Dimanche soir, le Hezbollah a mené une attaque aux drones contre un camp d’entraînement de la Brigade Golani, près de Haïfa, qui a fait 4 morts et 60 blessés parmi les soldats israéliens. Par ailleurs, le «Hizb » a multiplié les opérations ciblées contre les troupes sionistes, leur infligeant des pertes significatives. C’est dire l’importance du potentiel militaire et la formidable résilience du Hezbollah malgré la décapitation de son leadership après l’assassinat de Hassan Nasrallah le 27 septembre et le bombardement massif de son infrastructure.
Stupeur en Israël : une attaque du Hezbollah dimanche soir contre un camp militaire de la Brigade Golani à Binyamina, au sud de Haïfa, a fait 4 morts et une soixantaine de blessés parmi les soldats israéliens. Cette opération aura ainsi fait plus de victimes que les 320 roquettes lancées par le mouvement chiite libanais le 24 août dernier contre Israël pour venger la mort de Fouad Chokr, un de ses chefs militaires tué le 30 juillet.
«Cette frappe de drones visant un camp d’entraînement à Binyamina, au sud de la grande ville portuaire de Haïfa, est la plus meurtrière menée par le mouvement libanais pro-iranien sur le sol israélien depuis le début de l’escalade militaire il y a près d’un mois entre les deux belligérants», note l’AFP.
Le Hezbollah a indiqué, dans un communiqué, avoir mené cette offensive «en réponse aux massacres commis par l’ennemi israélien» et «par fidélité à Hassan Nasrallah». Les images de l’attaque sont assez impressionnantes : elles montrent des soldats israéliens en train de manger dans un réfectoire le soir, lorsque l’attaque est survenue. Il s’en suivit des scènes de panique, des corps ensanglantés gisant par terre, des visages fermés, ceux de jeunes bidasses aux abois au milieu d’un grand désordre.
Une pluie de roquettes pour faire diversion
Comment le Hezbollah a-t-il réussi à tromper la vigilance du «dôme de fer» et autres boucliers sophistiqués du système de défense aérienne qui protège l’Etat hébreu ? Le mouvement de résistance libanais a précisé qu’il a tiré «une escadrille de drones explosifs». Il a souligné avoir monté une «opération complexe» consistant en un lancement simultané de dizaines de missiles dans les régions de Nahariya et Acca dans le but de faire diversion et d’«occuper les systèmes de défense aérienne israéliens».
Le site d’information Times of Israël laisse entendre que l’engin qui a touché ce camp d’entraînement de la Brigade Golani est un drone unique qui a réussi à atteindre sa cible. «Le drone s’est écrasé peu avant 19h», indique le site. L’engin volant chargé d’explosifs a «frappé un réfectoire à l’intérieur de la base».
Outre les quatre soldats tués, «sept autres soldats ont été grièvement blessés, et 14 autres souffrent de blessures modérées», affirme le site israélien, citant un communiqué de l’armée sioniste. Times of Israël révèle qu’une «enquête préliminaire sur l’attaque a permis de comprendre que deux drones lancés par le Hezbollah ont pénétré dans l’espace aérien israélien depuis la mer. Il s’agissait de drones ''Mirsad'', connus en Iran sous le nom d’Ababil-T.
Ce modèle est le principal drone suicide du Hezbollah, et leur utilisation n’était ni unique ni sans précédent». «Selon le Centre Alma, un institut de recherche israélien spécialisé dans les problèmes de sécurité dans le nord, le drone a un rayon d’action de 120 kilomètres, une vitesse maximale de 370 kilomètres par heure, la capacité de transporter jusqu’à 40 kilogrammes d’explosifs et de voler à des altitudes allant jusqu’à 3000 mètres», poursuit le média israélien. Les deux drones «ont été repérés par les radars israéliens, et l’un d’eux a été abattu au large de la côte, au nord de Haïfa.
(…) Les avions et les hélicoptères de l’armée de l’air ont poursuivi le second drone, mais il a disparu des radars et les forces israéliennes ont perdu sa trace, probablement parce qu’il volait très près du sol. Aucune sirène n’a retenti, car on a supposé qu’il s’était écrasé ou qu’il avait été intercepté une fois qu’il avait disparu.» En plus des deux drones, le Hezbollah a tiré 115 roquettes vers Israël dimanche soir «dans le but de saturer les systèmes de défense aérienne».
«Des millions d’Israéliens dans les abris antimissiles»
Le Hezbollah a menacé Israël de nouvelles attaques si l’entité sioniste poursuivait sa campagne meurtrière contre le Liban. Le mouvement de résistance chiite a même multiplié les attaques au cours de la journée d’hier, lançant de nouvelles salves de roquettes vers le nord de l’Etat hébreu. Si bien qu’en fin de journée, l’armée israélienne a posté ce message sur le réseau X : «Des millions d’Israéliens courent vers les abris anti-bombes alors que les sirènes d’alarme retentissaient dans tout Israël.»
