La secrétaire générale adjointe aux Affaires humanitaires et coordonnatrice des secours d’urgence par intérim au sein de l’ONU, Mme Joyce Cleopa Msuya Mpanju, a eu des mots très forts ce jeudi, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation humanitaire à Ghaza. Mme Msuya a qualifié la situation à Ghaza d’«extrêmement désespérée».
«Les civils ont faim. Ils ont soif. Ils sont malades. Ils sont sans abri. Ils ont été poussés au-delà des limites de l’endurance. Au-delà de ce qu’un être humain devrait supporter», s’est indignée la responsable onusienne, citée par Onu-Info.
Mme Msuya a expliqué que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) qu’elle représente a informé à plusieurs reprises le Conseil de sécurité depuis le 7 octobre des «niveaux effroyables de morts, de blessés et de destructions qui soulèvent de très graves inquiétudes quant au respect du droit humanitaire international».
Alertant sur les effets désastreux sur les civils des ordres d’évacuation répétés émis par l’armée israélienne, la microbiologiste et diplomate tanzanienne a affirmé que «rien qu’entre le 19 et le 24 août, cinq ordres de ce type ont été émis, soit le plus grand nombre d’ordres émis en une seule semaine depuis le début de cette crise». «Ces ordres concernent un quart de million de personnes dans 33 quartiers de Deïr Al Balah, Khan Younès et du nord de Ghaza», a-t-elle précisé.
Elle a ajouté que «l’hôpital Chouhada Al Aqsa ainsi que des cliniques, des puits, une usine de dessalement et un réservoir d’eau ont tous été touchés par ces derniers ordres». «La production d’eau à Deir Al Balah a été réduite d’environ 85%», s’est-elle alarmée.
«L’ordre d’évacuation qui a suivi, le 25 août, a entraîné le plus grand déplacement de personnel de l’ONU depuis qu’il a été contraint de quitter le nord de Ghaza en octobre 2023», a-t-elle encore signalé. «Au cours des derniers jours, quelque 200 membres du personnel ont été touchés, ainsi que 9 maisons d’hôtes et 4 entrepôts utilisés par le personnel des Nations unies, et 6 maisons d’hôtes utilisées par des ONG», a énuméré l’oratrice.
En tout, «plus de 88% du territoire de Ghaza a reçu, un jour ou l’autre, un ordre d’évacuation», a révélé Mme Msuya. «Les civils vivent aujourd’hui dans moins de 11% de la surface de Ghaza», a-t-elle poursuivi. Au cours de son exposé poignant, Joyce Msuya a reconnu combien «il est difficile de décrire l’immense combat que mènent les gens pour trouver un abri et des biens de première nécessité».
Pour la représentante du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU, «ce dont nous avons été témoins au cours des 11 derniers mois, et dont nous continuons d’être témoins, remet en question l’engagement du monde à l’égard de l’ordre juridique international qui a été conçu pour prévenir ces tragédies». «Cela nous oblige à nous demander ce qu’il est advenu de notre sens fondamental de l’humanité», s’est-elle émue en exigeant un cessez-le-feu durable à Ghaza.