Les automobilistes se retrouvent immobilisés durant plusieurs heures, notamment à Boukhalfa, Draâ Ben Khedda et à Tadmaït, où les travaux de réfection de la chaussée de la RN12, sur 18 kilomètres, sont en cours de réalisation. Des usagers de cette route nous racontent leurs galères.
Je subis l’enfer sur ce tronçon routier qui connaît quotidiennement des embouteillages monstres. Je ne sais pas quoi faire. C’est vraiment le cauchemar qui continue en cette période de chaleur torride», lance Hakim, un père de famille qui circule sur la RN12, chaque jour, pour rallier la capitale où il travaille.
Il venait justement d’arriver du boulot, harassé par la situation qui paralyse la circulation, notamment à Boukhalfa, à Draâ Ben Khedda et à Tadmait, soit jusqu’à la limite avec la wilaya de Boumerdès. «Ceux qui ont décidé de lancer ces travaux n’ont-ils pas pensé, au préalable, à cette situation ?» s’interroge notre interlocuteur qui est, dit-il, contraint, dans la plupart des journées, de prendre la route à 4h du matin pour éviter d’être pris en sandwich, car, il est impossible d’échapper aux bouchons.
La pagaille est toujours au rendez-vous. «Pour éviter d’être coincé dans la circulation à Draâ Ben Khedda, je préfère sortir de la maison très tôt. Je n’ai pas le choix, sinon je risque d’arriver à chaque fois en retard au boulot», nous confie-t-il désabusé.
Un quotidien derrière le volant
Oui, effectivement, le chantier en question met véritablement à rude épreuve les usagers de la RN12 qui ne savent plus à quel saint se vouer, tant la situation demeure infernale dans la mesure où la route est toujours submergée de véhicules qui avancent lentement dans une atmosphère de désordre, suscitant l’ire des automobilistes, car, sur presque 10 kilomètres, seule une voie de l’autoroute est utilisée pour la circulation dans les deux sens.
Les risques d’accident ne sont, d’ailleurs, pas épargnés. Les personnes qui prennent cette route doivent faire preuve d’une bonne dose de patience, car les voitures roulent de manière très progressive. Elles roulent, puis freinent, puis avancent à nouveau.
Une ambiance favorable à la création des conflits qui en arrivent parfois même aux disputes entre les automobilistes. «Quoi qu’il en soit, lorsque l’on se retrouve pris au piège dans un embouteillage, il faut redoubler de vigilance afin d’anticiper ce qui peut se passer à l’extérieur du véhicule», témoigne un chauffeur, qui ne décolère pas, à cause des retards engendrés par cette situation.
Il appréhende, dit-il, constamment des accidents, car il y a beaucoup d’automobilistes qui tentent souvent de zigzaguer entre les files, ce qui représente un véritable danger pour l’ensemble des usagers. «Cette pratique est risquée, car elle entraîne inévitablement des accidents aux conséquences mortelles», ajoute-t-il. Il faut souligner aussi que les fréquents embouteillages sur cette route provoquent des problèmes de stress, d’anxiété et d’énervement, entraînant un accroissement du risque de télescopages. Des centaines de voitures roulent au pas sur plusieurs kilomètres.
Des automobilistes nous racontent leur quotidien derrière le volant. «A chaque fois qu’on m’évoque cette route, ma réaction est toujours endémique. J’ai toujours peur de prendre ce tronçon routier. C’est plus éprouvant que mon travail», nous confie l’un d’eux. «Les travaux du chantier ont un impact fort sur le trafic routier», constate un citoyen qui précise, en outre, que même les chauffeurs de taxi augmentent leurs prix, car la route est saturée au niveau circulation. «Les prix ont augmenté. Rien que pour un déplacement vers Tadmaït, les chauffeurs de taxi exigent 2000 DA, alors que habituellement la course est facturée à moins de 1000 DA», nous explique-t-il.
Un danger permanent pour les usagers
Comment résoudre le problème de congestion du trafic routier qui demeure un véritable casse-tête pour les automobilistes ? C’est là la seule et unique question que se posent, notamment, les citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou qui sont mis à rude épreuve depuis des semaines et qui doivent attendre encore des mois pour espérer voir le bout du tunnel, puisque les autorités concernées annoncent la fin du chantier pour décembre prochain.
Cela sans parler des conséquences économiques que provoque cet incessant encombrement qui engendre, non seulement des retards pour les personnes se rendant sur leurs lieux de travail, mais aussi des livraisons tardives des approvisionnements. Il faut rappeler que les travaux de réhabilitation de la RN12 reliant Tizi Ouzou jusqu’à la limite avec la wilaya de Boumerdès ont été entamés le 10 mai dernier.
Cinq entreprises ont été retenues pour ce chantier qui a nécessité une enveloppe financière de 2 milliards de dinars. Mais depuis son lancement, le chantier provoque d’énormes désagréments aux citoyens qui empruntent cette route. «Je ne sais pas comment les entreprises chargées du projet organisent leurs travail. Presque tout le tronçon prévu dans le cadre de la réhabilitation de cette partie de la RN12 (18 km) est quasiment bloqué.
