Comment rendre l’université algérienne visible, attractive et la hisser au rang d’établissement mondial ? La question a longtemps été éludée, mais elle se pose aujourd’hui avec acuité, tant nos établissements sont absents des classements internationaux.
Pour remédier à ce retard dans la course à l’excellence, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) a d’ores et déjà mis en place son dispositif. Une commission ministérielle a ainsi sillonné le territoire national à l’effet d’évaluer les universités et les centres universitaires au vu de leur classement. Sur les 111 établissements du secteur du supérieur, 109 sont en lice pour former le peloton de tête.
Le classement sera élaboré à l’issue de la Semaine scientifique nationale, dans sa deuxième édition, qui sera clôturée aujourd’hui. «Cette manifestation verra l’organisation du premier concours de classement des établissements d’enseignement supérieur en Algérie», a indiqué, la semaine dernière depuis l’université Ferhat Abbas (Sétif 1), le secrétaire général du MESRS. Noureddine Ghouali, dont le déplacement à la capitale des Hauts-Plateaux s’est inscrit dans la préparation dudit événement, a précisé que «ce classement national, qui tient compte des spécificités algériennes, sera conforme aux normes universelles afin de rejoindre ces universités dans la course au classement mondial et parvenir à intégrer cinq établissements nationaux parmi les 1000 universités scientifiques du monde à l’horizon 2024».
Ainsi, les universités algériennes seront soumises à un classement selon 5 critères. A savoir le volet pédagogique, la recherche scientifique, le développement technologique et l’innovation, la gouvernance et l’ouverture à l’international. Ce ranking, dont les résultats seront connus le 21 du mois en cours, permettra aux universités performantes de se distinguer du reste du lot et d’aspirer à rejoindre les classements mondiaux.
L’objectif du procédé, selon Mohamed Bouhicha, directeur de la recherche au MESRS, lors de son intervention, mercredi, sur les ondes de la Radio nationale, est «de permettre aux pouvoirs publics d’accompagner les universités sélectionnées à l’international». L’ambition de classer une poignée d’universités algériennes dans le top des 500 demeure, par ailleurs, tributaire des résultats d’évaluation de chaque année. «Une réforme de l’université est un préalable à toute politique de classement», commente-t-on sur les forums universitaires. Et d’énumérer dans la foulée un chapelet de griefs qui traduit le marasme de l’université algérienne, dont «le bricolage dans la gouvernance, les violences multiformes dans les campus, la bureaucratisation et la dévitalisation de l’institution».
Et à certains de rappeler qu’il existe six classements internationaux où aucune université algérienne ne figure. A ce propos, dans le classement par filière, au moins trois universités ont droit de cité, à l’image de l’USTHB, celle de Annaba ou de Sidi Bel Abbès, a-t-il été toutefois rappelé. En référence aux classements 2022, dans celui de Times Higher Education Impact Rankings, publié au mois d’avril, quatre universités algériennes ont relativement tiré leur épingle du jeu, à savoir M’sila, Guelma, Béjaïa, Jijel et Oran. Or si la première, M’sila, caracole sur le plan national, elle est classée 800/1000 au niveau mondial.
Ce classement est le seul tableau de performance mondial qui évalue les universités par rapport aux Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Ses critères de sélection sont basés sur «l’aspect éducatif, mais aussi sociétal et inclusif des universités». S’agissant de celui des «Jeunes universités» (The Times Higher Young University Rankings), datant du 15 février 2022, le mérite revient à l’université Ferhat Abbas de Sétif. Elle s’est distinguée en occupant la 140e place au niveau international et a maintenu sa place de leader sur le plan national.
Ce classement s’intéresse aux universités créées depuis 1972. Il repose sur 13 indicateurs de performance en matière de recherche, transfert des connaissances et des perspectives internationales.