Cinq migrants tunisiens sont morts et sept autres migrants sont portés disparus après le naufrage d’une embarcation de fortune partie hier des côtes de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, rapporte l’AFP citant tribunal de Sfax.
Le bateau sur lequel ont embarqué «35 personnes, pour la plupart des Tunisiens», dont des femmes et des enfants, a chaviré «peu de temps après son départ», a indiqué le porte-parole du tribunal, Faouzi Masmoudi, en précisant que «23 personnes ont été secourues». «Un enfant et deux femmes figurent parmi les personnes décédées», a-t-il ajouté.
Selon lui, «le naufrage s’est produit moins d’une heure après le départ depuis Sidi Mansour», une localité connue comme point de départ pour l’émigration clandestine.
Le tribunal de Sfax a ouvert une enquête pour déterminer les causes de l’accident. «Il se peut que le bateau transportait un petit nombre de ressortissants d’Afrique subsaharienne et qu’ils figurent parmi les disparus», a dit le porte-parole, en soulignant que les recherches d’éventuels rescapés se poursuivent.
Un autre naufrage s’est produit dans la nuit de vendredi à samedi à seulement 120 mètres de la côte, à Gabès, ville portuaire située à environ 150 km au sud de Sfax. Un jeune Tunisien de 20 ans a péri dans ce drame ainsi qu’un nourrisson dont les parents font partie des 13 personnes secourues, tous des Tunisiens. Cinq autres Tunisiens sont toujours portés disparus.
Ville portuaire, Sfax est cette année l’épicentre des tentatives de traversées de la Méditerranée au départ des côtes tunisiennes, distantes, à leur point le plus proche, d’environ 130 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa. Les départs de migrants africains ont connu une accélération après un discours en février du président tunisien Kaïs Saïed dénonçant l’arrivée de «hordes de migrants» clandestins venus, selon lui, «changer la composition démographique» de son pays».
En juillet, beaucoup d’autres ont tenté la traversée après que des centaines d’Africains ont été chassés de Sfax, à la suite de la mort d’un Tunisien le 3 juillet dans une rixe entre migrants et habitants. Plus de 2000 autres Africains ont été au même moment «expulsés» par les forces de sécurité vers des zones désertiques et inhabitées aux frontières avec la Libye, à l’est, et l'Algérie, à l’ouest, selon des sources humanitaires.
Un total de 27 personnes sont mortes dans le désert tuniso-libyen, et 73 autres sont portées disparues, selon ces sources. Plus de 95 000 migrants sont arrivés depuis le début de l’année en Italie, selon Rome, plus du double de la même période de 2022, en provenance de Tunisie et de Libye.
Sur les six premiers mois de l’année, la garde nationale tunisienne a intercepté plus de 34 000 migrants, essentiellement des Africains, près de quatre fois plus qu’un an plus tôt. Depuis début août, «en seulement 10 jours», les unités basées à Sfax ont intercepté ou secouru environ «3000 migrants dont 90% de Subsahariens et 10% de Tunisiens», a indiqué jeudi le commandant Mouhamed Borhen Chamtouri.
Des milliers de Tunisiens prennent la mer chaque année à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Ils représentent depuis début 2023 la quatrième nationalité parmi les migrants débarqués en Italie, derrière les Ivoiriens, les Guinéens et les Egyptiens. Cependant, les arrivées de Tunisiens ont reculé de 25% sur un an avec 7121 migrants depuis le début de l’année, selon le ministère de l’Intérieur italien.
La Tunisie, plongée dans une crise financière, est également en proie à de fortes tensions politiques depuis le coup de force par lequel le président Kaïs Saïed s’est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021. Une vingtaine d’opposants ont été emprisonnés depuis février.