L’infrastructure, «pensée» à l’époque de la «îssaba», a coûté pas moins de 500 milliards de centimes, les équipements autant.
Sauf que ce centre de lutte contre le cancer, deux ans après son inauguration, est loin d’offrir les services attendus par les décideurs et la population de sept wilayas de l’ouest du pays.
En 2019, le centre, qui est régional puisqu’il doit accueillir des patients des wilayas de Tlemcen, Tiaret, Mostaganem, Relizane, Aïn Témouchent, Tissemssilt et El Bayadh, est quasiment à l’arrêt. Il a suffi d’une lettre d’un médecin pour que la réalité soit dévoilée sur cette infrastructure qui a longtemps tenu en haleine les citoyens avant son ouverture en fanfare, dans le sens où les travaux avaient enregistré un énorme retard (d’énormes réserves sur un projet construit sur une terre fertile).
Cet hôpital, qui a accueilli 1107 cancéreux en 2019, n’a accueilli, depuis le début de 2022, que… 19 patients ! Le plus étonnant, 7 médecins seulement sont en fonction pour une structure prenant en charge des malades d’une région de plus de dix millions d’habitants.
Mais, ce n’est pas incompréhensible quand on connaît les causes. Si l’on se fie aux révélations du médecin précité, il y a d’abord les coupures d’électricité récurrentes qui paralysent les séances de soins, la non-utilisation du dispositif de conversion des émissions de gaz toxiques, ce qui représenterait un réel danger pour les malades et les personnels de l’hôpital, les perturbations des lignes électriques reliées au service de radiologie, pas de contrat de maintenance instantanée...
Au fait, selon des sources sur place, le centre régional anti-cancer ne fonctionnerait actuellement qu’à 10% de ses capacités. Suite à une visite à cette structure, Youcef Benkaâba, avocat et militant des droits de l’homme, estime que «la gestion actuelle de ce centre n’est bénéfique ni pour les patients, encore moins pour la tutelle.
Il faut un suivi et un entretien par cette dernière. Nous avons constaté, lors de notre visite, que ce centre vit des problèmes administratifs sérieux que tous les walis qui se sont succédé n’ont pas réussi à résoudre. Je m’interroge, comment un hôpital régional de cette envergure est sous la tutelle du CHU de Tlemcen, sans budget, ni indépendance de gestion ?
C’est aberrant ! Nous avons constaté que des spécialistes refusent de se déplacer du CHU au centre pour les auscultations pour diverses raisons dont l’absence du transport, une carence qui décourage aussi les fonctionnaires et les personnels médical et para médical.
Nous interpelons le ministère, le wali et la société civile à se mobiliser pour trouver des solutions urgentes à cette situation désolante !»