Après la leçon de la guerre en Ukraine, l’Europe ne veut plus dépendre d’une seule source d’approvisionnement en GNL, ni la Russie ni les Etats-Unis. La diversification des ressources est la solution choisie par le vieux continent afin de ne plus tomber dans la crise énergétique.
«Ayant fait l’expérience des dangers de la sécurité de l’approvisionnement énergétique en dépendant trop d’une seule source, l’Europe doit tirer les leçons de ses erreurs passées et éviter de devenir trop dépendante des Etats-Unis, qui ont fourni près de la moitié de ses importations de GNL l’année dernière», souligne Ana Maria Jaller-Markarewicz, analyste en chef de l’énergie pour l’Europe à l’IEEFA, Institute for Energy Economics and Financial Analysis.
Une nouvelle étude de cet institut, publiée hier, révèle que l’Europe a pu résister à l’étranglement énergétique occasionné par la guerre en Ukraine en diversifiant ses achats auprès de différents fournisseurs et même si l’UE veut favoriser les énergies propres, sa demande de GNL demeure stable.
Malgré une baisse de 20% de la consommation enregistrée l’année dernière, les pays européens continuent de construire de nouvelles infrastructures de GNL. «Huit terminaux d’importations ont été mis en service depuis février 2022, et 13 autres projets devraient être opérationnels d’ici 2030», indique l’étude en notant que cela signifie que la «capacité combinée des terminaux GNL européens pourrait être trois fois supérieure à la demande de GNL prévue d’ici la fin de la décennie».
Cela pourrait également signifier que le vieux continent continuera de miser sur le GNL comme source énergétique indispensable, malgré les projections de baisse de la demande, comme le soutient l’AIE. Depuis février 2022, l’Europe, indique la même étude, a ajouté 53,5 milliards de mètres cubes de nouvelle capacité de regazéification du GNL.
Et même si huit des 37 terminaux d’importation européens ont enregistré des taux d’utilisation inférieurs à 50% l’année dernière, il reste que 94 milliards de mètres cubes supplémentaires de capacité d’importation de GNL, nouvelle ou élargie, sont en cours de planification et devraient être opérationnels d’ici 2030, rapporte la même source.
Cela portera la capacité de l’Europe en matière de GNL à 405 milliards de mètres cubes. Malgré la baisse en 2023 de la consommation européenne en GNL à son plus bas niveau depuis 10 ans, l’Europe demeure un consommateur de cette ressource énergétique. La baisse des expéditions russes via gazoduc a été compensée par une hausse des approvisionnements en GNL venant de la République fédérale de Russie.
Entre 2021 et 2023, l’offre GNL russe à l’Europe a même augmenté de 11%, alors que les expéditions vers l’Espagne ont doublé et celles vers la Belgique ont plus que triplé. L’Espagne, la France et la Belgique ont reçu 80% des importations de GNL russe en Europe en 2023. La baisse de consommation a surtout concerné l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Italie.
Le niveau de la consommation européenne de GNL en 2023 était de 450 milliards de mètres cubes contre 472 mds de mètres cubes en 2014, indique l’IEEFA.
Les ventes de GNL à l’Europe pour 2022 et 2023 se sont élevées à plus de 170 mds d’euros, dont 75,15 mds d’euros pour le GNL américain, 23,84 mds d’euros pour le GNL russe et 23,8 mds d’euros pour le GNL du Qatar.
«En volume, les ventes de GNL sont restées stables d’une année sur l’autre entre 2022 et 2023», précise la même étude, en notant que même si le pic de la consommation serait atteint en 2025, l’Europe continue d’augmenter ses capacités de stockage de GNL.