Une vingtaine de candidats déjà pressentis pour concurrencer Saïed : Début de la course à la magistrature suprême en Tunisie

18/04/2024 mis à jour: 07:43
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Le calendrier électoral tunisien, conçu par l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), prévoit le scrutin présidentiel pour l’automne 2024, comme initialement prévu depuis les élections de 2019. Le président Kaïs Saïed n’a par ailleurs cessé de rappeler l’importance du retour régulier au peuple pour entendre sa voix, notamment dans pareils rendez-vous électoraux qu’il insiste à respecter. 

Ainsi, après diverses spéculations sur les médias et les réseaux sociaux concernant un éventuel report de ce rendez-vous électoral crucial, voilà que l’ISIE confirme, encore une fois, qu’elle va promulguer les textes nécessaires à l'élection présidentielle juste après l’installation, demain 19 avril 2024, du Conseil national des régions et des districts, dont les élections ont démarré le 24 décembre 2024.

 Plusieurs personnalités politiques ont déjà exprimé, depuis des mois, leur intention de se présenter à ce rendez-vous électoral crucial pour les cinq prochaines années, en vertu de la nouvelle Constitution, validée par référendum le 25 juillet 2022, et basculant la Tunisie de nouveau vers un régime plutôt présidentiel. 

A l’approche de l’automne 2024, des personnalités de l’opposition ont exprimé l’intention de se présenter au prochain scrutin, y compris Abir Moussi et Issam Chebbi, chefs de parti incarcérés par les autorités. Mme Moussi est la cheffe du Parti destourien libre (PDL), elle était membre du Parlement dissous et a été emprisonnée suite à des altercations avec les forces de sécurité devant le palais de Carthage. Elle est également poursuivie par l’ISIE pour des délits électoraux. Le bureau politique du PDL, réuni le 14 avril courant, a désigné Mme Moussi comme sa candidate à la prochaine présidentielle. 

Même chose pour Issam Chebbi, secrétaire général du Parti républicain et arrêté depuis février 2023, avec une cinquantaine d’autres activistes politiques, dans le cadre de l’affaire de complot contre la sûreté de l’Etat, il a été désigné par son parti pour le représenter au prochain scrutin présidentiel. Le bureau politique du Parti républicain s’est dit ouvert à toutes les propositions concernant un candidat commun du Front du salut pour l'élection  présidentielle. 


Chacun pour soi

Aux côtés de Moussi et Chebbi Jr., l’ancien ministre de Ben Ali, Mondher Zenaïdi, installé en France depuis plusieurs années, a exprimé son intention de se présenter à l'élection présidentielle. Zenaïdi est classé comme candidat appartenant au même clan électoral que Mme Moussi, la présidente du PDL, qui se prévaut, elle-aussi, du camp du régime de Ben Ali. Pareille concurrence pourrait affecter le potentiel électoral de ces deux candidats, comme ce fut le cas pour Youssef Chahed et Abdelkrim Zebidi en 2019, puisqu’ils appartenaient pratiquement à la même famille politique. La concurrence entre Chahed et Zebidi avait alors propulsé Nabil Karoui comme dauphin de Kaïs Saïed au 1er tour de l'élection, largement remportée par Saïed avec 77% des voix exprimées au 2e tour. 

Parmi les personnalités connues des Tunisiens, il y aura également Safi Saïd, présent également lors de l'élections de 2019, quand il s’était placé à la 6e place au 1er tour, réunissant près de 7% des voix. Safi Saïed se présente comme un nationaliste arabe et il a roulé sa bosse depuis les années 1980 auprès des Palestiniens au Liban et en Syrie, avant de jouer le vassal des régimes de Saddam Hussein et de Mouammar El Gueddafi. 

De nouveaux visages ont également exprimé leur intention de se présenter au prochain scrutin présidentiel en Tunisie. L’homme de communication Nizar Chaâri a ainsi déclaré qu’il se portait candidat, tout comme la PDG d’un mois de Tunis Air Olfa El Hamedi, DhakerLahidheb le médecin cardiologue et ancien dirigeant d’Attayar, la comédienne et chroniqueuse Najwa Miled, ainsi que Lotfi Mraihi, secrétaire général de l’Union populaire républicaine (UPR), candidat malheureux en 2019. 

Le nombre élevé traduit l’intérêt de la classe politique à ces joutes électorales, considérées comme «cruciales» par l’ex-dirigeant d’Ennahdha, Abdellatif Mekki, désormais à la tête d’un nouveau parti Travail et accomplissement. M. Mekki considère qu’il «ne faut pas rater ces prochaines élections, afin de se placer dans le nouveau paysage politique de la Tunisie de demain». 

Quant au président Saïed, il ne s’est pas ouvertement exprimé sur sa participation au prochain scrutin. Il a même esquivé la réponse à la question directe qu’un journaliste lui avait posée le 6 avril à Monastir. Toutefois, tout laisse croire qu’il sera candidat à sa propre succession, d’autant plus que l’échafaudage institutionnel qu’il avait conçu dans la Constitution de 2022 vient d’être finalisé. L’analyste politique Mohamed Bououd lui accorde toutes les chances de passer le 1er tour vu le taux de satisfaction dépassant les 70% sur sa gouvernance.

Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami 
 

 

 

Fin de l’instruction de l’affaire de complot contre la sûreté de l’état

La porte-parole du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, Hanène Gaddes, a déclaré aux médias avant-hier, 16 avril, que le juge d’instruction chargé de l’affaire dite de «complot contre la sûreté de l’Etat» avait décidé vendredi dernier, 12 avril, de clore le dossier et de le transmettre à la chambre d’accusation. Quarante et un prévenus sont  poursuivis par ledit rapport, alors que 12 autres ont été omis des poursuites. Parmi les personnalités connues, seul l’homme d’affaires et lobbyiste Kamel Letaïef a répondu à la convocation du juge d’instruction, l’autre lobbyiste et homme d’affaires KhayamTurki, l’ancien secrétaire général d’Ettayar, Ghazi Chaouachi, le secrétaire général du Parti républicain, Issam Chebbi, l’universitaire Jawher Ben Mbarek et le dirigeant d’Ennahdha Abdelhamid Jelassi ont boycotté l’audience. Le comité de défense des accusés a dénoncé, lors d’une conférence de presse tenue mardi 16 avril, les agissements du juge d’instruction. Me Samir Dilou a indiqué que le juge d’instruction n’avait plus le droit d’entreprendre la moindre action relative au dossier depuis le 5 avril, d’autant plus qu’il est en cassation. Cela signifie, selon lui, qu’en respectant les procédures, les détenus devraient être libérés dans les prochains jours, fustigeant ainsi la manœuvre du juge d’instruction qui a mis fin à l’instruction pour suspendre toute possibilité de libérer les détenus. «Cela représente une atteinte claire aux procédures», a dénoncé Me Dilou, qui a également insisté sur le caractère politique de cette affaire et sur les pressions exercées sur les magistrats. M. S.

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