L’opération limitée et intense» annoncée par le ministre de la Défense israélien, le 30 septembre dernier, la veille de l’attaque, contre le Sud-Liban, devient de plus en plus un cauchemar pour l’armée sioniste.
Les dizaines de milliers de soldats de cinq divisions déployées pour des incursions et le contrôle de trois axes stratégiques n’ont réussi à occuper aucune position.
Bien au contraire, les unités ont été repoussées et causant de lourdes pertes dans les rangs des forces israéliennes. Tôt dans matinée d’hier, Israël a reconnu la mort de cinq soldats, tués dans des combats dans le sud du Liban et indiqué dans un communiqué, que «les militaires, tous réservistes, sont tombés au combat dans le sud du Liban » jeudi dernier, alors que vingt-quatre heures plutôt, dix ont été tués dans des batailles avec la résistance libanaise du Hizbollah.
Un chiffre à revoir à la hausse en raison de l’embargo imposé aux medias en ce qui concerne les pertes militaires. Très tard dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, des frappes israéliennes sur Hasbaya, à la frontière libano-syrienne, ont tué, selon l’agence de presse libanaise, ANI, trois journalistes libanais de chaine de télévision Al Mayadine. Sur son compte X, Ghassan Ben Jeddou, directeur de ce média, a écrit que l’armée sioniste «a délibérément pris pour cible la résidence des journalistes, et des journalistes d’autres chaînes arabes qui ont été blessés ».
Réagissant à cette attaque, le premier ministre libanais, NajibMikati, a condamné la frappe « délibérée » en la qualifiant de « crime de guerre ». Dans un communiqué il a déclaré que : «la nouvelle agression israélienne visant des journalistes fait partie des crimes de guerre commis par l›ennemi israélien (…) elle était délibérée et visait à terroriser les médias pour dissimuler les crimes et les destructions ». Pour le ministre de l’Information, ZiadMakari « l’ennemi israélien a attendu la pause nocturne des journalistes pour les surprendre pendant leur sommeil.
Il s’agit d’un assassinat, après une surveillance et une traque, car il y avait là 18 journalistes représentant sept institutions médiatiques. C’est un crime de guerre», a-t-il posté sur son compte X. Le CPJ (Comité de protection de journalistes), a lui aussi réagit par un communiqué dans lequel il a affirmé : «Le monde doit arrêter cette impunité dont jouit Israël dans ses attaques contre les journalistes».
Pendant toute la nuit et jusqu’au lendemain en fin de matinée, l’armée sioniste a poursuivi ses frappes intensives sur plusieurs régions notamment dans la banlieue sud de Beyrouth, la capitale libanaise. Une situation qui a mis à mal les infrastructures de santé, dont un tiers a été mis hors service, selon l’OMS, en raison des bombardements israéliens.
163 secouristes et soignants libanais tués
L’OMS appelle à un accès humanitaire sûr, sans entrave et durable, au financement de l’appel éclair des Nations unies. Mais aussi la protection immédiate des civils, du personnel de santé et des établissements de santé, conformément au droit international et un cessez-le-feu. L’armée sioniste a également pris pour cible les équipes de secouristes, pour les empêcher de porter secours aux blessés et les laisser mourir. Lors d’une conférence de presse, animée hier, le ministre de la Santé libanais, Firass Abiad, a déclaré que «163 secouristes et soignants ont été tués depuis le 7 octobre et 272 ont été blessés».
Le chef de la politique extérieure de l’Union européenne, Josep Borell a averti dans un communiqué, qu’«une rapide et impérative solution politique, au Liban» doit être prise, pour «éviter un embrasement généralisé» ajoutant : «nous sommes engagés dans une course contre-la-montre entre le lancement d’un possible processus politique au Liban et un embrasement généralisé aux conséquences incalculables».
Sur le terrain, le Hezbollah a intensifié les tirs de missiles guidés et les drones sur des cibles militaires en territoire israélien et surtout mené des affrontements violents avec l’armée sioniste, repoussant à chaque fois, ses tentatives d’incursion terrestre. Hier après-midi, les forces sionistes a ordonné à la population du sud du Liban ainsi qu’aux secouristes et ambulanciers opérant dans la région, de quitter les lieux, en menaçant de les cibler sous prétexte que le Hezbollah utiliserait des véhicules médicaux pour transporter ses combattants et des armes.
Dans un message adressé à la population locale, elle a mis en garde contre tout «retour dans les zones évacuées », présentées comme «extrêmement dangereuses» en raison des combats en cours. Dans ce message diffusé hier, Israël a écrit : « nous avertissons que l’utilisation des ambulances pour transporter des combattants et des armes par le Hezbollah est inacceptable.
Par conséquent, des mesures seront prises contre tout véhicule transportant des combattants, indépendamment de sa nature». Le message appelle habitants à ne pas retourner dans leurs maisons ou dans leurs champs d’oliviers situés dans les zones évacuées, qu’Israël qualifie de «zones de combat dangereuses», ayant ont fait au moins dix morts et une vingtaine de blessés, en début de matinée.
