Tunisie : Les familles de détenus devant un tribunal africain pour demander leur libération

25/05/2023 mis à jour: 06:42
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Les familles de membres de l’opposition tunisienne arrêtés ont déposé hier une plainte devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour demander la libération immédiate de leurs proches, rapporte l’AFP.Depuis début février, les autorités tunisiennes ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des ex-ministres, une répression condamnée par la communauté internationale et par les groupes de défense des droits humains. 

Rached Ghannouchi, l’ancien président du Parlement et l’un des principaux opposants au président tunisien Kaïs Saïed, qui a dissous le Parlement en juillet 2021 et s’est arrogé les pleins pouvoirs, figure parmi les personnes détenues.  

Chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, R. Ghannouchi a été arrêté en avril et condamné le 15 mai à un an de prison pour «apologie du terrorisme». Pour sa fille, Yousra Ghannouchi, qui vit en Grande-Bretagne, les accusations portées contre l’ancien président du Parlement tunisien sont «politiquement motivées et fabriquées» et font partie d’une tentative du président Saïed pour «éliminer l’opposition». 

Ce dernier a de son côté affirmé que les personnes détenues sont des «terroristes» impliqués dans un «complot contre la sûreté de l’Etat».Ces arrestations et condamnations ont été qualifiées par les opposants de «coup d’Etat» et de retour à un régime autocratique dans la seule démocratie qui a émergé à la suite des soulèvements des Printemps arabes il y a plus de dix ans. Les proches de R. Ghannouchi et de plusieurs autres opposants emprisonnés ont déposé une plainte devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples à Arusha, en Tanzanie, dans le cadre d’une campagne mondiale pour demander leur libération. «Nous espérons que cela conduira à leur libération et à la justice pour eux», a affirmé mardi Yousra Ghannouchi à Nairobi, à la veille d’un déplacement à Arusha. «Ils ne se taisent pas et nous ne nous tairons pas», a-t-elle poursuivi. 

Yousra Ghannouchi, comme plusieurs autres proches de détenus, a également appelé les Etats-Unis, l’Union européenne (UE) et la Grande-Bretagne à imposer des sanctions ciblées contre K. Saïed et plusieurs ministres qui sont «tous impliqués dans des violations des droits humains». «Ils essaient de défendre leurs dossiers en Tunisie mais toutes les portes ont été fermées», a déclaré Rodney Dixon, avocat de R. Ghannouchi et de cinq autres personnes emprisonnées. 

R. Dixon a déclaré que les proches souhaitent saisir la justice pour constater que les emprisonnements sont contraires à la Charte africaine des droits humains et obtenir leur libération. «Il n’y a pas de justice par le biais du système là-bas (...), c’est pourquoi ils doivent venir» devant la Cour africaine, a-t-il affirmé  précisant que les détenus n’ont pas régulièrement accès à des avocats et ont du mal à obtenir des soins médicaux appropriés. Il a également déclaré qu’une «allégation de torture» sur un détenu sera soulevée devant la Cour.
Yousra Ghannouchi s’est dite inquiète pour la santé de son père, car il souffre d’hypertension et «ce n’est plus un jeune homme». 

La Tunisie est l’un des six pays du continent à avoir pleinement adhéré à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.

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