Travaux de l’Assemblée générale de l’ONU sur les mesures illégales prises par Israël : Vers une résolution mettant fin à l’occupation israélienne

18/09/2024 mis à jour: 02:45
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Le πremier ministre israélien Benyamin Natanyahu va passer un sale temps à l'ONU - Photo : D. R.

L’Assemblée générale de l’Onu a repris hier les travaux de sa dixième session extraordinaire d’urgence, consacrés 
aux mesures illégales prises par Israël dans les Territoires palestiniens occupés.

Réunis hier, lors d’une session (la 10e) extraordinaire d’urgence, les Etats membres de l’Assemblée générale de l’Onu ont débattu un projet de résolution, exigeant d'Israël la fin de l’occupation des Territoires palestiniens, dans un délai de 12 mois.

Une mesure qui intervient après l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’Onu, rendue le 26 juillet dernier, à la demande par l’Assemblée générale, jugeant que «les politiques et pratiques d’Israël dans ces territoires, définis comme une seule unité territoriale comprenant la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Ghaza», ne sont pas conformes à la loi internationale, de ce fait Israël a été sommé de «mettre fin à sa présence dans les Territoires palestiniens occupés dans les plus brefs délais (…), et de réparer les dommages causés à toutes les personnes morales et physiques concernées».

Pour ce qui est des modalités de la fin de l’occupation israélienne des Territoires palestiniens avec évacuation de tous les colons, a estimé la Cour, elles relèvent de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l’Onu. 

Fort de cet avis, le représentant de la Palestine, et dès le vote pour son admission pleine à l’Onu (par 143 voix pour, 9 contre, 25 abstentions), a déposé un projet de résolution pour mettre ce dernier en exécution et demandé la convocation d’une «session spéciale et urgente» de l’Assemblée générale, à la veille de la réunion annuelle de haut niveau, à laquelle prendront part des chefs d’Etat et de gouvernement.

Par ce projet de résolution, l’Etat de Palestine «exige qu’Israël s’acquitte sans délai de toutes les obligations juridiques énoncées par la Cour internationale de justice» et «l’Assemblée générale, se féliciterait notamment de l’avis consultatif rendu par la CIJ le 19 juillet 2024 en ce qui concerne les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de l’illicéité de la présence d’Israël dans ce territoire», a déclaré le président de la séance à l’ouverture du débat.

Il prévoit «le retrait des forces israéliennes des Territoires palestiniens de 1967, dans les 12 mois qui suivent son adoption», mais aussi «l’arrêt des nouvelles colonies, la restitution des terres et propriétés saisies», ou encore «la possibilité de retour des Palestiniens déplacés et la mise en place d’un mécanisme international de réparation de tous les dommages, pertes ou blessures résultant des actes arbitraires d'Israël en Territoire palestinien occupé».

Lors de son intervention, l’ambassadeur de l’Etat de la Palestine, Riyad Mansour, a fait une introduction émouvante, rappelant à l’Assemblée générale la situation désastreuse dans laquelle se trouve son pays, particulièrement Ghaza. «Ce qui se passe aujourd’hui à Ghaza pourrait bien être le dernier chapitre de la tragédie endurée par le peuple palestinien, ou bien le premier chapitre d’une réalité encore plus tragique pour notre région.

Nous ne sommes pas un peuple de trop. Nous ne sommes pas un problème.  Nous voulons vivre dans la liberté, la souveraineté, la dignité, la paix et la sécurité sur notre terre ancestrale.» Le représentant palestinien a exhorté les Etats membres de l’Onu à «ne pas sacrifier le droit international sur l’autel de calculs politiques froids et irresponsables», ajoutant : «Pas de parti pris. Pas de deux poids deux mesures. Pas d’exceptionnalisme.»

«Douloureuse vérité»

L’ambassadeur d’Israël n’a pas pris de gants pour répondre de manière violente au projet de résolution de l’Etat de Palestine, qualifié d’ailleurs de «terrorisme politique». Il a déclaré que «cette résolution est du terrorisme diplomatique qui vise à détruire des ponts», en soulignant que «l’époque où le sang juif pouvait couler en toute impunité est révolue». 

Les débats se sont poursuivis jusqu’en fin de journée, et le projet de résolution risque d’être voté tard dans la soirée ou aujourd'hui, si le nombre des intervenants est important. Moins de 24 heures de cet événement, et lors d’une réunion du Conseil de sécurité, les experts onusiens ont dressé un tableau noir de la situation humanitaire aussi bien à Ghaza qu’en Cisjordanie, avant d’appeler à l’exécution de la résolution du Conseil 2720/2023, qui exige d'Israël, «un accès urgent, large et sans entraves de l’aide humanitaire» à Ghaza.

Lors de son intervention, la coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction à Ghaza, Sigrid Kaag, a rendu compte des travaux de l’équipe du mécanisme prévu par la résolution 2720 sur les questions d’accès humanitaire à Ghaza, ainsi que sur les solutions potentielles pour surmonter les obstacles politiques et opérationnels.

Tout en condamnant les attaques armées contre les convois humanitaires, elle a qualifié ces actes d'«inacceptables», faisant remarquer que «même dans les pires circonstances, s’il y a volonté politique, l’action humanitaire reste possible» et en misant «plus sur l’Unrwa» qui, selon elle, représente «l’ossature des actions humanitaires à Ghaza». Revenant sur son travail, Mme Kaag a «assuré poursuivre» son travail «pour l’approvisionnement de Ghaza en passant notamment par l’Egypte ou Chypre», précisant toutefois que «les systèmes en place ne sauraient remplacer une volonté politique nécessaire pour atteindre les civils».

Pour l’Algérie aussi,  «la douloureuse vérité» est que «le mécanisme 2720 n’a pas eu le résultat escompté. Bien plus, a déclaré le représentant de l’Algérie, les acheminements quotidiens ont même diminué depuis l’adoption de la résolution». Il a déploré la mort de six membres de l’Unrwa dans des frappes aériennes israéliennes, qui, selon lui, constituent «une preuve de la grave érosion des normes du droit international».

Il a rappelé les 240 humanitaires de cette agence tués par Israël à Ghaza, avant que le représentant de la Chine ne salue «le travail qu’elle continue à effectuer» et de la présenter comme étant un «pilier de l’action humanitaire dans l’enclave». Réagissant à son tour, le représentant de l’Etat hébreu a déclaré, toute honte bue, que les frappes du 11 septembre, qui ont tué les six humanitaires de l’agence onusienne, «ont ciblé des terroristes opérant à l’intérieur d’un bâtiment qui était, avant, une école (…)» et «permis d’éliminer trois terroristes.

Le jour, ils travaillaient à l’Unrwa, la nuit pour le Hamas». La déléguée américaine a qualifié les attaques contre le personnel humanitaire d'«injustifiables», avant de préciser : «Les forces israéliennes sont professionnelles et savent ce qu’elles font ; elles doivent changer leur façon d’opérer.» Et de déclarer à propos de la militante turco-américaine assassinée d’une balle dans la tête par un militaire israélien : «Nous réclamerons des détails à Israël, ainsi que la vérité.» 
Il est à signaler que la majorité des autres intervenants ont exprimé leur inquiétude sur l’avenir de Ghaza et de la reconstruction. Nous y reviendrons dans notre édition de demain.  

 

 

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