Transport maritime : Les travailleurs de Cnan-Nord mécontents de la gestion du secteur

06/09/2022 mis à jour: 02:45
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C’est une situation «intenable» que les travailleurs de la compagnie publique de transport maritime de marchandise, CNAN-Nord, ont dénoncée dans un courrier adressé à la tutelle, la veille d’un sit-in de protestation du personnel navigant et sédentaire, prévu hier devant le siège du groupe Gatma (Groupe algérien de transport maritime), à Alger, mais annulé à la dernière minute.

 Dans sa longue lettre adressée à la présidente de Gatma et aux plus hautes autorités, le secrétaire général du syndicat, Khiri Bensouna, n’y va pas avec le dos de la cuillère pour réclamer «en urgence» une bouée de sauvetage nécessaire à CNAN-Nord, dont la flotte composée de sept navires, est immobilisée (deux détenus à l’étranger, et cinq autres à l’arrêt en Algérie), alors que son personnel n’a pas perçu son salaire depuis 5 mois. 

Dans cette lettre, le représentant des travailleurs commence par rappeler à la présidente de Gatma ses «nombreux appels et rappels» de courriers «d’interpellation» sur la situation «alarmante dans laquelle est en train d’agoniser la compagnie faute d’une stratégie globale suffisante managériale accentuée par un très faible encadrement dépourvu de compétence nécessaire pour la gestion et la mise à niveau d’un secteur hautement stratégique». 

Le représentant des travailleurs reproche au destinataire de sa lettre «l’absence d’un plan d’action élaboré, le faible déploiement des fonctions de soutien indispensables à l’accompagnement des filiales», puis fait le constat d’aujourd’hui : «Des filiales du groupe lourdement endettées et complètement déficitaires qui nécessitent une action urgente en raison de leur santé financière sous pression significative. Il y a des doutes sur les capacités des filiales à poursuivre leurs opérations sans aides de l’Etat.» 

Le secrétaire général du syndicat de CNAN-Nord rappelle avoir attiré l’attention des gestionnaires de la compagnie quant aux facteurs exogènes et endogènes ayant participé à son déclin, tout en signalant que sa trésorerie ne garantissant pas sa solvabilité et par conséquence son incapacité d’assurer le versement des salaires de ses travailleurs. 
 

«Réflexion globale»
 

Il rappelle aussi sa sollicitation pour une mise en place «d’une réflexion globale approfondie pour entreprendre dans les plus brefs délais les démarches nécessaires, faute de quoi les filiales du groupe se retrouvent face au plan d’ajustement structurel dont la conséquence directe est la fermeture des entreprises et le licenciement des travailleurs. Une situation qui fait le bonheur de nombreux concurrents et menace sérieusement la pérennité du pavillon national». 

Le syndicat constate «avec regret» que la flotte de CNAN-Nord, avec ses sept navires, est totalement immobilisée dans des ports algériens et étrangers, «pour des causes multiples, mais dont les conséquences sont négatives sur la souveraineté économique du pays». Il s’insurge contre ce qu’il qualifie de «ségrégation appliquée par l’employeur dans le versement des salaires des employés», en précisant : «Le personnel embarqué à bord des navires Timgad et Sedrata, détenus par les autorités belges, au port d’ Anvers, est régulièrement rémunéré et perçoit en plus l’allocation devise, tandis que les marins embarqués sur les cinq navires immobilisés en Algérie ainsi que le personnel sédentaire n’ont pas perçu leurs salaires depuis le mois de mars dernier. Nous considérons ce manquement par l’employeur CNAN-Nord comme une violation manifeste de son obligation légale de paiement des salaires dans les délais. 

Cette distinction concernant le versement des salaires à une catégorie des travailleurs et non pas à une autre est réprimée par la loi et crée la discorde entre le personnel de l’entreprise». Le secrétaire général du syndicat exprime son souhait d’éviter la confrontation avec l’employeur : «Néanmoins l’urgence d’une intervention nous recommande de vous interpeller pour vous rappeler les graves dérives que connaît le secteur et particulièrement CNAN-Nord depuis trois années et qui la précipitent de plus en plus dans un irréversible chaos.» Khiri Bensouna conclut son courrier en qualifiant sa lettre de «cri du cœur pour alerter la tutelle et les pouvoirs publics sur les dangers qui risquent d’être très dommageables pour le secteur maritime et par conséquence pour l’économie nationale». 

C’est «une action ultime», déclare Bensouna, pour «trouver une sortie de crise». Dans le cas contraire, ajoute-t-il, il faut s’attendre à des réactions imprévisibles des centaines de travailleurs, «excédés par des mois sans salaires et un avenir sombre pour eux et leurs familles». 
 

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