Coincées par l’augmentation effrénée du prix du bitume d’une part et des contrats non révisables de l’autre, plusieurs entreprises de travaux publics de la wilaya de Sétif employant plus de 3000 travailleurs voient rouge.
Ne sachant plus où donner de la tête, les sociétés en charge d’innombrables routes et infrastructures dans la wilaya risquent de mettre la clé sous le paillasson. Si les pouvoirs publics n’interviennent pas, la force vive du secteur, lourdement impacté par la crise sanitaire, risque de disparaître.
Pour des patrons de sociétés, la situation financière est intenable. «L’augmentation sans fin de la tonne du bitume passant de 60 000 DA (hors taxes) à 106 000 DA, sans le transport, met en péril les équilibres financiers de nos sociétés risquant du jour au lendemain la faillite. Nous sommes à deux pas du dépôt de bilan. Avec des prix non révisables et des matières premières hors de portée, on ne va pas honorer nos engagements. Dans pareilles conditions, on ne va pas terminer les projets devenus de véritables gouffres financiers», soulignent des chefs d’entreprises très inquiets pour leur outil de travail.
Ne manquant pas d’argumentaires, nos interlocuteurs, forts d’une expérience de plus de 25 ans et d’une qualification entre la catégorie 7 et 9, ont gros sur le cœur. «La situation est plus que critique. Tout a augmenté sauf nos prix. Il faut savoir que le prix de revient d’un kilomètre passe de 12 millions à 20 millions de dinars. Personne n’est en mesure de supporter une telle différence. Mettant en évidence les clauses du contrat conclu avec des prix fermes, l’administration n’a pas les coudées franches. N’ayant pas le choix, on est contraint d’abandonner de nombreux projets. On ne peut travailler à perte. Ayant en charge un ouvrage d’art, l’entreprise qui payait le rond à béton à 6000 DA le quintal, débourse aujourd’hui 17 000 DA. Le prix d’un mètre de PVC de 20 cm de diamètre passe de 700 DA à 1750 DA. Nos charges et factures explosent. Fragilisées par la crise sanitaire, des entreprises ont mis les clés sous la porte», fulminent nos interlocuteurs.
Coincés entre le marteau et l’enclume, les opérateurs économiques demandent l’intervention urgente des pouvoirs publics. «Afin d’éviter la résiliation générant la perte de temps et de l’argent, nous préconisons la mise en place d’un avenant. Imprévisible et indépendante de la volonté des deux parties, une telle situation exige des solutions exceptionnelles. Pour l’intérêt général, il serait préférable d’actualiser le Code des marchés publics. La résiliation n’est profitable pour personne. Pour la sauvegarde de l’outil de production locale ayant fait ses preuves, nous sollicitons l’arbitrage des plus hautes instances de l’État et à leur tête le président de la République», précisent des chefs d’entreprises ne sachant à quel saint se vouer.