a peine de prison à l’encontre du chroniqueur tunisien Mourad Zeghidi a été réduite en appel à huit mois, après sa condamnation en vertu d’une loi sur les «fausses» informations pour ses critiques contre le pouvoir, rapporte l’AFP citant les médias locaux.
En première instance, il a été condamné le 22 mai à un an de prison: six mois pour diffusion de «fausses nouvelles» dans les médias et réseaux sociaux, et six mois supplémentaires pour «de fausses déclarations dans le but de diffamer autrui».
Mourad Zeghidi, également commentateur politique, a expliqué lors de son premier procès qu’il n’avait fait que son travail en analysant l’actualité politique et socioéconomique du pays. Il a été interpellé le 11 mai avec un autre animateur vedette Borhen Bssais, pour des déclarations dans des émissions à la radio et à la télévision ainsi que des publications sur les réseaux sociaux, considérées comme critiques du pouvoir du président Saïed. La semaine passée, la peine d’un an à l’encontre de B. Bssais a été réduite en appel à huit mois. Des poursuites ont été engagées à leur encontre en vertu du décret-loi 54, promulgué en 2022 par le président Kaïs Saïed, officiellement pour lutter contre la diffusion de «fausses nouvelles», mais décrié pour une interprétation très large. Plus de 60 personnes (journalistes, opposants, militants, avocats) ont été poursuivies ou condamnées depuis son adoption.
M. Zeghidi s’est vu reprocher des déclarations datant de février 2024 et une publication de soutien à un journaliste emprisonné, critique du président Saïed. Le président Saïed, élu en 2019 pour un mandat de cinq ans arrivant à échéance cet automne, s’est octroyé les pleins pouvoirs lors d’un coup de force à l’été 2021. «Il est inquiétant et affligeant de constater le net recul des avancées réalisées en Tunisie dans le domaine des droits humains» après les révoltes de 2011, a déploré la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, vendredi dernier après une visite de quatre jours dans le pays. «Trois ans après que le président Kais Saïed a commencé à prendre le contrôle de l’Etat, les violations que nous pensions appartenir au passé deviennent de plus en plus perceptibles et systématiques», a ajouté Mme Callamard, déplorant «une institution de la justice ébranlée» et des «poursuites et arrestations arbitraires».