Plus de 450 personnes, dont une quarantaine de membres des forces de l’ordre, ont perdu la vie pendant les rassemblements antigouvernementaux.
L’ONU a indiqué vendredi qu’il y avait de «fortes indications» que les forces de sécurité au Bangladesh ont fait un usage «injustifié et disproportionné» de la force lors des troubles ayant mené à la chute de la Première ministre.
«Il y a de fortes indications, justifiant une enquête indépendante supplémentaire, que les forces de sécurité ont fait un usage injustifié et disproportionné de la force dans leur réponse à la situation», selon un rapport préliminaire publié par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
Le document fait également état «d’autres violations présumées, qui justifient également des enquêtes approfondies, impartiales et transparentes», dont «des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et de mauvais traitements, ainsi que des restrictions sévères à l’exercice des libertés d’expression et de réunion pacifique», selon un communiqué.
Plus de 450 personnes, dont une quarantaine de membres des forces de l’ordre, ont perdu la vie pendant les rassemblements antigouvernementaux. Ces violences ont entrainé la fuite de la Première ministre déchue Sheikh Hasina.
Ce rapport est publié alors qu’une équipe de l’ONU est attendue au Bangladesh «la semaine prochaine pour enquêter sur les atrocités commises pendant la révolution étudiante en juillet et au début de ce mois» et sur les «violations généralisées des droits de l’homme», a déclaré le gouvernement intérimaire dirigé depuis jeudi dernier par l’économiste et prix Nobel de la paix Muhammad Yunus.
«L’objectif de la mission est vraiment de collaborer avec des personnes de toute la société bangladaise, de la société civile, du gouvernement, et d’essayer d’identifier ce que nous pouvons faire pour soutenir cette transition et veiller à ce qu’elle soit ancrée dans les droits humains», a indiqué vendredi à la presse une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Ravina Shamdasani.
Le rapport souligne l’importance de rétablir rapidement l’ordre public et la nécessité de prendre des mesures pour éviter de nouvelles violences et des actes de représailles.»
La transition à venir offre une occasion historique de réformer et de revitaliser les institutions du pays, de restaurer les libertés fondamentales et l’espace civique, et de permettre à tous les Bangladais de participer à la construction de l’avenir», a déclaré le Haut-Commissaire, Volker Türk, dans le communiqué.
Il souligne la nécessité que les auteurs des violations des droits humains rendent des comptes pour que le Bangladesh aille «de l’avant», mais aussi l’importance de mettre en place «un processus national de guérison». «Une enquête complète, impartiale et transparente sur toutes les violations des droits humains qui ont eu lieu sera une première étape cruciale», a-t-il assuré.
Un second général rejoint les autorités
Un deuxième général à la retraite et trois autres personnes doivent rejoindre vendredi le gouvernement intérimaire du Bangladesh, mis en place après l’éviction de l’ex-Première ministre autocratique Sheikh Hasina. Jahangir Alam Chowdhury, 71 ans, ainsi que l’ancien secrétaire de cabinet Ali Imam Majumder, l’économiste Wahiduddin Mahmud (diplômé de Cambridge) et le professeur et expert en infrastructures Fouzul Kabir Khan, rejoindront le «conseil des conseillers», le cabinet de facto qui dirige actuellement le Bangladesh sous la direction du lauréat du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus. Selon un communiqué du conseil des conseillers, ils doivent prêter serment vendredi.
Muhammad Yunus, un économiste de 84 ans, est rentré d’Europe le 8 août pour prendre la tête d’un gouvernement de transition, qui doit relever le défi monumental de conduire des réformes démocratiques. M. Chowdhury était un général trois étoiles et le commandant en second de l’armée, mais il a pris sa retraite en 2010, l’année qui a suivi l’entrée en fonction de Mme Hasina.