Trois jours avant la fin des délais pour la présidentielle en Tunisie : Le président Saïed a déposé sa caution bancaire

04/08/2024 mis à jour: 18:57
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Kais Saied, devant la tombe d'Habib Bourguiba à Monastir

L’instance des élections ISIE ne cesse d’assurer qu’elle se tient à égale distance de tous les candidats et qu’elle n’a introduit aucune modification à l’ancienne loi électorale à part ce qui a été dicté par la nouvelle Constitution d’août 2022. Il n’y aura donc pas d’argent public pour financer la campagne électorale, comme en 2011/14/19 et un bulletin d’antécédents judiciaires est exigé. 

L’ISIE a annoncé que 114 postulants ont retiré jusqu’au vendredi 2 août des formulaires de parrainage pour l'élection présidentielle du 6 octobre 2024 en Tunisie. Trois, parmi eux, ont déjà déposé leurs dossiers de candidature. La réception des dossiers de candidature a commencé à l’ISIE depuis le 29 juillet et se poursuit jusqu’au 6 août. Il s’agit d’abord du travailleur journalier Fathi Krimi, issu de la Manouba au Grand Tunis, qui a déposé le 29 juillet. A suivi, le 31 juillet, Leila Hammami, professeur d’économie à l’université de Londres. 

Cette dernière s’est retenue de toute déclaration aux médias avant l’annonce de la liste officielle par l’ISIE. Leila Hammami s’est déjà présentée en 2019, mais sa candidature n’avait pas été validée par l’ISIE. L’homme d’affaires Yosri Slimane a, lui-aussi, déposé son dossier. Il a juste présenté un millier de parrainages, en promettant de joindre les parrainages restants au plus tard le 6 août. 


Les autres postulants s’activent sur le terrain pour réunir les 10 000 parrainages requis dans au moins dix circonscriptions différentes avec 500 parrainages au minimum par région. Et ce n’est pas par hasard que le président Saïed n’a cessé d’appeler les citoyens à refuser le monnayage de leurs parrainages et la vente de leurs voix. En effet, les faits montrent divers écarts en matière de parrainages. Ainsi, le parquet de Sousse vient d’arrêter trois personnes faisant partie de l’équipe de campagne du postulant Nizar Chaâri, selon les révélations de Mosaïque Fm, de Businessnews et du candidat lui-même. Les concernés sont accusés de «falsification de parrainage» et «détention et usage de faux». 

Les perquisitions ont permis à la police judiciaire de découvrir une base de données contenant 19 887 identités et des formulaires de parrainage aux noms de plusieurs postulants. Le parquet a ordonné de transférer les suspects en prison. Par ailleurs, quatre femmes ont été condamnées mercredi 31 juillet à deux ans de prison ferme par le tribunal de Jendouba. Les condamnées sont accusées d’avoir recueilli des parrainages en contrepartie de rémunération. Elles ont déclaré avoir reçu des promesses de recrutement de la part d’un candidat qui serait Karim Gharbi alias K2Rrhym, selon le journal en ligne Businessnews. C’est dire que les écarts existent dans cette précampagne électorale. 


Difficultés

Il ne reste que 72 heures pour la clôture du dépôt des candidatures, prévue pour mardi 6 août à la fin de l’heure, et ce n’est pas uniquement la récolte des parrainages qui inquiète. Plusieurs postulants se plaignent également des difficultés rencontrées pour obtenir le bulletin N°3 (antécédents judiciaires) ou même un certificat attestant que l’affaire impliquant l’intéressé est du ressort de la justice. 

L’ISIE a affirmé qu’elle a contacté le ministère de l’Intérieur, dont les services ont accepté d’appeler les postulants pour leur remettre leurs bulletins vierges. Pour ce qui est des 18 postulants ayant des affaires avec la justice, la membre de l’ISIE, Najla Abrougui, a précisé avant-hier sur Radio Mosaïque qu’il s’agit d’assainir leurs situations judiciaires, en présentant le certificat cité plus haut et obtenu auprès des tribunaux. Par ailleurs, cette situation a fait réagir la commission des droits et des libertés à la Chambre des députés, dont le président et le vice-président ont rendu public un communiqué appelant à faciliter l’accès des candidats aux documents nécessaires pour le dépôt de leurs candidatures. 

Concernant le candidat-président Kaïs Saïed, et dans le cadre de la préparation de son dossier de candidature, il a déposé jeudi 1er août la caution due à la Trésorerie générale. Il a déclaré à cette occasion qu’il n’a pas accepté de financement public ni auparavant ni maintenant et qu’il n’acceptera non plus aucun financement de qui que ce soit, déclaration relayée par l’agence TAP. 

Le Président Saïed n’a cessé ces derniers jours de multiplier les sorties médiatiques pour appeler à améliorer le transport public, en rencontrant la ministre des Transports, recommander la régularisation de la situation des enseignants temporaires au ministre de l’Education. C’est dire qu’il essaie d’envoyer des messages pour dire qu’il est conscient des problèmes du pays. Les Tunisiens attendent impatiemment la résolution de ces tracas et d’autres touchant la cherté de la vie, la prise en charge sanitaire, la distribution des eaux, etc. Le Tunisien lamda aspire à réaliser un peu des espoirs nés un certain 14 janvier 2011 et qui n’ont pas été résolus depuis.

 

Tunis 
De notre bureau  Mourad Sellami
 

 

 

Arrestation de Sihem Ben Sedrine

L’ancienne présidente de l’instance «Vérité et Dignité», Sihem Ben Sedrine, a été arrêtée jeudi 1er août 2024, selon le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, dans une déclaration à Mosaïque Fm. Un mandat de dépôt a été émis contre Ben Sedrine par le premier juge d’instruction du pôle judiciaire économique et financier, à la suite d’une enquête ouverte sur la base d’une plainte déposée depuis 2020 par Ibtihel Abdellatif, membre de l’instance Vérité et Dignité. La plainte concernée porte sur des préemptions de falsification du rapport final de l’instance en lien avec le dossier des compensations à devoir verser par l’Etat tunisien à l’un des actionnaires de la Banque franco-tunisienne, dissoute depuis des décennies. Ledit rapport a reconnu les compensations à trois milliards de dinars (900 millions d’euros). Sihem Ben Sedrine est par ailleurs visée par plusieurs autres plaintes, déposées notamment par d’anciens membres de l’instance.
M. SellamI

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