Le président tunisien, Kaïs Saïed, a décidé hier le limogeage du ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, qui est le quatrième ministre à perdre son poste depuis le début de l’année dans un contexte politique tendu dans le pays. La Présidence a fait état, sur son site officiel, du remplacement de M. Jerandi, en fonction depuis septembre 2020, par Nabil Ammar, ambassadeur de la Tunisie auprès de l’Union européenne. Elle n’a donné aucune précision sur les raisons de cette décision qui concerne, pour la première fois, un ministère régalien. Depuis début janvier, M. Saïed a déjà limogé trois ministres : la ministre du Commerce ainsi que les ministres de l’Agriculture et de l’Education. Ces décisions interviennent alors que la Tunisie est en proie à de profondes divisions depuis l’arrivée au pouvoir du président Saïed, qui a révisé la Constitution un an plus tard pour revenir à un système ultra-présidentialiste, similaire à celui d’avant la révolution de 2011 et la chute du dictateur Ben Ali. Des élections législatives organisées le 17 décembre et le 29 janvier pour élire un nouveau Parlement aux prérogatives fortement limitées par la Loi fondamentale se sont soldées par une abstention record de quasi 90% des inscrits. L’opposition a boycotté unanimement le scrutin.