Je pense que les responsables concernés auraient dû réfléchir, au préalable, à engager des travaux pour finaliser une partie avant d’en entamer une autre, alors qu’on voit que pratiquement tout est décapé, parfois même sur les deux voies. Ils auraient dû penser à des déviations pour permettre aux entreprises de faire leur travail dans de bonnes conditions et alléger les citoyens de ces incessants désagréments.
La dernière fois, j’ai voulu faire un détour par Sidi Naâmane pour gagner quelques minutes, mais, ce n’était pas vraiment une bonne solution, parce que j’ai galéré pendant quatre heures pour pouvoir rentrer chez moi. Je revenais d’Alger avec un parent malade», nous raconte Abdenour qui, dit-il, lui aussi est obligé de se déplacer au moins deux à trois fois par semaine à Alger dans le cadre de ses obligations professionnelles.
La route connaît également un dense trafic de poids lourds, étant donné qu’elle est la seule voie de communication pour l’activité économique de la région en attendant l’achèvement de la pénétrante reliant la wilaya de Tizi Ouzou à l’autoroute Est-Ouest.
On apprend que les travaux de cette infrastructure routière sont à l’arrêt, notamment à Draâ El Mizan où il y a des oppositions. Aussi, notons que certains usagers préfèrent prendre le train afin d’éviter d’être bloqués sur cette voie de communication, mais pas sans galérer puisque le transport ferroviaire régulier à Tizi Ouzou demeure toujours une utopie. Rien n’est fait pour assurer la mobilité et le déplacement des personnes par train. Le problème ne date pas d’aujourd’hui.
«Qui bloque le développement du transport ferroviaire ?»
Le train Tizi-Alger a été inauguré en grande pompe, il y a quelques années, mais son fonctionnement est réduit de manière vraiment drastique. «Depuis le début de ces travaux, je préfère laisser ma voiture à Thénia, dans la wilaya de Boumerdès, et continuer le trajet vers Tizi Ouzou par train. Je n’ai pas le choix. Je ne peux pas subir toujours ce calvaire», nous révèle Ali qui, lui aussi, se déplace quotidiennement à Alger.
Toutefois, il déplore le manque de navettes de transport ferroviaire entre Tizi Ouzou et Alger. «C’est vraiment insignifiant devant la grande demande. Le train est toujours submergé de voyageurs. Les responsables concernés n’ont-ils pas pensé à augmenter le nombre de dessertes pour alléger les souffrances des citoyens.
Au contraire, je pense qu’ils ont même réduit le nombre de navettes qui se font avec un train à deux ou trois rames seulement», fulmine-t-il tout en dénonçant ce qu’il qualifie de blocage avéré dans la gestion des moyens de transport public. Et pourtant, a-t-il ajouté, des centaines, voire des milliers de milliards de centimes ont été dépensés par l’Etat pour moderniser la voie ferrée.
L’objectif était, estime-t-il, d’alléger les souffrances des citoyens mais, la réalité est tout autre. «Rien ne va dans ce secteur. Qui bloque le développement du transport ferroviaire ?» s’écrie-t-il. Les perturbations causées par le chantier de la RN12 n’ont pas laissé indifférents les élus qui ont interpellé les autorités pour trouver une solution au problème des immenses embouteillages.
«La situation infernale engendrée par l’entame des travaux sur le tronçon autoroutier Tizi Ouzou-Tadmait s’empire de jour en jour. Face à une gestion des plus chaotiques qui rend la vie difficile à tous les usagers, je viens de saisir officiellement le wali de Tizi Ouzou pour exiger une solution alternative en attendant l’achèvement du chantier dont les délais contractuels sont de 8 mois. Bloquer plusieurs villes de la wilaya, à l’instar de Tadmait et DBK, et couper Tizi Ouzou du reste du pays, notamment de la capitale Alger avec laquelle les échanges et le trafic routier sont très denses, en entravant la circulation sans avoir réfléchi préalablement à un plan de circulation provisoire, relève de l’irresponsabilité», a martelé l’ancien député Yassine Aissiouene, actuellement membre de l’APW de Tizi Ouzou.
Le même élu estime qu’il est «plus qu’urgent de trouver une solution alternative, d’envisager un nouveau plan de circulation et de mettre en place une bonne organisation pour la fluidité de la circulation». Le wali de Tizi Ouzou, Djillali Doumi, a effectué, mardi, une visite d’inspection sur le chantier où il a annoncé qu’une partie de ce projet (7 km) sera livrée avant le 5 juillet prochain. «La situation m’a obligé à intervenir, car ce tronçon présente un danger pour les usagers, surtout au niveau du cisaillement de Mouldiouane (Draâ Ben Khedda) pour éviter des dépassements.
La livraison d’une partie de ce tronçon va soulager les usagers de la route. Nous avons arrêté une batterie de mesures pour mettre de l’ordre dans le flux. Je sais que les travaux ont provoqué des désagréments aux automobilistes, mais on n’a pas le choix si on veut une route aux normes», a expliqué M. Doumi pour essayer de rassurer les usagers qui continuent à subir la galère en ces journées de chaleur caniculaire. Ce n’est pas demain la veille…