L’occupant sioniste a indiqué avoir intercepté hier plusieurs missiles tirés depuis le Liban sur le centre d’Israël. «Les sirènes ont retenti il y a peu dans les régions de Sharon, Menashe et Wadi Ara, et un certain nombre de projectiles ont été identifiés, traversant le territoire israélien depuis le Liban. L’armée de l’air a réussi à intercepter tous les projectiles», a déclaré l’armée israélienne dans un communiqué cité par l’AFP.
Le Hezbollah a annoncé avoir visé hier une base navale israélienne près de Haïfa ainsi qu’une caserne à proximité de Netanya, ville côtière au nord de Tel-Aviv. «Des journalistes de l’AFP ont entendu une sirène d’alerte et des explosions au-dessus de la base militaire touchée dimanche soir par un drone du Hezbollah au sud de Haïfa», rapporte l’agence française. Le mouvement de résistance chiite a mené, par ailleurs, plusieurs contre-offensives aux frontières pour repousser les troupes israéliennes.
«Le Hezbollah a revendiqué vers 17h15 (ce lundi, ndlr) trois nouvelles attaques contre des rassemblements de soldats ou de forces de l’armée israélienne. Les deux premières ont visé la position israélienne de ''Khalet Warda'', qui fait face au village libanais de Aïta El Chaab (Bint Jbeil), et l’est de Markaba (Marjeyoun) à l’aide de ''roquettes''. La troisième a ciblé une autre position près de Misgav Am, proche de la localité libanaise de Adaïssé (Marjeyoun)», détaille L’Orient-Le-Jour.
Israël bombarde pour la première fois un village chrétien : 19 morts
Dans un communiqué, le Hezbollah a affirmé, en outre, avoir «tiré des obus d’artillerie sur un rassemblement de soldats de l’ennemi à Maroun Al Ras», au sud du Liban. Il a fait aussi état de «combats violents» contre des troupes sionistes avec «toutes sortes d’armes automatiques, des roquettes et de l’artillerie» dans un autre secteur, toujours au sud. Il dit avoir «visé un véhicule israélien de transport de troupes avec un missile guidé, y déclenchant un incendie». C’est dire l’importance du potentiel militaire et la formidable résilience du Hezbollah malgré la décapitation de son leadership après l’assassinat de Hassan Nasrallah le 27 septembre et le bombardement massif de son infrastructure.
Mais cela ne suffit pas à stopper la machine de guerre israélienne et son déluge de feu qui s’abat sur le Liban. Hier, l’aviation et l’artillerie sionistes ont pilonné sans merci plusieurs localités du Sud-Liban. A noter également que pour la première fois, Israël a bombardé un village chrétien. Selon l’ANI, il s’agit du village dit Aïto, situé dans une région montagneuse dénommée Zghorta, au nord du pays. Le bombardement a fait 18 morts, selon la Croix-Rouge libanaise.
Le bilan s’est alourdi à 19 victimes d’après L’Orient-Le-Jour. «Des équipes de la Croix-Rouge libanaise ont transféré les victimes vers les hôpitaux de la région. Sept personnes habitant dans des immeubles proches (du bâtiment ciblé) ont également été blessées et hospitalisées. Selon notre correspondant, 28 personnes déplacées du Sud habitent dans l’immeuble visé, qui appartient à une personne de la famille Alwane. Neuf personnes sont toujours portées disparues. Les opérations de recherche se poursuivent», rapporte L’Orient-Le-Jour.
2306 morts et 10 968 blessés au Liban depuis le 8 octobre 2023
Le ministère libanais de la Santé a fait état dimanche de 51 personnes tuées et 174 blessés la veille (soit le samedi 12 octobre) dans des frappes israéliennes, «portant à plus de 1300 le nombre de morts dans le pays depuis le 23 septembre», selon un décompte de l'AFP. «L’ONU a recensé près de 700 000 déplacés depuis cette date», ajoute l’agence française.
Le ministère libanais de la Santé précise à propos du bilan des pertes humaines de samedi dernier, que 14 morts et 63 blessés ont été enregistrés au Sud-Liban, 22 morts et 33 blessés au Mont-Liban (Jabal Loubnan), 10 morts et 50 blessés à Nabatiyeh, 3 morts et 11 blessés dans la plaine de la Bekaa, et 2 morts et 4 blessés au Nord-Liban. En tenant compte de ces nouvelles pertes, l’ensemble des victimes recensées depuis le début de l’agression israélienne contre le Liban, soit depuis le 8 octobre 2023, est de 2306 morts et 10 968 blessés, indique la même source. M. B.