L’Algérie ambitionne de renforcer sa présence dans le secteur du transport maritime grâce à une stratégie de modernisation et d’expansion ambitieuse portée par le Groupe algérien de transport maritime (Gatma).
C’est du moins le principal message adressé par Mohamed Tayeb Aboud, PDG du groupe, lors de son passage à l’émission «l’invité du morning» d’Echorouk News TV. Plusieurs axes de développement ont été mis en avant, mettant en lumière les défis et opportunités du secteur.
Le Gatma, l’un des quatre groupes sous la tutelle du ministère des Transports, chapeaute neuf entreprises spécialisées dans le transport maritime de marchandises et de passagers, ainsi que dans la réparation de navires. Il a des filiales aussi en Italie et en Belgique.
Actuellement, la flotte du Groupe comprend 12 navires de marchandises pouvant transporter 110 000 tonnes et environ 11 000 conteneurs, ainsi que 4 navires de passagers d’une capacité allant de 1300 à 1800 passagers et jusqu’à 630 véhicules. Le navire le plus récent, Badji Mokhtar III, qui est «à l’arrêt technique pour maintenance préventive», illustre cette dynamique avec sa capacité de 1800 passagers et 630 véhicules. On dénombre actuellement un total de cinq compagnies de transport des voyageurs au niveau du port d’Alger : Entmv, la compagnie française Corsica Linea, l’espagnole Baleària et la compagnie algérienne privée Nouris El Bahr Ferries.
Une nouvelle compagnie maritime algérienne de transport des voyageurs devrait bientôt entamer ses activités. Avec ces compagnies, le secteur du transport maritime semble amorcer une phase de modernisation et de diversification, répondant ainsi à une demande croissante en matière de liaisons maritimes internationales.
Dans le cadre de son expansion, annonce Mohamed Tayeb Aboud, «il est prévu l’acquisition de trois nouveaux navires, deux navires de type Panamax pour le transport de marchandises (capacité de 50 000 à 65000 tonnes), en collaboration avec l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et un navire de type Port Container Feeder, destiné à répondre à la demande croissante du transport de conteneurs, qui représente 2 millions d’unités transitant par l’Algérie chaque année».
Il s’agit de mettre le paquet sur l’importation et l’exportation d’excédents de céréales, comme le blé, ainsi que pour les exportations du minerai de fer de Gara Djebilet. Du côté du transport des voyageurs, «deux nouveaux navires seront acquis afin d’améliorer les capacités et le confort des clients, avec des services modernes, tels que l’internet à bord en collaboration avec Algérie Télécom».
Un pavillon algérien plus compétitif
Le marché du transport maritime entre les deux rives de la Méditerranée est estimé à 2 millions de passagers par an. Le Gatma détient actuellement 60% du marché, transportant 500 000 passagers chaque année. L’objectif est de consolider cette position et de capter 20% du marché du transport de conteneurs en Méditerranée.
Pour répondre aux normes internationales et aux exigences environnementales, le Gatma investit dans la modernisation de sa flotte. Le navire Tarik Ibn Ziyad sera ainsi rénové pour «réduire ses émissions de soufre à moins de 0,5% d’ici fin 2025». Par ailleurs, les nouveaux navires seront dotés de moteurs fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL) ou à l’hydrogène, réduisant ainsi leur empreinte environnementale.
L’un des objectifs majeurs est également d’améliorer le classement des navires algériens afin qu’ils figurent sur la liste blanche de l’Organisation maritime internationale (OMI). Cette reconnaissance réduirait les coûts d’assurance et d’exploitation, renforçant la compétitivité du pavillon national.
En outre, l’invité du morning a parlé du projet de développement d’un chantier naval à Arzew (Oran). Avec un bassin de 300 mètres de long et 60 mètres de large, «il permettra l’entretien et la réparation des grands navires, réduisant ainsi la dépendance aux infrastructures étrangères».
Le groupe mise sur une politique tarifaire attractive. Des réductions de 50 à 60% «sont à l’étude» pour le Ramadhan et la saison estivale pour faciliter les voyages de la diaspora algérienne. De plus, une plateforme de réservation a été mise en ligne, simplifiant l’achat des billets. Malgré ces avancées, le groupe doit surmonter certains défis.
La pénurie de spécialistes en maintenance maritime constitue un obstacle majeur, notamment pour l’entretien des moteurs.
En parallèle, la concurrence avec les compagnies étrangères impose une amélioration constante des prestations. Avec des lignes maritimes déjà établies vers Marseille, Sète, Barcelone, Alicante Gênes et Alméria, il n’est pas prévu d’ouverture de nouvelles destinations, mais plutôt de travailler dans le sens de l’optimisation des services existants.