Les deux périodes d’enregistrement, communément appelé periodes de transferts, fixées l’une avant le début de la saison et l’autre avant le début de la seconde partie de la saison, sont des moments très prisés par des catégories d’individus, officiels de football et vrais-faux agents de joueurs, qui profitent du marché de transferts pour faire des emplettes et gonfler leurs comptes en banque. Cette année encore, la fièvre des transferts de joueurs fait rage. Tout ce qui bouge est à vendre.
Le joueur devient une marchandise que tout le monde cherche à vendre. C’est une jungle avec ses codes. L’informel bat son plein au su et vu de tout le monde.
Ceux qui ont qualifié le football algérien d’auberge espagnole ne se sont pas trompés. L’argent coule a flots et aiguise les appétits insatiables de charognards de tous poils. La fédération impuissante, ou ne voulant pas s’impliquer pour mettre de l’ordre dans ce domaine, porte une lourde responsabilité dans ce qui se passe durant les deux mercatos de la saison. Il n’a jamais été affiché une ferme détermination pour combattre et éradiquer le phénomène qui peut être qualifié de vol organisé.
Plantons le décors. A l’approche de l’ouverture du marché des transferts, la scène du football s’anime. Les acteurs se mettent en ordre de bataille. Ils jouent à qui sera derrière le plus de transferts. Les premiers courtisés sont les présidents de club et les entraîneurs. Des intermédiaires que les règlements du football interdisent d’activité, se retrouvent en première ligne pour « placer» des joueurs.
Avec l’aide de certaines pages des réseaux sociaux ils mettent la pression sur les concernés pour faire signer «leurs joueurs ou entraineurs». Des présidents et entraîneurs placés sous la coupe d’influenceurs ne ruent jamais dans les brancards. En contrepartie d’une paix négociée, ils cèdent et recrutent des joueurs sur les précieux conseils prodigués par les intermédiaires. Il arrive souvent que les transferts soient bouclés avant le recrutement d’un coach. Ce type de démarche facilite la tâche pour tout le monde.
Chacun trouve son compte. L’intermédiaire encaisse un mois de salaire sur un transfert. Normalement, seuls les agents détenteurs d’une licence FIFA sont autorisés et reconnus par la FAF, ouvrent droit à une commission sur les transferts. Qu’à cela ne tienne. Les intermédiaires sollicitent de vrais agents de joueurs pour leur vendre leur label juste le temps pour valider le transfert du joueur sous leur identité et ensuite se partager la prime.
Cela se passe avec la double complicité du joueur transféré et du vrai agent de joueur qui «prête» son nom et sa qualité pour que la transaction aboutisse. La fédération ne devrait-elle pas s’intéresser de près à ce sordide marché de dupes ? Aujourd’hui on comprend mieux pourquoi la direction du contrôle financier (DCF), pourtant contenue dans les textes, n’a jamais vu le jour. Cette situation arrange beaucoup et, surtout, facilite l’intrusion de rapaces attirés par le gain facile. L’assainissement du football passe obligatoirement par l’élimination de la faune qui se gave durant les périodes d’enregistrements.
Ne parlons pas des sommes colossales dépensées lors des transferts avec des marges confortables distribuées aux vrais-faux agents de joueurs qui touchent des commissions auxquelles ils n’ouvrent pas droit, selon la loi. L’ouverture d’une enquête sérieuse sur ce sujet s’impose. Derrière les rideaux, des dizaines de personnes, tout bords et professions confondus, se sucrent d’une activité qui n’est pas la leur. Elles se reconnaitront facilement.
Le moment est venu pour assainir définitivement la situation et traîner devant les juridictions compétentes tous ceux qui agissent en dehors de la loi. Les vrais agents de joueurs FIFA qui prêtent leur nom à ce trafic doivent êtres punis. Tout comme les joueurs qui «offrent» un mois de leurs salaires aux faux agents. En ces temps de pré-ouverture de la saison footballistique, des salons de chicha ne désemplissent pas en soirée. Les maquignions du football «vendent» des joueurs à bout de bras aux clubs avec la complicité de dirigeants pas du tout désintéressés d’éventuelles rétrocommissions dans chaque transfert réalisé.
Résultat des courses, le niveau du championnat de Ligue 1 vole toujours au ras des pâquerettes sans réel espoir d’un retour sur investissement. C’est pourquoi le football national reste, et pour longtemps encore, un tonneau des Danaïdes. Les transferts de joueurs est un marché de dupes.