Pour partager avec les plus jeunes l'histoire universelle de l'exil, la Syrienne Marya Zarif, installée au Canada, a opté pour le dessin animé, avec Dounia et la Princesse d'Alep, son premier long-métrage de fiction qui sort en salles en France mercredi. Le film, qui était en compétition au Festival d'Annecy, raconte l'histoire de Dounia, une orpheline de mère de six ans, qui va prendre le chemin de l'Europe, puis de l'Amérique, pour fuir la guerre.
Vie dans les camps, passage des frontières, voyage à bord d'un canot: la mort rôde, mais la petite fille peut compter sur la bienveillance de la princesse d'Alep, un esprit lié au souvenir de sa mère. Et lorsque la situation est désespérée, elle peut utiliser quelques graines de baraké, une épice aux vertus curatives qui va faire des miracles. «Ce n'est pas un film sur la guerre, mais sur le courage d'une famille syrienne», a expliqué à l'AFP la réalisatrice, qui l'avait d'abord développé en série d'animation.
Accessible aux enfants, ce n'est cependant «pas un film innocent dans le sens naïf, mais plutôt d'une innocence avisée, car les enfants savent qu'il y a du noir» dans la réalité, ajoute-t-elle. La réalisatrice, qui a grandi entre Alep et l'Arabie saoudite avant de s'installer au Québec, a voulu être la plus «sincère» possible dans sa description de sa ville natale, dans sa diversité culturelle et religieuse. «Il est facile de tomber dans l'orientalisme, c'est quelque chose de très vicieux», ajoute la cinéaste, qui tenait toutefois à la touche de «poésie et de surréalisme» qui nimbe cette histoire.
Une mélodie partagée
La berceuse chantée à la fillette dans le film en résume l'esprit: cette chanson traditionnelle «vient des Arméniens qui ont fui le génocide» de 1905, avant d'être adoptée par les Syriens. «C'est une mélodie qui a voyagé par des peuples qui ont vécu des choses sombres, et elle fait le balancement entre le noir et la lumière», ajoute-t-elle.
Pour Marya Zarif, la suite n'est pas écrite: après avoir travaillé sur divers projets dont l'installation d'aires de jeux pour enfants dans les camps de réfugiés, elle espère que son film sortira aussi rapidement dans d'autres pays, notamment dans le monde arabe.