Une année après le déclenchement de l’opération «Déluge d’Al Aqsa» : Israël, un état paria qui menace la paix au moyen-orient

07/10/2024 mis à jour: 20:19
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Photo : D. R.

Aujourd’hui, la guerre génocidaire menée par Israël contre Ghaza entame sa deuxième année, avec son élargissement au Liban et inévitablement à l’Iran, menaçant d’embraser toute la région du Moyen-Orient.

En ce samedi du 7 octobre 2023, le monde s’est réveillé sur une attaque inédite menée par la résistance palestinienne contre des colonies israéliennes limitrophes de Ghaza, provoquant une onde de choc planétaire. A bord de véhicules tout-terrain et utilitaires, de parapentes, de motos et d’engins, les combattants de la résistance ont pris d’assaut des colonies, tué des centaines d’Israéliens et pris en otage plus de 250 autres.

«Nous annonçons le début de l’opération ''Le déluge d'Al Aqsa'' en réponse aux crimes de l’occupation, et nous annonçons que la première frappe, qui visait les positions ennemies, les aéroports et fortifications militaires, a dépassé les 5000 missiles et obus», annonçait au monde le commandant en chef des Brigades Al Qassam, la branche armée du mouvement Hamas, Mohammad Al Deif, dans un clip audio largement diffusé et partagé sur la Toile.

Surpris et surtout choqué, Israël, par la voix du porte-parole de son armée, déclare «l’état d’alerte en préparation à la guerre», aidé militairement par ses alliés occidentaux, à leur tête les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Canada et l’Italie et soutenu politiquement au nom du droit à la légitime défense accordé à un Etat, qualifié par la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute institution de l’Onu, comme «force occupante» qui «a l’obligation de protéger les Palestiniens». Mais cette guerre s’est avérée, quelque temps plus tard, n’être qu’une guerre génocidaire à destruction et assassinat massifs ne respectant ni les droits international et humanitaire, ni les règles, ni l’éthique et encore moins la morale.

En une année, Israël a tué près de 42 000 Palestiniens à Ghaza, avec une moyenne de 115 morts par jour et 3500 par mois, majoritairement des femmes et des enfants. En une année, Israël a rayé du fichier de l’état civil de Ghaza tous les membres de 902 familles, n’a laissé qu’un survivant de chacune de 136 familles ou deux seulement pour chacune des 3472, blessé 97 166 Palestiniens et détruit 70% des infrastructures essentielles à la vie à Ghaza. 

En douze mois, Israël a battu le record des attaques contre les professionnels des médias, avec 175 journalistes assassinés, contre le personnel humanitaire, avec plus de 200 humanitaires tués (dont plus de la moitié faisait partie du personnel de l’Onu), des infanticides avec plus de 17 000 enfants tués et une inscription sur la liste des pays tueurs d’enfants.

Israël est aussi le seul Etat qui utilise la famille comme moyen de guerre en empêchant l’accès de l’aide humanitaire à l’enclave, et bombarde les écoles, les hôpitaux, les sources d’eau, les véhicules et les bâtiments de l’Onu, pourtant protégés par le droit humanitaire, particulièrement les conventions de Genève.

Une politique dévastatrice qui a suscité une plainte de l’Afrique du Sud devant la CIJ (Cour internationale de justice) pour génocide et plusieurs autres déposées par des centaines d’ONG internationales de défense des droits de l’homme devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre. Pendant ce temps, les capitales de nombreux pays à travers les quatre coins de la planète, y compris des alliés d'Israël, sont paralysées par des marrées humaines solidaires avec la Palestine, qui dénoncent le génocide israélien.

Les accords d’Abraham noyés par le Déluge d’Al Aqsa

Des manifestations qui vont se poursuivre des mois durant, avant que n’éclate la colère des étudiants des universités américaines contre le soutien apporté par Washington à la guerre contre Ghaza. Le mouvement a poussé l’administration à faire appel à l’armée pour contenir la protestation, provoquant son élargissement à de nombreux établissements qui étaient jusque-là non concernés.

C’est le choc, chez une opinion publique de plus en plus solidaire avec Ghaza. Après des semaines de contestation, certaines universités ont obtenu la rupture de la coopération avec les académies israéliennes et le soutien financier de celles-ci. Une victoire inédite. Le dossier palestinien, qui était sur le point d’être fermé avec la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie Saoudite (4e pays après les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc) dans le cadre des accords d’Abraham (sous l’égide des USA), se retrouve plus que jamais sur la scène internationale.

La bataille du «Déluge d’Al Aqsa» a fait voler en éclats le principe «d’invincibilité» de l’armée israélienne, mise à rude épreuve par les opérations de la résistance, et celui de «puissance» régionale, vaincue par la facilité avec laquelle les combattants du Hamas ont réussi à mener l’assaut contre plusieurs kibboutz sans susciter de riposte.

Par cette opération, la résistance venait de détruire deux piliers fondamentaux de la politique sécuritaire israélienne, «la dissuasion et la détermination», qui lui permettaient d’éviter les guerres longues, extrêmement coûteuses en termes de pertes de vies humaines, et celles profondes, qui imposent un climat de guerre poussant les Israéliens, peu enclins à la résistance, à vivre dans les abris.

