Le bilan d’une frappe sur un immeuble résidentiel de Dnipro, en Ukraine, a grimpé hier à 40 morts, devenant l’un des plus élevés depuis le début de la guerre et risquant encore de s’alourdir. Vladimir Poutine a de son côté dénoncé les livraisons croissantes d’armes occidentales à l’Ukraine, le Kremlin jurant que les chars promis à Kiev «brûleront» sur le champ de bataille. Moscou a, par ailleurs, démenti avoir été responsable du carnage à Dnipro, en rejetant la faute sur les Ukrainiens. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ainsi évoqué «une tragédie» pouvant être due à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne. A l’inverse, la présidence suédoise de l’Union européenne a dénoncé «un crime de guerre» russe. Hier, presque 48 heures après qu’un missile ait éventré un immeuble du quai de la Victoire à Dnipro (est), 40 corps sans vie avaient été retrouvés, selon les services de secours, tandis que 75 blessés ont été comptabilisés. Des grues étaient en action pour amener les sauveteurs dans les appartements ravagés et autrement inaccessibles ou pour soulever des pans de béton. Dans les décombres, les équipes de secours cherchaient les 29 personnes toujours portées disparues, selon les autorités. Sur ce lieu de désolation, des personnes déposaient des fleurs et des peluches à la mémoire des victimes. D’autres habitants de Dnipro donnaient vêtements ou couettes à un point de collecte mis en place par des humanitaires. Depuis le début des opérations de sauvetage, 39 personnes ont été secourues des ruines du bâtiment.
«Parrains occidentaux»
Le Kremlin a mis deux jours à réagir, son porte-parole démentant que son pays puisse être responsable de ce drame. «Les forces armées russes ne bombardent pas les immeubles résidentiels, ni les infrastructures civiles, elles bombardent des cibles militaires», a déclaré M. Peskov. Le président Poutine ne s’était pas prononcé dimanche sur le sujet, considérant en revanche que les opérations russes en Ukraine étaient dans une «dynamique positive», quelques jours après que Moscou ait revendiqué la prise d’une petite ville dans l’Est ukrainien. Par ailleurs, les Occidentaux ont intensifié leur aide militaire à l’Ukraine. Londres et Varsovie prévoient désormais de lui fournir des chars. Une réunion sur les livraisons d’armements occidentaux à Kiev est prévue pour le 20 janvier sur la base américaine de Ramstein (Allemagne). Vladimir Poutine a de son côté dénoncé, dans une conversation avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, «la ligne destructrice adoptée par le régime de Kiev qui a misé sur l’intensification des combats, avec le soutien de ses parrains occidentaux qui augmentent leurs livraisons d’armes et de matériel militaire» aux Ukrainiens. «Ces chars brûlent et brûleront», avait lancé plus tôt Dmitri Peskov à la presse, accusant une fois encore les Occidentaux d’utiliser l’Ukraine «pour atteindre des objectifs antirusses». Après ses victoires de l’automne, Kiev dit avoir besoin encore et avant tout de chars lourds, de blindés légers, de systèmes de missiles de longue portée et de défense antiaérienne pour reprendre la totalité des territoires que les troupes russes occupent dans l’est et le sud de l’Ukraine. Samedi, Londres avait annoncé la fourniture à Kiev de Challenger 2, ce qui constituerait la première livraison de chars lourds de fabrication occidentale à l’Ukraine. Et hier, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a dit attendre un feu vert de l’Allemagne pour livrer à l’Ukraine des chars Leopard de facture allemande.
Rafael Grossi attendu
Après de sévères déconvenues à l’automne, la Russie tente de reprendre l’initiative notamment en redoublant d’efforts dans la bataille pour s’emparer de Bakhmout, une ville de l’Est en proie à de sanglants combats depuis des mois. Moscou a revendiqué la semaine dernière une victoire, affirmant avoir pris Soledar, une petite ville au nord-est de Bakhmout aujourd’hui largement détruite. L’Ukraine a démenti avoir abandonné cette localité de quelque 10 000 habitants avant guerre, faisant état de combats toujours en cours. Dans un discours à La Haye, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, s’est par ailleurs montrée hier favorable à la création d’un tribunal spécial pour poursuivre les dirigeants russes à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, était attendu, pour sa part, hier en Ukraine. Dans un tweet avant son départ, il a souligné que son organisation allait étendre sa présence «pour aider à éviter un accident nucléaire pendant le conflit en cours».