Au même moment, deux positions de la Finul, force d’interposition onusienne, ont fait l’objet de tirs israéliens, à proximité de la zone Al Dahira. «Nos éléments continuent à assurer leur mission, malgré les ordres donnés par Israël, pour quitter nos positions sur toute la ligne bleue » a affirmé le chef de la force. Déclarée comme cible de ses attaques, la Finul et selon l’Onu, subi des attaques au niveau de deux de ses positions situées à la frontière entre le sud- Liban et la Syrie, empêchant le passage des personnes qui tentent de fuir les bombardements.
«Cela entrave et met réellement en danger une réelle bouée de sauvetage que les gens utilisent pour fuir le conflit au Liban et passer en Syrie», a déclaré Rula Amin, porte-parole pour le Moyen-Orient pour l’agence onusienne pour les réfugiés, dans une déclaration à la presse à partir de Genève.
Pour l’armée sioniste, le poste frontalier avec la Syrie, a été bombardé du fait qu’il «était utilisé par le Hizbollah pour faire passer des armes ». Israël a aussi justifié son attaque contre un hôpital su sud de la capitale libanaise, par son utilisation comme centre de commandement par le Hizbollah. Affirmation démentie par des enquêtes de plusieurs médias, autorisés à y accéder après les frappes israéliennes.
En fin de journée, la presse libanaise LBCI, Al Manar et Jadeed, ont fait état d’une intensification des raids aériens et des attaques aux missiles et drones et des affrontements terrestres. Aux roquettes, missiles et drones kamikazes du Hizbollah qui causes d’énormes dégâts aux infrastructures militaires israéliennes, et des victimes, Israël a répondu par des frappes massives sur plusieurs zones du sud-Liban, notamment les villages KhirbetSelm, Ramadiyeh, Shaietiya et Tyr, tuant plusieurs libanais et provoquant la destruction de nombreuses infrastructures civiles de base.
Quatre morts et quatre blessés ont été dénombrés à KhirbetSelm, alors que dans la localité de MjD al Krum, située au nord d’Israël, deux israéliens ont été tués. La résistance libanaise a ciblé des positions militaires dans le Golan et le Galilée, causant d’importants dégâts matériels pendant que de nombreux drones et missiles étaient interceptés par la défense aérienne israélienne.
ONU : l’Algérie appelle à protéger les plus vulnérables
à Ghaza et au LibanL’Algérie a exhorté, jeudi à New York, la communauté internationale à agir pour protéger les personnes les plus vulnérables à Ghaza, notamment les femmes, réitérant son appel à un cessez-le-feu «immédiat» et «permanent» dans l’enclave palestinienne et au Liban qui subissent une agression sioniste sans précédent. «Les mots me manquent pour rendre compte des atrocités et de l’horreur quotidiennes des Palestiniens et en particulier les femmes (...) Nous réitérons notre appel en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et permanent à Ghaza, mais aussi au Liban afin de veiller à ce que tous les civils et en particulier les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes, soient protégés par le droit humanitaires international», a affirmé, au Conseil de sécurité, le Représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, l’ambassadeur Amar Bendjama. «La communauté internationale doit agir pour protéger les femmes et les enfants touchés par les conflits armés», a-t-il dit, lors de son intervention au débat public organisé par le Conseil de sécurité sous l’intitulé «Femmes, paix et sécurité». «A Ghaza, l’agression (sioniste) a infligé des souffrances particulièrement cruelles aux femmes, ce qui s’est (également) accompagné de violations criantes de leurs droits en tant que femmes et en tant qu’êtres humains. Parmi les 42.000 Palestiniens ayant trouvé la mort à Ghaza (...), 14000 sont des enfants et plus de 10.000 sont des femmes», a-t-il déploré. Plus généralement, M. Bendjama a parlé d’un certain nombre de mesures à prendre afin d’assurer une meilleure protection aux femmes dans le contexte des conflits tout en leur donnant la possibilité de jouer un rôle efficace dans la résolution de ces mêmes conflits. Il a préconisé, en premier lieu, l’adoption, par la communauté internationale, de mesures susceptibles de renforcer la reddition de comptes et les sanctions à l’encontre «des acteurs qui bafouent le droit international humanitaire et les droits des femmes dans les zones de conflit». Il a évoqué également la nécessité d’adopter «une approche coopérative associant tous les acteurs pertinents, à l’instar de l’ONU, des organisations régionales et de la société civile afin de renforcer le rôle des femmes en matière de paix et de sécurité par le biais de partenariats et de la coopération». «Promouvoir des politiques d’égalité des sexes et élaborer des programmes nationaux globaux permettant d’autonomiser et de protéger les femmes en particulier à l’ère du numérique et au cours des conflits armés», figurent parmi les points évoqués par le représentant de l’Algérie à L’ONU. Enfin, l’ambassadeur Bendjama a mis en exergue les efforts déployés par l’Algérie en vue de renforcer le rôle de la femme et d’aider les artisanes de la paix à l’échelle régionale et internationale.