Le gouvernement allemand s'est dit vendredi «très inquiet» de la récente vague d'arrestations d'opposants en Tunisie, appelant les autorités à respecter «l'indépendance de la justice» et «les règles de l'État de droit» dans le pays.
Berlin «est très inquiet de l'arrestation, ces derniers jours, de nombreux représentants de l'opposition, d'activistes et de journalistes en Tunisie», a déclaré Wolfgang Büchner, porte-parole du gouvernement, lors d'un point presse régulier.
«Pourrissement» de la situation politique
«Les principes démocratiques de liberté d'expression et de la diversité politique, ainsi que de l'État de droit doivent s'appliquer dans un pays démocratique comme la Tunisie», a-t-il ajouté. Berlin «partage l'appel lancé par le Haut-Commissaire des Nations unies pour le respect des règles de l'État de droit et de l'indépendance de la justice» en Tunisie.
Depuis samedi, dix personnalités, pour la plupart des opposants appartenant au parti d'inspiration islamiste Ennahdha et ses alliés, mais aussi le directeur d'une grande radio privée et un très influent homme d'affaires, ont été arrêtés dans le pays.
Le Front de salut national (FSN), principale coalition de l'opposition en Tunisie, a déploré mercredi le «pourrissement» de la situation politique, après la décision du président Kais Saied de s'arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021.
Plusieurs dizaines de journalistes et militants pour les droits humains ont également manifesté jeudi à Tunis, pour dénoncer contre ces arrestations. «La Tunisie se trouve dans une situation économique et sociale difficile et nous ne voulons pas abandonner la population tunisienne», a promis Wolfgang Büchner.
Cette condamnation de Berlin survient deux jours après une prise de position similaire des États-Unis, qui se sont eux aussi dits «profondément préoccupés» par l'évolution de la situation politique en Tunisie. Le président Saied a récemment répondu aux critiques de pays occidentaux et d'organisations internationales que «la Tunisie est un État indépendant et souverain et n'est pas une colonie».