L’objectif que l’armée israélienne s’est engagée à atteindre, à savoir la libération des otages, n’a pu être réalisé, tout comme d’ailleurs le retour des populations des colonies du Nord à leurs maisons, qu’ils ont quittées dès le début de la guerre, alors que la résistance a continué à infliger à l’armée sioniste des pertes humaines et matérielles pendant que des salves de missiles ont continué à s’abattre sur des villes israéliennes.

Une année après le «Déluge d’Al Aqsa», la guerre génocidaire s’est étendue au sud du Liban et la crise humanitaire s’est lourdement aggravée à Ghaza, au point de pousser le secrétaire général de l’Onu à déclarer, il y a quelques semaines seulement, qu’il «jamais vu un tel niveau de mort et de destruction que celui que nous avons vu à Ghaza ces derniers mois».

Plus de 90% de la population de l’enclave a été poussée aux déplacements forcés, au moins une seule fois au cours de l’année. Au-delà du prix humain et matériel payé, la Palestine a toutefois gagné sa reconnaissance par 124 membres de l’Assemblée générale en tant qu’Etat membre de l’Organisation, obtenu un arrêt de la CIJ exigeant l’évacuation des Territoires occupés par Israël, la démolition des colonies instituées illégalement, ainsi que la restitution des terres aux Palestiniens et l’indemnisation des biens confisqués.

Elle a également réussi à faire avancer les plaintes contre Israël devant la CPI, dont le procureur en chef a réclamé des mandats d’arrêt internationaux contre le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour des crimes de guerre, alors qu’un vaste mouvement de solidarité avec le peuple palestinien ne cesse de s’élargir.

Premier génocide du XXIe siècle

Israël, quelques mois seulement après le 7 octobre, a commencé à perdre l’élan de solidarité considérable de la communauté internationale, y compris celui de certains de ses alliés. Petit à petit, le droit à la légitime défense, que l’Etat hébreu défendait en menant sa guerre génocidaire à Ghaza, s’est déconstruit et de nombreux pays, comme l’Espagne, la Belgique, l’Irlande, l’Italie, le Chili, le Venezuela, le Canada, les Pays-Bas, pour ne citer que ces derniers, lui ont imposé un embargo sur les armes. Ses fervents défenseurs, comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont dû réduire le volume des cargaisons d’armements qui lui est destiné en raison de la mobilisation de leur opinion publique contre la guerre génocidaire.

Isolé, sévèrement pris à partie par l’Onu et les défenseurs des droits de l’homme, Israël subit un boycott silencieux de l’investissement étranger, de ses étudiants et professeurs universitaires à l’étranger et est devenu le pays pestiféré dans de nombreux cercles diplomatique et économique, et la Palestine, qu’il voulait enterrer avec les accords d’Abraham, est reconnue par bon nombre de ses alliés.

La communauté juive américaine n’a jamais été aussi confrontée aux crimes, qui ont augmenté selon des statistiques américaines de 48% par rapport à 2023, alors qu’elle se prépare à célébrer les fêtes religieuses et le 7 octobre. Ecoles et synagogues sont protégées dans de nombreux pays par un dispositif de sécurité à la veille de ces célébrations qui coïncident avec le mois d’octobre.

En interne, le déplacement de la population ne concerne plus quelques dizaines de milliers d’Israéliens mais des centaines de milliers, alors que les missiles atteignent désormais les profondeurs du pays. Prévue pour 40 000 personnes, la commémoration du 7 octobre ne concernera plus que 2000 personnes de peur des attaques, alors que plus 60 000 Israéliens ont demandé, selon les autorités, une prise en charge psychologique en raison de la guerre, et que des centaines de milliers manifestent régulièrement contre le gouvernement, exigeant des négociations avec le Hamas pour la libération des otages.

Pour de nombreux experts cités par les médias hébreux, en termes stratégiques, le fait que le Hezbollah ait réussi à expulser 60 000 Israéliens de leurs foyers et à créer une large bande de feu de plusieurs kilomètres le long de la frontière nord-est constitue «un grave échec, du jamais-vu depuis la guerre d’indépendance». Aujourd’hui, cette guerre génocidaire, avec le soutien américain, entamera la deuxième année consécutive avec son élargissement au Liban où, selon l’Onu, 20 000 Palestiniens ont été déplacés de force par les frappes aériennes israéliennes.

Après avoir assassiné les dirigeants du Hamas à Téhéran, Ismail Haniyeh, et du Hezbollah libanais, Hassan Nasrellah, à Beyrouth, où quelques jours avant elle avait actionné des téléavertisseurs et talkies-walkies piégés (supposés être destinés aux combattants du Hizbollah), tuant des milliers de personnes, l’armée israélienne se prépare à lancer une opération militaire contre l’Iran, en réponse à ses tirs de missiles en riposte aux assassinats des dirigeants de la résistance palestinienne et libanaise.

Hier, le ministre israélien de la Défense ne s’est pas empêché de mettre en garde l’Etat perse en déclarant : «Quiconque pense qu’une simple tentative de nous nuire nous dissuadera d’agir devrait jeter un œil à (nos réalisations) à Ghaza et à Beyrouth.» L’impunité et le soutien militaire qu’accorde Washington à Israël ont fait de lui un Etat paria, qui défie l’Onu et les plus hautes juridictions devant lesquelles il a été traduit et est en train d’embraser tout le Moyen-Orient avec ses attaques sanglantes contre la Syrie, le Liban, l’Irak, l’Iran et le Yémen. 

 

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