques qui nécessitent un enseignement rigoureux et constant.
Or, nous manquons non seulement de professeurs, mais aussi d’encadrement et de matériel pédagogique, notamment pour les laboratoires», se plaignent-ils. En plus du manque de personnel, le déficit de matériel pédagogique et d'équipements dans les laboratoires a des répercussions directes sur l’enseignement pratique. Les étudiants des filières technologiques, qui ont besoin d’un accès régulier à des équipements spécialisés, se retrouvent sans outils, ce qui compromet la composante pratique de leur apprentissage.
«Les laboratoires sont soit fermés, soit vides. Il n’y a pas de matériel pour réaliser les travaux pratiques. Comment sommes-nous censés maîtriser les concepts si nous ne pouvons pas les expérimenter ?», s’interroge-t-on. Dans le document adressé au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les plaignants demandent également la mise en place de partenariats et la signature de contrats avec des entreprises en relation avec le secteur technologique, afin de faciliter les stages, les formations pratiques et l’insertion professionnelle.
«Nous avons besoin de collaborations concrètes avec les entreprises pour acquérir une expérience réelle et nous préparer au monde du travail. Sans cela, notre formation reste purement théorique», souligne un représentant des étudiants. Pour eux, le lien entre l’enseignement académique et le marché du travail est indispensable, mais largement négligé.
Ces revendications ne sont pas nouvelles. Selon les étudiants, ces problèmes ont déjà été soulevés dans le passé, sans jamais trouver de réponse. «Nous avons déjà alerté sur ces mêmes points. Cela fait des années que la situation est la même, et à chaque rentrée, les mêmes promesses sont faites sans qu'aucune solution ne soit apportée», déplorent-ils.
La crise que traverse l’institut de technologie de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira n’est malheureusement pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés rencontrées par plusieurs établissements d’enseignement supérieur en Algérie. «Nous voulons simplement étudier dans de bonnes conditions, avec des enseignants, du matériel et une administration digne de ce nom», résument les étudiants. Contacté par téléphone, le doyen de l’institut en question n’a pas souhaité nous répondre.