Un drone de l'armée nigériane a provoqué accidentellement la mort d'au moins 85 civils dimanche 3 décembre dans un village de l'État de Kaduna, dans le nord-ouest du Nigeria, marquant l'un des bombardements militaires les plus meurtriers du pays, selon des sources officielles.
Suite à cet incident, le président Bola Ahmed Tinubu a ordonné l'ouverture d'une enquête après que l'armée a reconnu que son drone, ciblant des groupes armés, avait frappé par inadvertance le village de Tudun Biri, où les habitants célébraient une fête musulmane. Bien que l'armée n'ait pas fourni de chiffres précis sur les victimes, les habitants ont déclaré que 85 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont perdu la vie.
L'Agence nationale de gestion des urgences (Nema) a confirmé que 85 corps avaient été enterrés jusqu'à présent, avec 66 autres personnes prises en charge à l'hôpital. Cependant, les responsables des urgences négocient toujours avec les chefs de la communauté pour apaiser les tensions et accéder au village.
Les forces armées nigérianes ont souvent recours à des frappes aériennes dans leur lutte contre les milices de bandits, en particulier dans le nord-ouest et le nord-est du pays, où les djihadistes sont en conflit depuis plus d'une décennie. Ce conflit a entraîné la mort de plus de 40 000 personnes et le déplacement de deux millions d'autres depuis 2009.
Le président Tinubu a qualifié l'incident de «très malheureux, troublant et douloureux» dans un communiqué, exprimant son indignation face à la perte tragique de vies nigérianes. L'armée a attribué l'incident à une mission de routine de son drone qui a «touché par inadvertance des membres de la communauté». Les victimes étaient principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées qui participaient aux célébrations de la fête musulmane du Mawlid, commémorant la naissance du prophète Mahomet.
Les milices, opérant à partir de campements forestiers, terrorisent depuis longtemps certaines régions du nord-ouest du Nigeria, effectuant des raids dans les villages pour piller et kidnapper les habitants en vue d'obtenir une rançon. Bien que les djihadistes aient été repoussés dans le nord-est, le conflit persiste dans les zones rurales.
Les bombardements accidentels de l'armée nigériane ayant touché des civils ne sont pas rares. En septembre 2021, au moins 20 pêcheurs ont été tués lors d'une attaque à Kwatar Daban Masara, dans le nord-est, lorsque l'armée les a confondus avec des combattants. En janvier 2017, un avion de chasse avait frappé un camp à Rann, tuant au moins 112 personnes déplacées par les violences djihadistes. L'armée nigériane avait attribué l'incident à «l'absence de marquage approprié de la zone».