L’école algérienne n’a jamais été autant la cible d’une telle violence qu’au cours de ces dernières années. Tout se passe comme si en quelques années nous sommes passés de la paix à la guerre, du calme au tumulte. Cette brusque explosion de la violence est complètement étrange à notre société berbéro-arabo-musulmane. L’émergence du thème de la violence dans le milieu scolaire est utile, parce qu’il doit mobiliser les différents acteurs du domaine éducatif, pour qu’ils prennent au sérieux ce fléau qui se traduit de plus en plus par différentes dimensions. Un phénomène qui pose à l’école algérienne des problèmes fondamentaux relatifs à sa vocation et sa nature, mais également à sa vraie et sublime mission. Elle implique de ne pas réduire l’école à un simple service de scolarisation mais conduit vers une réflexion sur l’éducation, la citoyenneté et la civilité. L’évolution des actes de violence en milieu scolaire peut être une conséquence liée à la décennie noire qu’a connue notre pays, mais également aux remarquables mutations socioculturelles et économiques qui ont touché toutes les catégories de notre société. La violence scolaire est un phénomène qui prend de l’ampleur dans nos écoles avec des proportions alarmantes, ce qui a altéré la vocation de l’école et réduit sa mission à une simple transmission de savoir. L’intérêt accordé à la nature des actes de violence commis et subis par les élèves dans les trois cycles de l’éducation, objet de ce travail de recherche, tient compte du fait que peu d’études en Algérie se sont intéressés à ce phénomène complexe qui a suscité ces dernières années beaucoup de polémiques, vu son impact négatif sur les élèves, les parents, les acteurs du système éducatif et même la société toute entière. La violence en milieu scolaire cause des dommages non seulement aux enfants qui en sont victimes, mais aussi aux auteurs. Face à cette intensité de la violence vécue par l’école algérienne, il a paru important de fournir un travail de synthèse à l’intention des enseignants, des spécialistes travaillant en milieu scolaire, des parents d’élèves, etc. Ce travail consiste à identifier les formes de violence à l’école, afin de proposer des solutions pratiques de prévention contre ce phénomène qui inquiète les individus avant même les groupes. Ceci à travers différentes approches théoriques et pratiques relatives à cette problématique. Nous allons nous efforcer d’analyser les formes de violence à l’école par une étude de terrain, dont le questionnement principal est : quels sont les différents comportements violents adoptés et subis par les élèves ? Face à ces multiples actes de violence commis et subis par les élèves à l’école (tels qu’ils sont présentés par la presse et bien évidemment l’ensemble de la communauté éducative), il est primordial de signaler que les comportements violents les plus souvent adoptés et subis par les élèves sont les comportements de violence verbale (la violence des mots). S’ajoute à ceci que les garçons sont les victimes de ces violences plus que les filles.
La violence en milieu scolaire : selon certains auteurs, la violence scolaire peut prendre différentes formes. L’incivilité (bruit, chahut, injures) est un type parmi plusieurs autres. L’indiscipline se manifeste par un manquement aux règles et aux normes scolaires. Le vandalisme se traduit par des actes violents et intentionnels visant à endommager l’établissement scolaire ou le voler. Les actes de délinquance qui correspondent à un ensemble de crime et délits (vols, coups et blessures, trafic et usages de stupéfiants extorsions). La vie en groupe est souvent source de divergence et de conflits permanents entre les éléments qui composent cette mini-société. L’école, cette société en miniature, reproduit souvent ses conflits de valeur, les frustrations de la vie socioéconomique, les soucis de la vie de tous les jours, sous diverses formes. Parmi les types de violence les plus répandus dans les écoles, certains auteurs ont recensé la typologie suivante :
La violence verbale : insultes, injures, souhaits exprimés d’agression ou de mort, chantage, critiques ouvertes à tonalité malveillante, etc. C’est aussi la forme de victimisation qui parvient le plus fréquemment. Du côté des élèves, les enquêtes témoignent du fait que les violences verbales de manière globale sont plutôt propres aux garçons.
La violence physique : tous les actes adoptés par coups, blessures, gestes provocants ou menaçants, humiliations, utilisation d’arme, d’un piège, bris d’objets, dégradation diverse, destruction, incendie. La violence physique se produit surtout dans les lieux de passage : cour, escaliers, hors de la surveillance de l’adulte. L’enquête menée démontre que 60% des élèves soumis à des violences verbales répétées sont un jour victimes de violences physiques.
La violence psychologique : cette forme de violence comprend généralement les agressions verbales et violences émotionnelles, consistant notamment à isoler, rejeter, ignorer, insulter, dénigrer par des rumeurs ou des mensonges, railler, ridiculiser, humilier ou menacer, ainsi que les punitions psychologiques (Unesco, 2017).
La violence contre les biens de l’école : le vandalisme se traduit par des actes violents et intentionnels visant à endommager l’établissement scolaire ou le voler. Ils ont pour but de manifester un rejet envers une personne ou un objet, d’obtenir une satisfaction face au saccage de l’établissement ou des avantages matériels. Ce genre de violence se manifeste généralement par la détérioration ou la destruction de biens appartenant à d’autres élèves, d’équipements et de bâtiments scolaires.
Les atteintes à la sécurité : les manifestations ou les menaces de violence à l’école portent atteinte à la sécurité même de nos élèves et à leur bien-être, entrainant chez eux un sentiment d’insécurité et de peur. La violence n’est pas un phénomène nouveau ; tous les pays en font état à des degrés divers.
La violence sexuelle : par violence sexuelle, l’OMS entend «tout acte sexuel, tentative d’acte sexuel ou tout autre acte exercé par autrui contre la sexualité d’une personne en faisant usage de la force, quelle que soit sa relation avec la victime, dans n’importe quel contexte». Attouchements, viols, pédophilie, les violences sexuelles à l’école constituent une forme de violence extrêmement destructrice. Il s’agit d’un problème mondial, dont l’ampleur est pourtant mal connue. Ces violences peuvent se manifester sous la forme de harcèlement verbal et moral, d’agression sexuelle, de viol de contrainte, d’exploitation et de discrimination sexuelles dans les écoles et à proximité (Unesco, 2017). Les auteurs d’agression sexuelle, le plus souvent, sont plus de sexe masculin que féminin (10 à 20%). Selon un rapport publié en 2014 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 20% des femmes et de 5 à 10% des hommes dans le monde ont subi des violences sexuelles pendant leur enfance.
(*) Extrait d’une étude de Abdenour Idir et Mohamed Negaz (Université de Béjaïa)