L'élection présidentielle aura lieu le 6 octobre prochain en Tunisie. L’ISIE a déjà présenté, le 4 juillet passé, le calendrier électoral. Ils sont déjà, et jusqu’au 23 juillet à 14h, 88 potentiels candidats à vouloir participer à la course pour la magistrature suprême. Ces prétendants doivent d’abord récolter les parrainages requis. Munis de ces sésames incontournables, les postulants auront à présenter les documents nécessaires pour déposer chacun son dossier auprès de l’ISIE du 29 juillet au 6 août.
Fidèle à son tempérament d’homme du peuple, le président Saïed a choisi l’option des parrainages populaires. Pourtant, son premier mandat de cinq ans a été marqué par deux graves crises internationales, la Covid et la guerre d’Ukraine, qui ont saigné l’économie et les citoyens tunisiens. La situation politique interne était, par ailleurs, confuse, depuis 2019, en raison de l’absence de la majorité claire à l’Assemblée. Le coup de force du 25 juillet 2021 du président Saïed et le Référendum du 25 juillet 2022 validant la nouvelle Constitution ont redressé les orientations de la Tunisie. Le président Saïed a fait éviter au pays le naufrage financier grâce à des choix d’austérité et à l’aide de pays frères, notamment l’Algérie. Mais le redémarrage économique se fait encore attendre, tout comme les réalisations des vœux de la population démunie, désenchantée après les espoirs nés de la chute de Ben Ali en 2011.
L’insatisfaction populaire née de ces crises aurait normalement fait le lit de la campagne électorale des adversaires politiques de Saïed. Toutefois, l’écrasante majorité de la population dissocie l’actuel Président des problèmes évoqués plus haut. Plus encore, il y a tendance à associer, d’une manière ou d’une autre, la majorité de la classe politique qui était au pouvoir, aux déceptions de la décennie écoulée.
La preuve, il y a de l’indifférence populaire par rapport au sort de plusieurs dizaines de personnalités politiques, arrêtées depuis février 2023 pour soupçons d’implication dans un complot contre la sûreté de l’Etat. Qui aurait cru que l’arrestation de Rached Ghannouchi n’allait provoquer aucune réaction dans la rue ! Aujourd’hui, la rue politique va sereinement vers les élections. Même le parti islamiste Ennahdha, l’ex-parti au pouvoir, ne parle plus de boycottage comme ce fut le cas en 2023. Par ailleurs, plusieurs observateurs, avançant l’argument du manque de démocratie, avaient prédit qu’il n’y aurait que peu de candidatures à la prochaine présidentielle. La réalité est toute autre. Ils sont déjà 88 prétendants de tous bords.
Parmi les postulants, il est facile de reconnaître d’anciennes figures de proue du mouvement islamiste Ennahdha, comme l’ex-ministre Abdellatif Mekki. Il y a aussi l’ex-membre du Conseil de l’Ordre des avocats, Mourad Messaoudi et l’ex-porte-parole du ministère de l’Intérieur, Hichem Meddeb. Les nationalistes arabes sont présents également avec Safi Saïd et Hichem Maghzaoui. Deux autres anciens ministres sont là, Mondher Zenaïdi, de l’ère Ben Ali et Néji Jalloul, ex-ministre de l’Education en 2015/16/17. Il y a également le médecin Chaker El Hidheb, des personnalités du monde des arts et du spectacle, Nizar Chaâri, Nasreddine S’hili, ainsi que plusieurs dizaines de Tunisiennes et Tunisiens trouvant du plaisir à candidater.
Les potentiels candidats, Kais Saïed en tête, auront néanmoins la lourde tâche de satisfaire les Tunisiens, déçus après une décennie de politiques infructueuses. La mission ne sera pas facile pour un pays lourdement endetté avec des ratios macroéconomiques inquiétants. L’espoir est permis. Les Tunisiens méritent mieux.