Après plus de onze mois de guerre génocidaire contre la population de Ghaza et de destructions massives, la Ligue arabe a enfin décidé de prendre des mesures contre Israël.
Réunis au Caire mardi dernier, les ministres des Affaires étrangères arabes se sont mis d’accord pour «prendre des mesures» à même de «geler la participation» de l’entité sioniste aux travaux de l’Assemblée générale de l’Onu, du fait de son «incapacité à adhérer aux buts et principes de la Charte des Nations unies, de sa menace à la paix et à la sécurité internationales et son incapacité à remplir ses obligations qui constituaient une condition pour accepter son adhésion à l’ONU».
C’est ce qui ressort du communiqué final, rendu public en fin de journée par le Conseil des ministres des Affaires étrangères. A ce titre, le groupe des ambassadeurs arabes au siège des Nations unies à New York «a été chargé de soumettre une demande de gel de la participation de l’entité sioniste», au président de l’Assemblée générale de l’Onu et, à travers lui, à la commission de vérification des pouvoirs qui sera formée au début de la session.
Les ministres des Affaires étrangères arabes ont exprimé leur volonté d’œuvrer «à mobiliser le soutien international nécessaire pour concrétiser cet effort, notamment en s'appuyant sur l'avis consultatif historique rendu par la Cour internationale de justice le 19 juillet 2024», qui a mis l’accent sur la «nécessité pour la communauté internationale de prendre des mesures concrètes en vue de mettre un terme aux violations israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés».
Lors de son intervention, le secrétaire général de l’organisation, Ahmed Aboul Gheit, a affirmé que le Premier ministre israélien n’est «pas disposé à accepter un cessez-le-feu à Ghaza» mais, a-t-il ajouté, «il n’y a pas d’autre choix que d’arrêter la guerre».
Durant cette réunion, à laquelle ont pris part le ministre turc des Affaires étrangères, le chef de la politique étrangère de l’UE, Joseph Borell, le commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, et la coordinatrice principale de l’aide humanitaire et de la reconstruction pour Ghaza auprès de l’Onu, Sigrid Kaag, Abou Al Gheit a déclaré : «Je le dis franchement, les grandes puissances ne semblent pas vouloir exercer de pression sur l’occupant et ne se montrent pas capables de mettre fin à cette violence et cette brutalité (…).» Intervenant à son tour, Lazzarini n’a pas manqué de rappeler que les Palestiniens de Ghaza «subissent une catastrophe humanitaire sur tous les plans», en ajoutant que «cette crise n’affecte pas que les Palestiniens, elle nous touche tous».
La demande du gel de la participation d'Israël aux travaux de l’Assemblée générale de l’Onu rejoint en réalité la démarche algérienne, adoptée depuis des mois, pour réclamer des sanctions contre Israël. Au mois de mars 2024, lors d’une réunion de la Ligue arabe, Ahmed Attaf avait appelé ses homologues arabes à agir au sein de l’Assemblée générale de l’Onu pour imposer le gel de l’adhésion d'Israël au sein de l’Organisation et plaidé pour une série d’autres sanctions pour mettre un terme à la machine de guerre israélienne contre Ghaza.
Le chef de la diplomatie algérienne a évoqué trois niveaux de priorité face à cette guerre génocidaire. «Le premier s’impose à la Ligue arabe, tenue de prendre des mesures pratiques et d’intensifier nos efforts collectifs pour arrêter le génocide et mettre un terme aux crimes multiformes commis par l’armée d’occupation.
Le deuxième impose la nécessité pour la communauté arabe de relancer séance tenante, de manière impérative, la contribution effective pour briser le mur d’immunité dont a toujours bénéficié l’occupant, qui profite de manière exclusive d’un régime spécial d’avantages, de privilèges et d’exceptions dont nul autre ne bénéficie.»
Tout en appelant à la rupture des relations avec Israël, Attaf a expliqué que le troisième niveau de priorité «est lié à la nécessité de renforcer les perspectives d’une solution politique et de battre en brèche toute thèse de l’occupant sioniste sur l’avenir des Palestiniens à Ghaza».
«Face aux thèses sionistes sur ''Ghaza d’après-guerre'', la position arabe doit mettre l’accent sur trois constantes et règles fondamentales incontournables : en premier lieu, le seul avenir pour Ghaza est celui déterminé par les Palestiniens eux-mêmes (…), l’avenir de Ghaza n’est pas celui que l’occupant veut façonner à sa guise pour servir ses propres intérêts. Son avenir est celui qui passe par la légalité internationale, accélère la relance du processus d’une paix globale, juste et définitive pour le conflit arabo-israélien qui réponde à la revendication nationale légitime du peuple palestinien».