Tunisie : Rome pour une «approche pragmatique» avec le FMI et sur l’immigration

07/06/2023 mis à jour: 18:30
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La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a défendu, hier lors d’une visite à Tunis, une «approche pragmatique» sur deux dossiers brûlants pour la Tunisie : ses négociations avec le FMI pour un nouveau crédit et la question migratoire. 

Après avoir rencontré le président tunisien Kaïs Saïed pendant près de deux heures, Mme Meloni a rappelé que l’Italie mène «une action de soutien à la Tunisie» dans ses difficiles pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un prêt de 2 milliards de dollars. L’Italie a fait des démarches «au niveau européen et du G7 avec une approche pragmatique», a déclaré la Première ministre, selon une vidéo enregistrée au palais présidentiel de Carthage, relayée par l’AFP. 

Sans faire allusion aux accusations de «dérive autoritaire» contre le président Saïed venant des ONG et de l’opposition depuis qu’il s’est octroyé les pleins pouvoirs à l’été 2021, Mme Meloni a jugé «indispensables» une «stabilisation de la situation politique et sécuritaire et l’avancée de la démocratie en Tunisie».

Le pays nord-africain, endetté à environ 80% de son PIB, négocie depuis près de deux ans un nouveau crédit du FMI et malgré un accord de principe conclu en octobre dernier, les discussions piétinent. Le président Saïed rejette des réformes préconisées par le FMI prévoyant la restructuration des plus de 100 entreprises publiques lourdement endettées et la levée des subventions étatiques sur certains produits de base.

Dans un communiqué de la Présidence sur sa rencontre avec Mme Meloni, le président Saïed a réitéré son «refus de tout diktat», estimant que «ceux qui délivrent des ordonnances toutes faites sont comme un médecin qui rédige une ordonnance avant de diagnostiquer une maladie». Comme il a plaidé pour une «annulation des dettes qui pèsent sur l’Etat tunisien et leur conversion en projets de développement».

Mme Meloni a insisté pour juger qu’une entente entre le FMI et la Tunisie reste «fondamentale pour un renforcement et une reprise pleine et entière du pays». 

Sur la question migratoire, elle a dit avoir aussi prôné «au niveau européen une approche concrète pour augmenter le soutien à la Tunisie dans la lutte contre la traite des personnes et l’immigration illégale et pour un programme englobant des financements», notamment des aides à la réinstallation pour le programme qui serait soutenu par L’UE. 

Mme Meloni a discuté avec le président Saïed de l’idée d’une conférence à Rome sur la migration et le développement, «une occasion pour réunir les pays de la rive sud de la Méditerranée, du Moyen-Orient, du Conseil de coopération du Golfe pour écouter les besoins et élaborer des projets susceptibles d’attirer des investissements». 

L’approche «ne peut pas être exclusivement sécuritaire et doit prendre en compte le droit des personnes à ne pas immigrer, à ne pas fuir leurs maisons, familles, leurs terres», a-t-elle affirmé.

L’Italie a mis en avant son plan Mattei, fondateur de la compagnie pétrolière Eni, pour le développement de l’Afrique. «Nous parlons d’une coopération non paternaliste, ni prédatrice, mais paritaire qui permette à chacun de défendre ses intérêts nationaux (…).»

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